41. L'ignorant

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Je restai dans une sorte de transe, dans une semi-conscience.

J'étais assez consciente pour entendre les élèves s'agglutiner devant ma porte, assez pour sentir la douleur dans mon corps.

A vrai dire, je ne voulais pas perdre connaissance à nouveau. Le vieux sage de l'Entre vie était assez gentil, mais l'autre...

Je fus prise de convulsions, je m'agitai, je tremblai, la main de Zoé serrée contre mon poignet.

On dut me mettre sur le sol, car, tout ce que je crachais en sang noir atterrissait sur le sol froid.

J'entendis des voix, mais c'était flou, et les paroles étaient lointaines.

Les professeurs arrivèrent à ouvrir et... Daniel, Cam et Liam avaient disparus. Néanmoins, je voyais une forme floue. Ils recouvraient le sang noir de mouchoirs.

Laura dit quelque chose, mais une infirmière s'approcha de moi. Le goût métallique du sang revint dans ma gorge, et je me remis à cracher avec d'horribles gargouillis.

J'essayai d'articuler quelques mots, mais ça ressemblait plus à des grognements et des gémissements. Zoé relâcha légèrement son étreinte. J'eus ma chance.

Concentre-toi sur une autre douleur, m'expliquai... mon père. Avant.

Je m'arrêtai de bouger.

Une bribe de souvenir, de ses souvenirs avant mes 4 ans.

- Il ne faut pas avoir mal, Aria, rit mon père.

- Mais ça fait mal tout seul...

Il rit de nouveau, avant de prendre un air sérieux.

- Quand la douleur est comme ça, essaie de te concentrer sur une plus légère. Ou crées-en une, moins douloureuse. A l'intérieur, ou à l'extérieur. Il faut que tu survives. Tu es en danger constamment.

Et puis il avait de nouveau éclaté de rire, vite suivit par moi qui ne comprenais rien, pleurant et riant en même temps.

J'ouvris les yeux, inondés de larmes, et sanglotai. La voilà, mon autre douleur. J'avais encore le souvenir du mon père, rayonnant.

- Excuse-moi, papa, soufflai-je trop bas pour qu'on entende.

L'infirmière m'observa.

- Ça va, dis-je en sentant les tremblements revenir.

Zoé resserra mon poignet et je tremblai de nouveau. Laura poussa l'infirmière dehors, et je me remis à pleurer, gémir et souffrir en même temps.

Je ne me souvins pas combien de temps le supplice dura.

Mélina se mit à me chanter une chanson douce, très douce...

Et je m'endormis, avec les larmes, la peur et la douleur.

A mon réveil, on m'avait replacé dans mon lit, une gaze recouvrait mon poignet, et un bandeau recouvrait mes oreilles et tirait mes cheveux vers l'arrière. Je ne sentais que légèrement le goût du sang, et mon nez ne saignait plus. La douleur dans mon crâne et la brûlure dans mon corps avaient laissées place à un élancement dans mon poignet. Je n'osai pas défaire le pansement.

Je me levai, et allai m'observer dans le miroir. Mes yeux avaient repris une couleur normale – enfin, par normale j'entendais multicolore – et les cernes prenaient un ton plus... humain. Elles étaient moins bleutés, moins grosses et pochés. Ma bouche avait repris sa couleur rouge vif – ou sang, à vous de voir – et les veines noires sur mon cou avaient pratiquement disparues.

La Prophétie des Surnaturels  ~ 1. MauditeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant