31. Épreuves difficiles et puissants pouvoirs

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Quand j'atterris, j'eus d'abord très, très froid. Mon ventre gargouilla, et je vomis dans les broussailles. Daniel ne broncha pas.

Je m'essuyai la bouche, et observai autour de moi. J'étais dans une grande forêt, où l'on discernait des arbres à perte de vue. Devant nous se trouvaient deux bouteilles d'eau, une carte, deux arcs à flèche et deux dagues, ainsi qu'un sac en tissu pour les cadavres – un très grand et un petit. On prit chacun une arme, et je bus un peu d'eau.

- On doit laisser les bouteilles ici, déclara Daniel. Elles nous encombreront.

Je vidai la mienne d'une traite, soulageant ma gorge. Daniel ne toucha pas la sienne. Nous nous enfon-çâmes dans la forêt, alors je tendis l'oreille.

J'entendis toute sorte de sons que je n'avais pas entendus avant. Une rivière qui coulait, le froissement des feuilles. J'entendis des bruits de pas, aussi, ainsi que des petits couinements.

Je m'arrêtai, émerveillée, pour entendre d'autres sons. L'eau, les arbres, des petits animaux. Des oi-seaux, une pierre qui tomba sur le sol, la brise du vent.

- Aria ? me souffla Daniel.

Sa voix, pourtant faible, m'apparut fortement.

- J'entends... Des choses... J'entends tout.

Puis je lui indiquai de se taire, et j'avançai à pas de loup, contournant arbres et broussailles.

Arrivée à destination, je me cachais derrière un buisson, et regardai par-dessus, fière de moi.

Un cerf buvait tranquillement. Je l'observai, fascinée, quand une flèche se ficha dans son cœur. Je ho-quetai de surprise, avant d'écarquiller les yeux et de dévisager Daniel.

- Tout ceci n'est pas réel, me rassura-t-il. Ce sont des images. Et on doit faire ça. Ils évaluent notre capacité à tuer pour survivre.

J'avais l'impression de me retrouver à l'orphelinat, au début. Daniel qui m'ignorait, qui me regardait avec l'air de n'en avoir rien à faire de moi. Mais cette fois, étais-ce vraiment une façade ? Il n'y avait plus rien à prouver. Je n'étais pas morte, et je n'allais pas mourir.

Il alla chercher la bête qui agonisait, et la tua pour de bon, enfonçant le couteau dans sa gorge. Je sen-tis la bile remonter dans ma gorge. Je me forçai à déglutir.

Il chargea la bête dans le sac, puis sur son épaule.

- Essaie de trouver un petit animal à tuer.

Je tendis l'oreille sans répondre, mais j'étais incapable de me concentrer. Daniel me fixait, le cadavre sur son dos.

- Aria, souffla-t-il. Tu peux le faire. On va laisser le cerf ici, je reviendrais le chercher. D'accord ?

Je ne fus pas sûre d'être d'accord, mais je hochai quand même la tête.

Je découvris rapidement un blaireau, et m'approchai de lui. J'avais décidé de la poignarder au couteau, Daniel m'avait expliqué qu'il fallait viser le cou, pour être sûr qu'il mourrait sans souffrir, ou le cœur. A un mètre de lui, je m'arrêtai. Pour réussir, je devais lui sauter dessus.

Je pris une grande respiration, enfermai à double tour ma peur et mon appréhension. Puis je sautai.

Au dernier instant, je détournai le regard, mais je sentis la dague s'enfoncer dans le corps de la bête.

J'avais réussi. Je mis très rapidement son corps dans le sac, puis le pris. Quand j'arrivai vers Daniel, ce dernier me félicita vaguement. Je grognai pour toute réponse, trouvant idiot de tuer un animal juste « comme ça » – même si ce n'était pas réel. On alla rechercher le cerf mort, puis nous nous mîmes en route. Daniel observa la carte. Il paraissait perdu, alors je la lui pris des mains.

La Prophétie des Surnaturels  ~ 1. MauditeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant