3. Tout, absolument tout est de ma faute

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[Chapitre corrigé]

- Ariana...

Il soupira, le visage flou, et ma meilleure amie posa sa tête sur son épaule.

- Tu ne dois pas t'en faire, continua-t-il. Tu n'as pas besoin de rendre les choses plus douloureuses.

Laura m'observa tristement, puis son regard se fixa à côté de moi, où un corps inerte était étendu – il ne semblait pas en très bon état. Bizarrement, je savais mes yeux fermés, mais ma conscience n'était pas éteinte, elle était là, partout dans la pièce, elle l'observait en tentant de dépasser ce voile de brume devant lui.

Will souleva le corps à côté de moi, et la vérité me frappa. Sa peau était brûlée, ses cheveux, disparus. Je ne pouvais pas voir son visage, mais elle ne bougeait pas – elle ne bougeait plus. J'aurais pu croire qu'elle était seulement inconsciente, ou évanouie, mais c'était impossible, et je le savais. Comment cette personne était-elle morte ? Je ne me souvenais de rien. Etais-ce ma faute ? C'était probablement ma faute.

Laura se mit à pleurer, se rapprochant un peu plus de lui. Le corps de la défunte était mou, sans vie, sa cage thoracique ne se soulevait plus – elle ne respirait plus, tout était fini. Je voulus tendre une main vers elle, vers Will, debout, qui voulait l'éloigner de moi, mais j'en fus incapable. Il s'arrêta au niveau de ma meilleure amie, finalement trop proche de là où j'étais étendue – qu'il s'en aille, je ne voulais pas voir ça –, et se mit à parler.

Le cadavre dégageait une telle froideur, malgré la chaleur environnante... Il était congelé et carbonisé – quelle ironie du sort.

- J'aurais dû t'aider, murmura Laura en bougeant une mèche de cheveux de mon visage. T'apprendre... Excuse-moi...

J'aurais voulu lui crier de m'expliquer. Tout était si flou, si trouble... Elle recula de nouveau, pour s'approcher de Will, poser une main sur le cadavre et fermer les yeux, comme si elle récitait une prière. Deux bras me soulevèrent, lui appartenant probablement, et je sentis une sorte d'apaisement m'envahir, malgré sa voix qui s'éleva contre quelqu'un dans la pièce. Il s'approcha lentement de Will, et j'observai avec horreur la tête du cadavre se tourner vers moi, lentement, très lentement.

Foutue gravité.

Le visage était brûlé d'une façon horrible qui aurait presque pu faire oublier ses trais de visage, cette finesse dans ses joues. Presque.

La défunte n'était pas une inconnue, loin de là. Dans les bras de Will gisait une personne que j'avais aimée, de tout mon cœur. Delia était partie.

Le hurlement dans mon rêve se confondit avec le bruit aigu qui sortit, prolongé, des machines à mes côtés.

- Son cœur s'arrête ! hurla quelqu'un. Mademoiselle Baker, reprenez connaissance ! Vous allez passer de l'autre côté !

Ne soyez pas débile, je ne vais pas abandonner maintenant.

J'ouvris les yeux d'un coup, et la lumière m'éblouit. Je les refermai, n'ayant pu apercevoir qu'un écran glacial, les rouvris à nouveau pour constater qu'un tas d'infirmiers étaient à mon chevet, les yeux grand ouverts. Le bip ! reprit, court, à intervalles irrégulières, puis plus régulières.

- C'est un miracle ! s'exclama un infirmier, les larmes aux yeux.

Laura s'approcha de moi, et me sourit.

- Aria, soupira-t-elle de soulagement.

Je grognai, les souvenirs invraisemblables de la veille me revenant en mémoire – et mon rêve, évidemment, qui ne m'avait jamais paru aussi clair. Je grimaçai et me redressai, lentement, à l'aide de ma meilleure amie. Un bloc note à la main, un médecin s'avança.

La Prophétie des Surnaturels  ~ 1. MauditeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant