CHAPITRE 4 : QUELQUES PRÉNOMS.

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Autrefois d'apparence flegmatique, Émil faisait enfin face à une situation qui révélait qu'il n'était pas toujours aisé de garder son calme.

- Victor Chalet aurait dû gagner!

En ces mots, le président se lamentait après qu'il eut été informé des détails du sacrifice : La petite histoire de Delikan Kylias, l'ancien président; la maison du talent et son partenariat avec les cimetières du pays.

Les deux hommes, l'inspecteur et le chef d'état, s'étaient mis à part dans ce salon ultra chic. Cette pièce dont le moindre centimètre était de couleur noir: les fauteuils, les murs, les verres, les étagères, le tapis, les objects décoratifs... Une pièce élégante, visiblement dédiée aux alcools. Même les bouteilles de champagnes sur les étagères épousaient cette caractéristique visuelle, à l'exception de leurs marques, dont la couleur était or.

Idéal pour ce bon vieux Émil sur la tête duquel venait de tomber des responsabilités qu'il aurait préféré éviter. L'alcool l'aiderait peut-être à noyer ses soucis, mais ce genre d'inquiétude devait savoir nager.

Puisqu'il ne fallait pas que le collègue de l'inspecteur Dynn écoute les détails du sacrifice; il lui demanda de patienter dans la salle de séjour. Le subordonné y demeura, assit, fixant le gigantesque lustre de cristal sur le plafond, l'air de se demander à la fois combien il avait pu coûter, et comment il avait finit dans la police.

Dynn Marshalls transpirait encore et ses vêtements étaient humide à profusion, tandis que Émil pleurait bruyamment comme un gamin. Il était totalement déboussolé.

- J'espérais tellement qu'il s'agisse de sacrifices de poules et d'agneaux comme dans les temps médiévaux, relata t-il en pleurant toutes les larmes de son corps. Mais en venir à sacrifier des jeunes imayais? À les tuer!? Cela...Cela est inconcevable. Faire de moi un meurtrier?

- Je sais! Répliqua l'inspecteur en donnant des mouchoirs de couleur noir au président. Il en utilisa un pour sécher son propre visage qui donnait le maximum de sueur possible.

Cette histoire était complètement incroyable et pourtant si réelle.

Si Dynn n'avait pas vécu cette expérience, il ne l'aurait jamais cru de la bouche d'une autre personne. Il voulait trouver une solution autre que ce sacrifice, mais il pouvait bien comprendre que résister à un tel adversaire ne ferait qu'empirer les choses, et le président, en était lui aussi persuadé.

- Et... Et... Balbutia ce dernier en sanglotant de plus belle, zieutant le livre doré et la coupe de sang posés sur une tablette noir au centre de la pièce. L'inspecteur les avait ramené de la mystérieuse pièce. Et... pourquoi mon prédécésseur ne m'en a pas parlé? Je me serais gardé de toutes ces élections! Mon ex femme avait raison! Mes projets me mènent à la perdition. Rachelle avait raison inspecteur. Je rêve trop grand. Rachelle... Elle... Elle a toujours raison.

L'inspecteur leva ses sourcils, son visage arbora des airs surpris et gênés en même temps. Que venait chercher ce prénom dans cette conversation?

Il osa tapoter l'épaule gauche du président pour l'encourager à se resaisir.

- Vous n'auriez pas cru votre prédécésseur si il vous en avait parlé monsieur le président. Dit l'inspecteur avec grand sérieux. Vous auriez cru que c'était des balivernes.

- Mais moi je le dirai pourtant au président suivant, assura Émil, un nuage rouge dans les yeux. Je le dirai à tous les candidats des élections prochaines d'ailleurs! Ce poste est à fuir comme la peste! Ajouta t-il en postillonant sans s'en aperçevoir.

- Humm... fit L'inspecteur d'un air penseur et sévère. Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Cette organisation doit exister depuis fort longtemps, et il doit bien avoir une raison pour laquelle les présidents ne se le disent pas.

La Maison du Talent ( Appauvrir le Monde, Enrichir les Tombes)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant