5. Il fait des ravages

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[Chapitre corrigé]

Un bruit perçant me tira de mon sommeil – vous savez, ces réveils qui ont probablement été vendus par le Diable en personne ? – et je dus me résoudre à lever le bras pour frapper le "snooze". Mon corps était si endolori que chaque muscle de mon corps, chaque articulation était douloureuse. Lentement – très lentement – je descendis les marches de mon lit superposé, dont je ne me souvenais pas avoir gravi les marches – je ne l'avais probablement pas fait.

- On devrait avoir des congés pour avoir sauvé la ville, maugréai-je.

- Des circonstances atténuantes, rit Laura.

Je fis mine de trouver sa réplique extrêmement inspirante et intelligente, l'applaudissant presque, et finis par rire doucement. Elle avait le chic pour rendre des choses terribles un peu moins... terribles.

- Toujours allongée, Mademoiselle Newy ?

Elle grogna, mais finit par passer une jambe, puis l'autre par-dessus son matelas – de mauvaise grâce. Elle se frotta les yeux en baillant, puis son regard s'arrêta sur moi, traversé par des émotions allant du choc à la joie, passant par une surprise qu'elle ne cacha pas. Ses yeux pétillèrent.

- Dis-moi, Aria, tu es levée depuis longtemps... ?

- Oh, j'imagine bien que toutes ces bêtises m'ont encore laissé une marque ou deux. Mais si ta question est de savoir si j'ai découvert de quoi il s'agit, et bien non : je confronterais le miroir un peu plus tard.

Elle sourit, nostalgique, et ses yeux s'embuèrent légèrement.

- Je ne comprends pas comment c'est possible, souffla-t-elle. Pas maintenant, pas comme ça.

- Et moi je ne comprends pas tout court, raillai-je. Donc tu peux te garder tes remarques.

Je savais bien que toute vérité n'était pas toujours bonne à entendre, qu'il fallait me laisser le temps, mais j'aurais été ravie d'avoir quelques éclaircissements – que Laura n'était pas prête à me donner, visiblement.

Je m'avançai vers le petit miroir fissuré de ma meilleure amie, dans la chambre, et, la bouche entrouverte, me contemplait dans la glace. J'étais petite et très fine, mais je n'avais plus rien de la fille que j'étais quelques semaines auparavant : des traits soi-disant doux, des yeux légèrement en amande, des pommettes hautes et des lèvres pâles, des cheveux bruns, lisses au carré et la peau nue de toute inscription.

Maintenant, ce que je voyais dans le miroir, c'était une adolescente tatouée au niveau de l'épaule quasiment jusqu'au coude, avec un petit trèfle légèrement en relief sur sa clavicule, d'un vert pâle tacheté de jaune. Ses lèvres étaient aussi rouges que si elle les avait recouvertes d'un rouge à lèvre vif, et ses yeux verts regardaient étonnés sa nouvelle chevelure, plus longue d'une bonne dizaine de centimètres, d'un bleu dégradé du bleu marine au niveau des racines à de l'éclairci en bas.

- Waouh. Honnêtement, je suis contente que la vague m'ait touchée au niveau de la tête, tentai-je de relativiser d'une voix tremblante, tu imagines la catastrophe si mon front avait été touché ? J'aurais fini comme dans Avatar.

Laura gloussa, plus pour la forme qu'autre chose, mais ça eut le mérite d'alléger légèrement le poids sur mes épaules – je n'étais pas un monstre, du moins pas pour elle. Elle me sourit quand je me retournai, m'encourageant en levant les deux pouces vers le haut.

J'enfilai une tenue noire – de circonstance, puisqu'aujourd'hui avait lieu l'enterrement de Delia – et enfonçai un bonnet sur ma tête, cachant mes cheveux dedans avec un chignon rapide. Comment étais-je sensée faire avec une telle longueur ? Laura vint faire quelques retouches pour qu'aucunes mèches ne sortent, prête en une rapidité déconcertante.

La Prophétie des Surnaturels  ~ 1. MauditeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant