Chapitre 13

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Un mois. Un mois que je suis ici, en Californie. J'ai l'impression que c'était hier que j'arrivais par l'avion avec mon sac à l'épaule et une maigre valise pour seul bagage. Parallèlement, j'ai aussi le sentiment que c'était il y a une éternité que je me suis installée ici. Je me suis habitué aux gens du quartier, qui me regarde parfois de travers. Je me suis aussi habitué aux conversations passionnées, qu'Oliver à souvent lorsqu'il parle de son travail en tant que patron d'une grande agence immobilière. Une autre habitude que j'ai pris et certainement la plus étrange, c'est la musique qu'écoute Tallya lorsque l'on se promène en voiture : de la pop ultra-dégoulinante. Je n'aurai jamais imaginé un jour en écouter — moi en fervente supportrice de groupe de rock, mais en plus c'est que je m'y suis habitué et qu'il m'arrive même de chanter avec elle les paroles de Baby One more Time de Britney Spears. Si mes anciens amis voyaient ça... ils ne se gêneraient pas pour se moquer de moi. Et puis tans pis, si j'ai envie d'écouter de la pop 24 /24 je fais quand même ce que je veux, et puis cela ne m'empêche pas d'écouter toujours du rock. Le seul truc qui n'a pas changé est la relation que j'entretiens avec Marissa. Elle n'arrête pas de me taper sur le système.

Devant la feuille d'exercice que m'a donnée le professeur d'histoire, mon esprit refuse de coopérer. Qu'est-ce que j'en ai à faire de ce qui s'est passé pendant l'élection de George Washington en 1789? On ne pourrait pas passer à autre chose ? Alors que je ronge le bout de mon crayon, je fixe le professeur à son bureau. Debout contre son bureau en train de lire son bouquin, il ne lève pas le nez. Je profite de ce moment pour l'interpeller et mettre enfin mon plan B à exécution : le draguer subtilement pour qu'il craque. Je sais qu'il y a un truc louche avec ce type et je suis prête à le découvrir.

— Monsieur !

Il lève la tête, puis me fixe.

— J'aurais besoin d'aide, il y a un exercice que je n'ai pas très bien compris.

Il pose son livre et me rejoint rapidement.

— Dis-moi quel exercice te pose problème.

Après en avoir choisi un au hasard sur la feuille, il commence à me l'expliquer. Ses mots se mélangent rapidement dans mon esprit, tant mon cerveau cherche une solution au problème principal : le faire craquer.

Mmmh... Quel parfum il utilise pour sentir aussi bon ? On dirait un mélange de mandarine et de...

— As-tu compris désormais ?

Je me reprends vite.

— Oui, oui, j'ai bien compris. Je vous remercie.

D'un geste calculé, ma main s'approche pour venir recouvrir la sienne posée sur la table. Lorsque je lève les yeux vers lui, je n'y vois aucune trace particulière qui viendrait me confirmer mes doutes, quant à son penchant pour les jeunes lycéennes. Il fixe nos mains l'une sur l'autre, avant de retirer la sienne. Entre le moment où je l'ai posé et celle quand il la retire, il s'est passé au moins cinq bonnes secondes. Il s'éloigne ensuite à son bureau, sans un mot, ni même un regard à mon encontre.

Comment dois-je le prendre ? Il n'ose certainement pas esquisser le moindre geste devant tout le monde. Il aurait tout de même pu me faire un signe, montrant qu'il était intéressé. Une autre pensée vient me titiller l'esprit. Peut-être que je ne suis pas son style de fille tout simplement. C'est vrai que par apport aux autres filles du lycée, je dénote un peu dans ce décor qui se veut parfait. La dernière possibilité serait que je me trompe sur toute la ligne en fin de compte. Mais cela ne répondrait toujours pas aux questions que je me pose le concernant. Ce qui me rassure un tant soit peu, c'est de voir qu'il ne me suit plus depuis la confrontation que l'on a eux, lui et moi sur le parking. À part la scène dans la cafétéria il y a quelques jours, je n'ai rien vu d'autre qui peut m'affirmer que ce prof est un obsédé. Si je vais voir la directrice et que je lui dis « Monsieur Stanford est un pervers » je pense qu'elle me rirait au nez. D'autant plus que je sais très bien qu'elle ne me porte pas dans son coeur depuis mon arrivée dans cette école. Lui dire cela risquerait de me mettre un pied dehors, surtout sans preuve. Elle m'accuserait de porter de fausses accusations. Cela n'a peut-être pas fonctionné maintenant, mais je suis têtue et je ne risque pas d'abandonner aussi facilement, surtout quand il s'agit de démasquer les faux-semblants. J'en fais mon affaire !

YOU+ME AND MAYBE MORE... [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant