La Prophétie des Surnaturels ~ 1. Maudite

28. Métamorphose

Je souris, un élan de bonheur me parcourant, en oubliant presque que c'était moi, jeune fille de seize ans, qui attendait ces deux amours.

Sur cette échographie, sur les photos qu'elle imprima, se trouvaient deux minuscules corps.

Je repartis après les conseils de l'infirmière – faire du sport assez régulièrement, éviter de beaucoup manger... – dans ma chambre, où je m'enfermai. Il était tout juste vingt heures. Je trouvai un plateau sur la table, avec un petit mot « Bon appétit, Aria ! Et bon retour parmi nous ! »

Je secouai la tête, exaspérée, avant de manger la salade, la purée avec du steak haché, mon yaourt et une poire.

Dans la salle de bain, je contemplai mon ventre désormais bien rond – les gens remarqueraient facilement que j'étais enceinte – mais pour une fois, ce fut du bonheur que je ressentis.

Je voulais les garder, ses enfants. Peu importe de devoir cacher leur existence, de devoir cacher totalement l'existence d'un de mes bébés... Peu m'importait.

J'allais me coucher, un grand sourire aux lèvres, et m'endormis rapidement.

* * *

La sonnerie du réveil me tira de mon sommeil.

Je me levai, reposée, avant d'aller prendre une courte douche. J'enfilai ensuite un pull, un pantalon noir et mis une veste d'hiver. Comme prévu, ma jambe brûlée me faisait un peu mal quand je marchais, mais c'était supportable. Je descendis ensuite petit-déjeuner. Liam, Nathanaël, Zoé, Malia et Laura m'attendaient.

- Aria !

Ma meilleure amie me prit dans ses bras.

- Il faut que tu arrêtes de fuir la réalité. De fuir tout court, d'ailleurs. Tu aurais pu tomber sur n'importe qui...

Je m'écartai, et se fut Malia et Zoé qui me serrèrent dans leurs bras. A elles deux, elles auraient pu me casser les côtes.

- Par les Astres, Aria ! Personne n'a voulu qu'on entre dans ta chambre pour te remonter le moral, ils étaient catégoriques !

Zoé hocha la tête pour prouver qu'elle était du même avis, et je mis un temps à comprendre qu'ils parlaient de la version officielle, comme quoi j'avais eu une maladie contagieuse.

Les deux garçons firent de même.

- Content de voir que tu vas bien, lança Nathanaël.

- Et que tu reviens, ajouta Liam en plissant les yeux.

Je souris, et m'installai à côté d'eux.

Nous allâmes ensuite en cours, où je passais mon temps à rêvasser.

Pendant je-ne-sais quelle matière, on m'interrogea.

- Mademoiselle Baker ? Nous savons tous que ce début d'année n'a pas été... le meilleur, mais vous pourriez au moins prendre la peine d'écouter un peu. Veuillez nous lire les deux premières strophes du poème.

Je regardai mon cahier, ne sachant que faire. Puis je découvris la petite feuille avec écrit le poème – Il n'aurait fallu, d'un auteur dont j'ai perdu le nom.

- Il n'aurait fallu / Qu'un moment de plus / Pour que la mort vienne / Mais une main nue / Alors est venue / Qui a pris la mienne

« Qui a donc rendu / Les couleurs perdues / Aux jours aux semaines / Sa réalité / A l'immense été / Des choses humaines

Je me tus. Mais notre professeur paraissait intriguée, surprise. On m'avait souvent dit que je lisais bien, que je transmettais les émotions, mais venant d'elle...