60. Départ chez les Damnés

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L'après-midi qui suivit, nous préparâmes nos affaires. A vrai dire, nous étions regroupées dans ma chambre, des tas et des tas de vêtements étalés sur mon lit et mon bureau. Certaines affaires jonchaient même le sol.

Zoé, Malia, Laura, Mélina et moi décidions des tenues les plus aptes, mais chaque fois que quelqu'un en prenais une, on lui trouvait des défauts : pas assez souples, sans utilité, pas assez jolie, trop simple...

Nous mîmes des heures et des heures à sélectionner les bons vêtements, en supposant que les Damnés nous prêteraient des tenues pour le combat.

Je pris des vêtements très amples, pour « femmes enceintes », des leggings de sport, des débardeurs... Laura m'avait dit de penser à après l'accouchement. Elle me prit à part.

Elle dansa d'un pied sur l'autre, comme si je devais démarrer la conversation.

- De quoi tu voulais me parler ? demandai-je alors nerveusement.

Quand Laura plongea son regard dans le mien, je ressentis toutes ses émotions : l'angoisse et la nervosité, la peur et la tristesse.

- Ta grossesse. Elle est différente, Aria.

J'inclinai légèrement la tête, haussant un sourcil interrogateur. Laura soupira.

- Je ne sais pas... Tu n'as pas autant souffert qu'une femme enceinte – mais c'est peut-être dû à ton coma – et ta grossesse est bien trop longue.

- Quoi ? Mais... C'est neuf mois...

Je devais paraître perdue, car Laura s'expliqua :

- Deux êtres surnaturels, surtout immortels, qui font un enfant, ça donne une grossesse très accélérée. Deux mois, peut-être trois. Mais il y a des cas extrêmement rares, comme toi, où la grossesse est pratiquement égale à celle d'une femme normale. Dans ce cas-là, l'enfant peut avoir une croissance plus rapide, et s'arrêter à quatorze ou quinze ans.

- Pratiquement ?

La nervosité et la peur de Laura s'encra en moi, se développa.

- Tu vas bientôt accoucher, Aria, déclara-t-elle calmement. (Elle scruta mon ventre.) Je te donne un mois. Pas forcément avant, pas forcément après.

Je déglutis.

- Tu as déjà... été enceinte ? demandai-je.

Elle hocha la tête.

- Dans le passé, très, très longtemps dans le passé, les femmes dépendaient des hommes. J'étais enceinte d'un humain, mais nous étions heureux. Puis des pilleurs ont envahi mon village. Mon mari est mort, et mon bébé – qui aurait dû être résistant grâce à ses gênes – à succombé à une grippe. Je n'en ai plus jamais eu.

Elle se mordit la lèvre.

- C'est pas important, souffla-t-elle. J'ai peur pour toi, Aria.

- Pour une histoire de grossesse ?

Je haussai un sourcil, et Laura détourna le regard.

- Les Damnés... L'entraînement est vraiment difficile, et je n'ai aucune idée de quand tu pourrais accoucher, ni si tout se passera bien...

Je lui pris la main et la pressai.

- Tout ira bien, d'accord ?

Tandis que des larmes perlaient dans ses yeux, elle hocha la tête de haut en bas.

- Qu'est-ce qui m'arrive ? en profitai-je pour demander. Je veux dire, mes cheveux...

- Le sort de révélation qu'ils t'ont lancé. Tu vas redevenir comme... au commencement de tout. Ta première naissance.

La Prophétie des Surnaturels  ~ 1. MauditeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant