Arrivé en 1990, le père Vincenzo Bordo de la congrégation des Oblats de Marie-Immaculée fait sillonner neuf bus à Seongnam à la rencontre des enfants sans-abris.
Non loin des buildings de verre et d'acier taquinant les nuages flottant sur Séoul, une adolescente se perd dans la nuit coréenne. Quelque part à Seongnam, au sud de la mégalopole, sur les rives d'un cours d'eau charriant les larmes d'une lune de glace, des jeunes se serrent près d'un chauffage installé au fond d'une tente verte. Là, près d'un bus estampillé Agit, ils dévorent des petits pains à la pâte de haricot rouge ou des nouilles instantanées. Ça blague, ça rit un peu trop fort, ça tchatte... Certains jeunes, rassasiés, s'égaillent sans un mot. D'autres s'installent à part avec un adulte, un bénévole souvent, un avocat parfois. Ils cherchent à des mots sur leur détresse, leur isolement, leur solitude.
« NOUS N'EN SECOURONS QU'ENVIRON 300. L'OBJECTIF EST DE LES DANS NOS LOCAUX POUR UNE SOLUTION. » VINCENZO BORDO
Agit est le nom donné à son service de neuf bus par le père italien Vincenzo Bordo. Arrivé en en 1990 pour les déshérités de Seongnam, il leur fait la ville à la rencontre des enfants des rues. Ils seraient 250 000 dans toute la Corée, 2 000 rien qu'à Seongnam. « Nous n'en secourons qu'environ 300, déplore le missionnaire au regard clair et au sourire de lumière, membre de la congrégation des Oblats de Marie-Immaculée et créateur d'Anna's House, une organisation active à Seongnam et dans les environs, employant quatorze personnes et bénéficiant de l' de près de 500 bénévoles pour aider les jeunes et les sans-abri. L'objectif est de les amener dans nos locaux pour trouver une solution. » Tous ces gamins ont des histoires qui se ressemblent, faites de maltraitance au sein de familles souvent recomposées, de harcèlement à l'école, sur fond de misère sociale et de précarité grandissante que masque un chômage à 3,7 %.
Hors de leurs foyers, ils sont à la merci de la , voire du trafic d'organes. Park In-jeong a 17 ans. Son père est livreur et sa mère a un petit boulot. « Depuis que je suis petite, je suis frappée. Mon père crie et boit tout le temps. Aujourd'hui, j'attends qu'il soit couché pour . » Song -Sun-min, maigre lycéen aux larges lunettes rondes, a le défaut d'être l'aîné d'une fratrie de cinq : « Mon père se défoule sur moi et, à l'école, il y a des problèmes. » Aux tragédies familiales s'ajoute une difficulté croissante à avec ces jeunes de la "génération smartphone" qui, explique le religieux, « vivent au jour le jour, refusent les contacts avec les adultes, veulent libres ».
114 foyers pour ces jeunes
« Certains jeunes sont chargés de haine », témoigne Park Seong-jin, diplômé dans le secteur du , qui a choisi d'aider les ados car il a connu une situation similaire, même s'il appartient à une autre génération, celle qui, à la fin des années 1990, voulait encore et un métier. A l'époque déjà, Anna's House les aidait, donnant des cours, parfois les faisant dans une petite usine de sacs. La situation a commencé à se dans les années 2000, mais la communication restait possible.
Source : Le Monde
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La Corée du Sud
RandomPetit tour au pays du matin frais ! Si vous avez d'autres informations que moi que je n'ai pas noté, n'hésitez pas à les mettre en commentaire. PS : les chapitres seront plus ou moins longs selon le sujet.