La Maison du Talent ( Appauvrir le Monde, Enrichir les Tombes)

CHAPITRE 28 : DEUX PIANISTES.

Inkiff savait ce qui lui restait à faire: Écrire plus profond.

Pendant ce temps, dans une autre chambre de la même maison sinistre, le jeune homme répondant au nom de Prince Malo, passait un moment particulier.

Prince était un jeune homme noir de vingt ans, qui avait été adopter par un homme et une femme blanche, dans l’incapacité de faire des enfants. Depuis, ils en ont fait un pianiste extraordinaire. Malheureusement, la maison du talent était sur le point ( ou pas), de se procurer le talent de ce jeune homme.

Pour la petite anecdote, Prince avait même été dans le même orphélinat que Inkiff, mais ni l’un ni l’autre ne le savait.  Inkiff n’avait pas été assez chanceux pour attirer à lui des parents adoptifs, probablement à cause de son aura qui criait à son insu: “ Malheur! Malheur ! “

Prince Malo était un pianiste hors du commun, doué dans la composition des mélodies belles et mystérieuses. Il avait une personnalité musicale bien à lui.

Lorsque des langues étrangères tombèrent sur eux, dans ce couloir, Prince se dépêcha lui aussi dans sa chambre. La pièce le plongea dans un silence admiratif. Sa soif d'originalité étant étanchée sur le champ, il referma à double tours la serrure de la porte sans même s'en rendre compte, car un désir ultime de solitude l'envahit agréablement.
Sa chambre souffrait d’une plaisante singularité.

Le sol était couvert d’une vitre dans laquelle il y avait visiblement de l’eau. Mais ce n’était que le début de l’étrangeté. Sa chambre était grande et longue, tel un cube rectangulaire.  Et toute la moitié de la surface était occupée par un aquarium grand comme un mini bus. L’aquarium bouchait tout l'espace de la moitié de sa chambre.

L’aquarium était éclairé. On pouvait voir son intérieur. Il y avait de gros poissons qui arboraient des airs méchants. Ces poissons n’étaient pas normaux. Des poissons ne pouvaient pas être jugés méchants sur leur apparence et pourtant c’était le cas.
Ils rodaient autour d’un élément unique. Un grand piano à queue de couleur blanc était situé au centre de l’aquarium. Et un homme blanc qui pouvait visiblement respirer dans l’eau, jouait de ce piano d’un air absent.

En vrai, cet homme dans l’aquarium semblait mort, il n’y avait que ses doigts qui se baladaient sur les touches de l’instrument de musique. Il avait une longue chevelure qui flottait derrière lui et une peau très patraque à force d’être là où il n’appartenait pas.

À mesure que les poissons rodaient autour du pianiste d’un air menaçant,  Prince finit par deviner avec raison, que les poissons étaient là pour punir ce pianiste au cas où, il jouait une fausse note, ou, si il osait arrêter de jouer. La mélodie que jouait ce pianiste n’était pas seulement d’une magnifique tristesse, elle le maintenant surtout en vie.

Le grand aquarium et son contenu attira naturellement l'attention de Prince en premier, mais un piano à l'extérieur de l'aquarium était aussi situé dans un coin de la chambre. Il s’agissait aussi d’un piano à queue, mais celui-çi était maculé de beaux motifs aquatiques. Les touches étaient cependant transparentes et à l’intérieur Prince pouvait aperçevoir de l’eau se mouvant.

- In-cro-yable! Déclara t-il devant l’originalité de l’instrument.

Les choses étaient si créatives pour tuer! Tout ceci n’avait aucun sens! Pensa Prince en contemplant son entourage. Il ne remarqua même pas le confort que son lit à eau espérait lui procurer. Ce lit était tout aussi rectangulaire, et fait sous mesure selon la taille de l’occupant de la chambre.

Il y avait un mystère lié à ces lits. Mais il faudrait que Prince Malo reste en vie, pour le découvrir.
Aussi, sa chambre ne serait jamais dans le silence, contrairement à celle d’Inkiff. Car le silence signifierait que le pianiste des eaux avait trouvé la mort.
Il cogna sur la vitre épaisse de l'aquarium dans l'espoir que sa nouvelle star lui fasse le moindre signe qu'il reconnaissait sa présence, mais la vedette de la chambre de Prince resta figée, seuls ses doigts et ses pourfendeurs bougaient.

Il cogna de plus belle mais seuls les poissons s'amoncelaient de temps en temps à l'endroit où il touchait l'aquarium et retournaient menacer son omologue.
Prince ne trouvait pas les mots pour d'écrire ses émotions. Il trouvait que ce pianiste avait besoin de joie. Si il ne pouvait pas remarquer ses gestes et son bruit; allait-il peut-être être sensible à sa mélodie?

Il remarqua qu'un cable dans lequel circulait de l’eau, liait son piano à l'aquarium. Il devina alors qu'il pouvait et devait  intervenir. Il quitta son triste omologue du regard et dépêcha ses doigts sur les touches transparentes de l'instrument qui était à sa disposition.

Au dessus du piano, se trouvaient des mélodies écrites que Prince refusa de jouer, car elle allait à l’encontre de ce que jouait le pianiste vêtu de blanc dans l’aquarium. Ses doigts tremblaient sous le feu de la passion et de l'atmosphère qui régnait dans la pièce; et il joua selon son ressenti…

Fluidité, accord magique, sensibilité, Prince n’avait pas seulement été à l’école pour devenir pianiste, il était vraiment doué pour créer des mélodies uniques,  encore plus, maintenant que son talent avait le pouvoir de délivrer, et de briser des chaines.

Vingts minutes s'étaient écoulées et Prince Malo jouait de plus belles en fermant ses yeux sans même admirer les biens faits de son doigté.

En effet, Prince ne remarqua pas tout de suite qu'il jouait seul désormais et que son omologue faisait une pause sans mourir. Il ouvrit ses yeux un temps soit peu, et sa face s’enjoua à la vue de son omologue, ayant céssé de jouer, mais toujours inerte, et ses mains s’éloignant lentement de son instrument de musique.

À la vue de ce fait encourageant, le coeur de Prince se réjouit, et ses doigts gagnèrent en fougue sur son piano, car il réalisait que la santé de l’autre dépendait de sa mélodie.
Il joua encore et encore, accords sur accords, jusqu'a ce que le pianiste de l'aquarium tienne désormais ferme sur ses pieds devant son piano, il n’était plus assit.

Prince ne pouvait se priver de la récompense qu’il soupçonnait derrière le rétablissement de ce pianiste. Il joua comme si sa vie en dépendait; d’ailleurs c’était bien le cas.

Au bout d'une heure, le pianiste tutubait dans l'aquarium au milieu des poissons qui semblaient se demander d'où venait la mélodie, alors que leur pianiste ne jouait plus. Le silence était leur seul condition pour en finir avec ce dernier.

Le musicien de l'aquarium mit soudain ses mains sur les vitres d'un air absent comme pour demander de l'aide; mais au même instant un vacarme s'invita. On cogna à la porte de la chambre de Prince avec violence, et une alarme tintinnabula si fort, que Prince préféra d'abord utiliser ses doigts pour protéger ses tympans de ce son suraigu.

Il cessa alors de jouer malgré lui et porta son regard sur la porte, puis le riva fissa sur le pianiste de l'aquarium avec urgence. Grande fut sa désolation lorsqu'il vit le pianiste de l'aquarium de retour à son poste à la suite de plusieurs morssures de la part des poissons, à en juger le sang qui émanait de certaines parties de son corps. Le silence, aussi court serait-il, n'était alors pas permit. La moindre érreur était vite corrigée.

- QUI EST-CE ?! Rugit Prince  à l’endroit de la personne qui avait cogné à sa porte. C’est quoi ce bouquan?

En effet il y avait du bruit dehors.
Il se leva, se dirigea vers la porte en gardant son regard sur le pianiste de l'aquarium. Celui-çi jouait bel et bien à nouveau, comme si il n’avait jamais été intérrompu.

- Et merde! Gloussa Prince en tapant sa main droite sur son front. Fallait t-il qu’il passe une heure supplémentaire sur le piano pour ramener ce pianiste à l’état convenable qu’il recouvrait déja?

Il tourna la clé d’or de sa chambre, ouvrit la porte, et enfonça sa tête dans l'encadrement pour découvrir qui l'enquiquinait. C'était Mimos Relios. Il était dément, avait perdu son calme habituel et parcourait les couloirs à la recherche de quelqu'un ou de quelque chose. Il était accompagné, à première vue de plusieurs abeilles qui volaient partout dans le couloir. Mais Prince s’aperçut bientôt qu’il s’agissait de deux yeux humains collés, munis d’ailes. Il y avait une trentaine de ces choses là autour de Mimos qui continuait de chercher.

- TROUVEZ-LES!!! Ordonna le viel homme à l’adresse des yeux qui volaient, éffaré. Trouvez-les!!! Cherchez! Ils ne doivent pas être bien loin!

Prince observa les autres séléctionnés extirper leurs têtes des portes de leur chambres également. Tout le monde sauf les jumeaux Christopher et Morphé Sargatt. Ils n’étaient plus dans leur chambre, et Mimos Relios se demandait visiblement où ils étaient passés.