Le Confucianisme

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Le confucianisme n'est pas une religion à proprement parler, mais un vaste système philosophique et sociopolitique dont les rites remontent à la période Zhou, très ancienne dynastie chinoise (11ème – 3ème siècle av. notre ère). Confucius (Gong-ja 공자 en coréen, 551 – 479 av. J.C.), le premier est le plus important philosophe d'Extrême-Orient, divise la société en 5 types de relations hiérarchiques – seigneur/maître, parent(s)/enfant(s), mari/femme, aîné/cadet, ami/ami – caractérisées par les actes bienveillants des premiers, et la loyauté des seconds. Cette «grille» relationnelle sophistiquée explique pourquoi la langue coréenne utilise tant de termes et de formules pour indiquer la distance ou la proximité sociales. Confucius voit dans l'hommage rituel aux ancêtres l'expression de l'amour filial.

L'accomplissement de ces rites, l'écoute de la musique savante, et l'étude de la littérature philosophique classique concourent aux progrès de la morale personnelle – une morale impliquant que la nature humaine est bonne par essence et nécessite que d'être éduquée pour s'affiner et se développer.

Avec l'avènement de la dynastie Han au 3ème siècle av. J.C, le confucianisme devient religion d'Etat. L'administration et sa bureaucratie sont nourries par la pensée politique confucéenne, des écoles voient le jour afin de former une nouvelle génération de fonctionnaires lettrés, et un système d'examens se met en place, jugeant les candidats selon leur mérite. Ce modèle de gouvernement confucéenne va se perpétuer pendant deux millénaires.

Au 4ème siècle, les différents royaumes coréens s'imprègnent des apports de la civilisation chinoise au cours d'un processus appelé sinisation, où le bouddhisme et le confucianisme cohabitent en un même héritage culturel. En franchissant les frontières chinoises, le confucianisme exerce son influence sur trois plans : politique, culturel et social. L'aspect politique touche à l'administration, tandis que l'impact cultuel concerne d'abord l'éducation, la constitution d'archives historiques, et l'utilisation d'un système d'écriture. Ce seront là les traits essentiels du confucianisme en Corée jusqu'à la fin du 14ème siècle. Jusque-là, bouddhisme et confucianisme se complètent et coexistent en parfaite harmonie, le premier traitant des domaines religieux et au réel. Mais en prenant son essor, le néoconfucianisme, fortement impliqué dans les questions comme l'origine et la nature de l'Univers, va entrer en conflit ouvert sur le bouddhisme, accusé d'entretenir la superstition. Les lettrés de la période Joseon créent un nouveau modèle de société confucéenne, éliminant toute tendance déviante, pensée non orthodoxe et croyance superstitieuse.

Lorsque les Mandchous conquièrent la Chine au 17ème siècle, l'élite coréenne confucéenne estime que la péninsule demeure le dernier bastion de la civilisation extrême-orientale – certitude qui les conduira à tenter d'éradiquer l'église catholique à partir de la fin du 18ème siècle.

De nos jours, le confucianisme ne bénéficie plus du soutien explicite de l'Etat, mais son influence social demeure manifeste. Le strict respect de hiérarchies familiale et sociale – anciens, parents, professeurs ou dirigeants d'entreprises – témoigne de cette permanence. Les églises chrétiennes se sont même adaptées à la culture confucéenne, en instaurant par exemple des services funéraires à l'intention des parents défunts.

Son importance est également visible dans les sanctuaires et autels qui subsistent de nos jours, comme Sajikdan (사직단) (parc de Sajik 사직, à l'ouest du Gyeongbokgung (경복궁), consacré aux esprits des céréales et des moissons, ou le majestueux Jong-Myo (종묘), qui accueille les hommages aux ancêtres de la famille royale.

Sanctuaires Confucéennes :

Deux fois par an, des cérémonies rendent hommage à Confucius et à ses principaux disciples au sanctuaire de Munmyo (문묘), à Séoul. Dans tout le pays, chaque grande ville possède son hyanggyo (향교), ancienne école traditionnelle confucéenne qui renferme un sanctuaire dédié à Confucius et à ses disciples. Parallèlement, de nombreuses académies locales confucéennes, appelées seowon (서원), abritent un sanctuaire commémorant le philosophe et ses successeurs. Présents partout, ces témoignages tangibles de l'influence du confucianisme – en tant que religion, mais aussi pensée politique – sur la nation coréenne sont traités avec le plus grand respect.

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