La Prophétie des Surnaturels ~ 1. Maudite

80. Trouver le temple

- Où étiez-vous passés ? s'inquiéta Laura.

- On a... libéré Nick, avouai-je. Dans une nouvelle famille. Il est temps d'y aller.

- Euh... Pas encore. Enzo a cherché à te joindre.

Je grimaçai.

- Qu'est-ce qu'il voulait ? grognai-je.

- Aria.... Ce n'est pas de sa faute.

- Bien sûr que si ! Il m'a menti toutes ses années, sans même tenir sa promesse !

- Il était blessé, marqué, apeuré, peu importe comment tu veux le dire. Mais tu devrais le rappeler.

Je détournai le regard, en me rappelant... ce jour-là. Une seule journée de ces trois semaines.

« Je venais de me réveiller après un rêve bizarre. Un souvenir, mais pas comme les autres. Je ressentais du vide et de la tristesse, trop de vide, trop de tristesse. De la terreur aussi. Tout était noir, les sons étaient troublés, grésillant.

- Promets... Enzo... Aide-la, veille... Promis ?

- Pro... papa...

Ensuite, j'avais ressenti un froid intense, et plus rien. Je m'étais réveillée en nage. Le roi m'avait fait appeler. J'avais raconté que les visions de mes souvenirs se faisaient plus présentes et plus intenses, alors que c'était faux. Elles disparaissaient petit à petit, se faisant de plus en plus rares. Lucien Xanora devait me raconter aujourd'hui ce qu'il s'était passé des années auparavant, ce qui avait fait qu'on se retrouve moi et Enzo sans mémoire. Je me préparai rapidement et allai toquer à la porte de son bureau.

- Entre, Aria, soupira une voix de l'autre côté – celle de mon père.

Je m'exécutai alors.

- Vous vouliez me voir.

- Ne fais pas semblant. Tu sais très bien pourquoi tu es là. Assis-toi donc, ça risque d'être long.

Je m'installai sur un fauteuil, tandis que le Damné qui me faisait face faisait les cents pas.

- Tout d'abord, il faudrait que je t'avoue quelque chose. Je n'ai pas été très honnête avec toi. Enzo...

On frappa à la porte, tellement fort qu'elle s'ébranla.

- Père ! hurla Enzo. Vous ne pouvez pas ! Mais... Rhô, laissez-moi rentrer !

Plusieurs coups se firent entendre, puis il se mit de nouveau à marteler la porte.

- Comment peut-il déjà être au courant ? se plaignit le roi.

Il alla lui ouvrir, et mon frère déboula comme une furie en pointant notre père du doigt. Dehors, les gardes se massaient le crâne.

- Vous ne pouvez pas ! ça va lui faire trop de mal ! Elle doit rester concentrée ! Elle n'est pas prête !

- Elle finira par l'apprendre, alors autant que ce soit de nous !

De nous. Pas de moi.

- Attendez, les arrêtai-je. C'est quoi ça ? Comment ça, nous ? Enzo, tu n'en sais pas plus que moi... ?

Il m'observa, désolé. Non. Qu'est-ce que... ?

- Je m'excuse, Aria. Pour tout. Je n'ai pas su te protéger, ni tenir ma promesse de faire attention à toi. J'avais trop peur de ce que tu pouvais faire.

- Q-quoi ?

- Il y a plus de douze ans, nous vivions encore ensemble, dans une magnifique maison. Mon don commençait à faire des petites apparitions, quand je manipulai les plantes. Mais pas toi. Tu étais calme là où j'étais énervé tout le temps, concentrée quand j'étais irréfléchi, forte quand j'étais faible. Tu retenais tes émotions alors que je les laissai filtrer. Alors quand un jour tu t'es mis dans une rage immense...