Comment vit-on de l'autre côté de la frontière ? Un appartement témoin nord-coréen a été monté de toutes pièces à Séoul, à l'occasion de la Biennale d'architecture. Visite guidée :
Depuis le balcon, que les habitants de Pyongyang utilisent pour faire des barbecues, vue sur l'hôtel Ryugyong en forme de pyramide (photo).
Une chaîne diffuse de faux programmes nord-coréens
Les sud-coréens inspectent l'appartement
Yu Jin Moon, originaire de Corée du Nord, guide les visiteurs dans l'exposition.
Les placards, les tiroirs, la porte du frigo... ils ouvrent tout. Soulèvent le calendrier, s'attardent devant un bouquet de fleurs en plastique, un paquet de nouilles lyophilisées ou un programme télévisé aux couleurs criardes. Consignent tous ces détails exotiques dans leur smartphone. Depuis septembre, les habitants de Séoul défilent dans un 36 m2 au coeur de la capitale sud-coréenne dans le cadre de la Biennale d'architecture et d'urbanisme, sous l'impulsion de deux architectes, le Singapourien Calvin Chua et le Sud-Coréen Yim Dong-woo. Leur objectif ? Reconstituer un appartement identique à ceux qui accueillent la classe moyenne de l'autre côté de la frontière, à Pyongyang. Et donner un aperçu du mode de vie nord-coréen à leurs voisins du Sud.
Résultat : un trois-pièces fonctionnel, un peu kitsch, avec un mini-balcon offrant une fausse vue sur l'hôtel Ryugyong, en forme de pyramide. "L'attitude des visiteurs est assez étonnante, rapporte le photographe français Eric Lafforgue, de retour de Séoul.Ils fouillent partout, regardent les moindres détails, et en même temps, posent très peu de questions. Un comportement qui illustre assez bien, d'un côté, la fascination qu'ils ont pour le Nord, où ils ont interdiction d'aller, et d'un autre côté, leur relatif désintérêt pour la question, eux qui se trouvent depuis vingt ans sous la menace du feu nucléaire..."
"C'est trop beau"
Lors de sa visite, le photographe a rencontré Yu-jin Moon, qui a fui le Nord en 2004 et joue les guides dans l'exposition. La jeune femme ne se fait pas prier pour lister les "oublis" des architectes : d'abord, le haut-parleur obligatoire, diffusant à longueur de journée la propagande du parti. Les portraits de le dynastie Kim, ensuite, indispensables à tout salon nord-coréen, qui ont été remplacés par des cadres vides dans l'appartement témoin ("Il est interdit, en Corée du Sud, de reproduire leurs visages, sous peine de sérieux problèmes avec le National Intelligence Service", poursuit la guide Yu-jin Moon). "C'est trop beau, ce n'est pas la réalité", ont également confié d'autres transfuges du Nord à Eric Lafforgue.
Lui-même a effectué plusieurs voyages de l'autre côté de la frontière, et confirme que le logement reproduit à Séoul a adouci la réalité : "Au Nord, même dans les intérieurs sélectionnés par le régime pour être montrés aux touristes, il n'y a pas d'eau dans les toilettes, pas souvent l'électricité... Les architectes avaient la volonté, avec cette reconstitution, d'ouvrir une fenêtre sur Pyongyang, mais ils ne sont pas allés très loin, sans doute parce qu'il est mal vu, chez eux, de dévaloriser le voisin." Une chose est sûre : Calvin Chua et Yim Dong-woo, qui travaillaient sur leur exposition depuis des mois, n'imaginaient pas qu'elle coïnciderait avec cette crise aiguë entre Donald Trumpet Kim Jong-un, lesquels n'en finissent plus de s'affronter à coups de menaces nucléaires et d'invectives belliqueuses. Les deux architectes fermeront définitivement les portes de l'appartement témoin le 5 novembre.
Bonus : Plusieurs témoignages de nord-coréens qui ont réussi a enfuir :
Documentaires sur la Corée du Nord :
Source : Grazia (Lise Martin et Eric Lafforgue pour les photos) & YouTube
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La Corée du Sud
RandomPetit tour au pays du matin frais ! Si vous avez d'autres informations que moi que je n'ai pas noté, n'hésitez pas à les mettre en commentaire. PS : les chapitres seront plus ou moins longs selon le sujet.