CHAPITRE 48 : RIVIÈRE DE CHAGRIN.

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Si la solitude devait donner un exemple de ce qu'elle est vraiment, elle n'aurait trouvé aucun inconvénient à présenter l'image de la situation dans laquelle Clara Fesal était à l'heure actuelle, dans sa chambre.



La tatoueuse avait tout miser sur Inkiff. Elle avait craint de tatouer son visage sur le bras de Karl Marl, parce qu'il n'avait pas l'air vaillant. Et pourtant, ce dernier respirait actuellement, l'air froid de l'hiver à l'extérieur, des histoires à raconter plein la tête.
En plus de cela, il ne passerait même pas cet hiver seul, car la maison du talent lui avait donné une dulcinée.


Clara avait aussi évité les bras féminins. Oui, elle avait fait preuve de misogynie envers les femmes du groupe. À présent, elle était la dernière du groupe. Dans le rôle oisif, qu'elle avait jugé Karl d'avoir.

Les évidences sont trompeuses.Elle s'en souviendrait pour toujours.

Inkiff se révélait être le choix le plus mauvais. Pas parce qu'il n'était pas capable, mais parce que, lui, il ne voulait pas seulement sortir de cette maison, il voulait la détruire une fois pour toute, et si il le fallait, il disparaîtrait avec elle.

Si ce dernier ne trouvait pas sa solution dans les trentes prochaines minutes, il tomberait, et il emporterait la tatoueuse avec lui.



Clara Fesal avait beaucoup de qualités, mais le courage n'en était pas une. L'optimisme non plus d'ailleurs. Elle commença à pleurer de toutes ses forces lorsque l'aiguille des minutes de la petite horloge qu'elle avait posé sur le chevet de son lit, indiquait qu'il lui restait moin de trente minutes pour être sauvée.

Toute sa vie, on ne lui avait pas accordé une importance convenable. Elle était trop grosse, trop renfermée, trop célibataire, trop grincheuse, toujours trop quelque chose.

La maison du talent venait confirmer encore, qu'en effet, elle était à sa place, lorsqu'elle était loin des autres. Dans la guigne et la mal chance. Bien sûr que c'est ainsi qu'elle finirait; accablée. Le meilleur moyen pour elle de ne pas obtenir quelque chose, était de le désirer. C'était l'histoire de sa vie. Elle était ce genre de personnage dans un livre, que les lecteurs et lectrices espéraient voir s'en sortir, mais à la fin, l'auteur la faisait périr de la pire des manières!

Quelques minutes plus tôt, Clara avait usé de violence sur la porte de sa chambre. Il fallait qu'elle l'ouvre et qu'elle aille chercher des solutions elle-même. Qu'elle aille demander pardon à Mimos Relios, et qu'elle lui demande de faire preuve d'indulgence en sa faveur. Mais la porte ne s'était pas ouvert.

Elle aurait voulu faire savoir au vieillard qu'elle n'était pas si talenteuse que ça! Déssiner avec une aiguille n'avait aucun sens! Ils faisaient erreur.



C'est le coeur profondément abattu, et le corps tremblant de peur, que la tatoueuse finit par essayer, d'accepter son sort. Ses yeux obéissaient de plus belle, à l'état de son coeur; et elle pleurait comme jamais en montant son lit. Elle se hissa dans les couvertures, et regarda maussadement le plafond parsemé de terre.

Ses yeux n'avaient jamais autant pleurer. Son coeur était une rivière de chagrin.



Mélancolique, elle se mit alors à penser à son papa, sa maman, et sa petite soeur Casandra. Au moin, ses parents se seraient débarassés de leur fille obèse.
Casandra, avait plus de chance de se marier, elle et son joli petit corps. La dernière et préférée de la famille. Mais elle aimait sa petie soeur. Ce n'était pas de sa faute, si elle n'avait pas hérité des gènes de ses parents, et que son corps attirait plus d'un homme.


Clara était sur le point de mourir et aucun garçon ne lui avait fait le moindre baiser. Elle n'avait jamais eu de petit ami. Quel téméraire célibat! À quoi avait servit sa vie? Sa maman avait fait tous ces efforts le jour de l'accouchement, pour ça?



À mesure qu'elle pleurait, de nombreuses raisons d'être triste se proposaient à elle, et elle les laissait s'assoir dans son esprit sans la moindre résistance. Elle finit par se dire qu'en fin de compte, la mort était un échappatoire. Elle ne manquerait à personne à l'université de toutes les façons. Sa présence serait égale à son absence.



C'est sur ce fort sentiment de chagrin, que la tatoueuse ferma ses yeux, allongée sur son lit. Mourir ne lui faisait sincèrement plus peur, au point où, elle se mit carrément à dormir. À son réveil, la maison du talent aurait tous les droits de faire d'elle, ce qu'elle veut.

On aura beau chasser son destin, il reviendra toujours au galop, pensa t-elle avant de s'évanouir dans les bras reposant de Morphée.








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La Maison du Talent ( Appauvrir le Monde, Enrichir les Tombes)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant