La Prophétie des Surnaturels ~ 1. Maudite

42. Chute Mortelle

- Laura ! hurlai-je.

Elle était face à nous, dos au sol. Elle tenta de déplier ses ailes, mais elles ne firent que la gêner : la force de la gravité était trop forte.

Evidemment, la première réaction que j'eus, ce fut de sauter et de foncer vers elle. La deuxième ? Regretter.

Je réussis à attraper ma meilleure amie, qui avait fermé les yeux, et la serrai contre moi.

- Tout va bien se passer, Laura, lui soufflai-je à l'oreille.

De la sueur perlait son front. Je voyais le sol, à plus d'une dizaine de mètres plus bas, et le vent sifflait à nos oreilles. Tout semblait avoir ralenti.

- J'ai peur, me répondit-elle sur le même ton.

Je la serrai encore plus fort en sentant le sol se rapprocher.

- Ça va aller, Laura. Je vais te protéger, quoi qu'il en coûte. Calme-toi.

Elle hoqueta, et son corps se fit mou entre mes bras. Elle avait perdu connaissance.

Les secondes semblèrent s'éterniser. Mais le sol n'était plus qu'à deux mètres.

Un mètre.

Je fermai les yeux. Ma vie ne défila pas devant mes yeux, mais toutes les pensées, tous les mots que j'aurais dû dire à chaque personne.

Je m'en veux, Liam. Pour toi, pour Nath'.

Je t'aime, Enzo. Je t'aime très fort. Tu es ma moitié, l'autre partie de moi.

Je pensai aussi aux deux enfants dans mon ventre qui n'auraient sans doute pas la chance de naître. A Shana et Keith, mes amours...

Bam !

Je sentis le sol sous mes pieds. Il y eut un énorme bruit, comme si une bombe venait d'exploser. Une sorte d'onde de choc se propagea en cercle et le sol s'enfonça sous mes pieds.

Un craquement sinistre se fit entendre, et j'étais quasiment sûre qu'il s'agissait de mes chevilles ou mes jambes. J'avais atterrit debout ?!

Je ne ressentis même pas la douleur. J'avais l'impression d'avoir des pieds en métal, ou en plâtre. Laura se raidit et sembla se réveiller.

Elle ouvrit lentement un œil, puis un autre, et considéra mon air stoïque. Je ne bougeais pas, mes yeux étaient secs. J'avais la sensation qu'au moindre mouvement, j'allais commencer à avoir mal. Très mal.

Daniel, les ailes déployés, se posa. Ses yeux étaient ronds. Ses ailes se rétractèrent.

Dans un cercle d'une dizaine de mètre de diamètre qui partait de moi, le sol était enfoncé, à cause de ma chute. Pourtant je restai là, sans souffrir, (parce que) sans bouger, stoïque.

Daniel, inquiet, m'effleura l'épaule. Laura se mit à pleurer.

- Aria, souffla Daniel.

Des élèves nous observaient, bouche-bée, depuis leur fenêtre. Mais la plupart étaient en bas, devant la porte, en m'observant. Les proviseurs se frayèrent un passage pour venir me voir.

Les proviseurs me dévisagèrent. Je portais toujours Laura, qui avait sombré de nouveau – dans le sommeil ou l'inconscience –, blottie contre moi, et mes pieds étaient ancrés au sol, enfoncés plus profondément que le reste du trou.

- Un problème ? demandai-je d'une voix sans émotion.

Marianne écarquilla les yeux.

- Comment ça, "un problème" ? Vous venez de sauter du 4e étage et atterrir sans aucunes séquelles, et vous nous dites "un problème" ?