CHAPITRE 31 : SOUS-SOL.

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Jeanine Sona était enfant unique. D'origine indiènne, elle avait vingt et un an et était étudiante en gestion d'entreprise.
Ses parents s'étaient comportés avec elle, comme des lieutenants. C'est à dire, tout ce qu'elle était et savait était intentionnel de leur part.

Cette éducation parcimonieuse n'aurait pas forcément fonctionné chez tous les enfants, mais avec Jeanine Sona, le résultat était plutôt admirable. Ses parents l'avaient observés à la loupe, et avaient dénichés avant elle, qu'elle était faite pour les affaires. Vu son sens de l'économie dès son jeune âge, et son envie de multiplier son argent de poche, alors qu'elle n'y était pas obligée.

Elle était également douée dans l'intéraction avec les gens. Elle avait le don de faire prospérer des conversations importantes et des petites idées.

Avec la voix parlée qu'elle avait, on pouvait dicerner ou soupçonner, qu'elle serait appelée à donner des discours importants dans sa vie.

Mais il n'y a aucune certitude dans le potentiel. Pronostic n'est pas synonyme de science infuse. Dans les plans et les glorieux espoirs des parents de Jeanine Sona, n'était pas inclue la maison du talent. L'avenir de leur fille, avait désormais de grandes chances d'éttoufer à tout jamais, et c'était bien là, le principe de l'endroit dans lequel elle se trouvait.

Lorsqu'elle mit ses pieds dans la chambre que la maison du talent avait prévu pour elle, un fort sentiment de tristesse caressa son coeur. Ses parents lui manquaient, et elle ne pouvait s'empêcher de les imaginer abattus, à la suite de la disparition de leur fille. Sa tristesse se voulait plus importante, mais elle refusa de se laisser engloutir par cette émotion. Il fallait qu'elle réfléchisse. Elle laisserait la tristesse et le souvenir de ses parents être sa dernière pensée, si sa mort se confirmait irréversible. Pour le moment, il fallait chercher et trouver!

Elle s'en foutait de la décoration de sa chambre, qui était pourtant digne d'appréciation. Cette maison avait misé sur le visuel, mais son âme demeurait meurtrière.

Pour une fois, du bois parsemait le sol de la vaste pièce. Le plafond était entièrement couvert d'une vitre assombrie, et puisque la lumière était au-delà du plafond, la chambre ne bénéficiait que d'un timide éclairage.

Les murs de la pièce étaient peints en blanc, et parsemés de plusieurs grands tableaux. Dans plusieurs coins de la chambre, de nombreuses plantes aux feuilles multicolores étaient enfoncées dans des lots de terre sans pots pour les contenirs. Cette élégante pièce n'avait que pour seul meuble, un petit lit semblable à un box dans un coin.

Jeanine considérait bêtissime la présence des lits dans ces chambres. Qui voudrait faire un somme dans des conditions pareilles? Mais bientôt elle réaliserait qu'elle avait tord de penser de la sorte. Car dans la maison du talent, toutes choses avaient deux dimensions.

Jeanine balada son regard circonspect un peu partout dans le lieu faiblement éclairé. Tout semblait à sa place, et rien ne laissait penser que les apparences étaient trompeuses.
Elle se dirigea directement vers un tableau, pour l'ôter du mur. Elle espérait qu'une solution s'y cachait, et elle avait raison. Car, dans un coin lointain à sa gauche, se trouvait un espace encore moins éclairé que le reste de la chambre. Un trou carré menait à l'intérieur du sol. Jeanine se trouvait donc sur le toit d'un sous-sol.

L'espace s'était rendu disponible lorsqu'elle ôta du mur une toile sur laquelle était peint une ombre noir qui faisait un clin d'oeil sur arrière plan blanc.
Elle replaça le tableau sur le mur, et la pièce disparue à nouveau. Elle reprit le tableau entre ses mains et le sol se creusa derechef.
Elle posa finalement le beau tableau sur le sol et s'approcha de l'entrée de la nouvelle pièce. Un escalier conduisait bien en bas. Mais la pièce était plongée dans les ténèbres. Elle fut tentée d'avoir peur, mais l'idée du compte à rebours invisible la fit resister. De toutes les façons, elle ne resta pas sans encouragement pendant longtemps, car, de la pièce plongée dans la pénombre, s'amorça à haute et intélligible voix, un échange singulier entre deux parties :

La Maison du Talent ( Appauvrir le Monde, Enrichir les Tombes)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant