Chapitre 1

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Mon père m'avait toujours prévenue que cette ville allait littéralement me détruire si je restais. Il n'avait finalement pas tort. Aussi loin que je me souvienne, il me disait souvent qu'un jour nous partirions ensemble de cette ville paumée et abandonnée par le gouvernement.

Cette fois-ci, il avait tort. J'étais maintenant la seule à partir.

Un mois s'était écoulé depuis son départ. Mon père et moi avons eu un accident de voiture, et ce, à quelques mètres à peine de la maison. C'était un soir où le brouillard fut dense et épais. Nous étions tranquillement en train de rouler sur un pont. À ce moment-là, mon père n'avait pas vu qu'une voiture s'était arrêtée en plein milieu de la route. Il avait freiné, mais c'était déjà trop tard. La voiture a alors percuté celle de devant de plein fouet. Après mon séjour à l'hôpital, les médecins ont déclaré que j'avais eu beaucoup de chance de m'en être sortie indemne avec quelques égratignures. Une chance ? Tu parles ! J'avais perdu mon père.

Le lendemain, j'appris que le conducteur de la voiture n'était pas dans son véhicule au moment de l'impact, puisqu'il s'était jeté du pont pour se suicider. Par sa faute, la seule personne qui comptait pour moi était décédée. Ma seule famille. Celui qui m'avait élevé malgré les coups durs de la vie. Il s'en était allé aussi vite qu'un battement de cils. C'est là que l'on se rend compte que la vie ne tient qu'à un putain de fil, qui se coupe en un rien de temps. Et moi qui m'en étais sortie indemne... du moins physiquement. Lorsque j'y pense, je me dis que j'aurais préféré partir aussi, avec lui. Sans mon père, ma vie n'avait aucun sens désormais.

Peu de temps après, il se trouve que j'apprenais que celle qui nous avait abandonnés mon père et moi, c'était proposé pour m'accueillir chez elle. Mon dieu quelle ironie! Elle m'avait abandonné alors que je n'étais qu'un nourrisson âgé d'à peine quelques semaines, et maintenant elle se pointait en voulant devenir ma mère. Si elle croyait qu'elle allait rattraper le temps perdu, elle se fourrait le doigt dans l'oeil jusqu'au coude. Car je n'avais pas l'intention de sympathiser avec elle et encore moins de devenir un duo mère-fille, comme elle espère peut-être que l'on devienne un jour.

Après mûre réflexion, j'avais pesé le pour et le contre. Le pour : quitter cette ville où je n'avais plus d'attache, comme le souhaitait mon père. Le contre : devoir vivre avec cette totale inconnue. Je n'avais pas tellement d'options en fin de compte. C'était soit vivre dans une famille d'accueil, à peine éloigner du danger que je devais absolument fuir, ou bien-aller vivre à l'autre bout du pays. Ce qui voudrait dire, aussi loin que possible de mon principal problème : Blake.

Partir, se trouvait être la seule solution.

*

Mon avion vient tout juste d'atterrir après six heures de vol, reliant l'aéroport de Flint dans le Michigan à celui de Los Angeles. En récupérant son bagage dans le compartiment du haut, mon voisin d'à côté me lance un dernier coup d'oeil des plus méprisants. À tous les coups mon look ne lui plaît pas. Actuellement je porte un jean troué à plusieurs endroits, où on voit apparaître en dessous mon collant en bas résille et une tête de mort imprimée sur le devant de mon crop top noir. À vrai dire, je ne suis pas habituée à recevoir ce genre de regard à mon encontre, empli de haine et de dégoût. Dans mon quartier tout le monde est fringué comme il le veut, sans que l'on puisse nous juger sur notre apparence. Ça semble être différent ici, mais pour rien au monde je ne changerais pour leur faire plaisir. Ils peuvent aller se faire voir, si mon look ne leur plaît pas !

Alors qu'il continue à me regarder de haut en bas en baragouinant quelque chose d'inaudible pour mes oreilles, je décide de me lever et d'attraper mon sac. Avant de sortir de l'avion, je me retourne bien en face de lui en affichant un sourire moqueur sur les lèvres, avant d'esquisser un doigt d'honneur à son encontre. Tiens prend ça en pleine tête, vieux chnoque. Je jubile lorsque qu'il ouvre de grands yeux exorbités. Je ne prends pas la peine de l'écouter, lorsqu'il commence à m'interpeller derrière mon dos en hurlant. Je préfère encore mettre mes écouteurs et filer vite de cet avion pourri où l'odeur de transpirations arrive à son comble.

YOU+ME AND MAYBE MORE... [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant