Maintenant qu'il connaissait le visage des jeunes talenteux qui se battraient avec lui dans ce lieu encore inconnu, Inkiff éprouvait encore plus de peine à l'idée d'avoir été impliqué dans leur sélèction. Mais il n'avait fait qu’obéir aux consignes impératives de son pourfendeur de père.
D'ailleurs, depuis qu'il décourageait sa résistance, son coeur frôlait la paix. Car régulièrement, les cauchemars étaient le canal par lequel Mimos Relios trouvait son chemin pour tourmenter, ordonner, obliger Inkiff ou quiconque d'autre, à obéir à ses commandements déplaisants.
Le jeune homme venait de pénétrer à pied son quartier solitaire. Une voiture d'ambulance de l'université avait bien voulu le déposer chez lui.
C’est avec une mine intriguée que le conducteur laissa Inkiff en plein milieu d’une route sans visible agglomération. Il fallait voir Inkiff pénétrer les hautes herbes comme un fantôme en ce début de soirée.
Le crépuscule jetait ses dernières lueurs et le ciel ne bénéficiait désormais que d'une infime part de lumière d'un soleil, qui courrait lentement vers l'est, la lune lorgnant déja le paysage, prête à prendre le relai.
En ce début de soirée d'été, sa saison préféré, Inkiff marchait seul avec nonchallence dans son obscure fief, les bras se balançant d'avant en arrière. Son blouson dans sa main droite, il attarda son regard terne vers le ciel qui s'assombrissait de plus en plus et pensa au soleil. Il se mit à imaginer un soleil triste, mais qui devait rester lumineux à cause de sa nature. Personne ne soupçonnerait qu'il va mal. Les apparences nous mentent! Pensa t-il.
Son quartier nommé Rive-Rivé était très sombre à présent. Seul la maison portant le numéro cinquante et un, était illuminée de faibles lumières. Le grand terrain de basket était entouré d’une quarantaine de maisons silencieuses. Comment cette zone avait suscité le désintérêt des gens? Inkiff ne le savait pas.
Il bifurqua tout doucement vers la droite et ouvrit les portillons de sa petite concession, qu’il avait acquit d’une façon tout à fait prodigieuse. Ses trois bergers allemands se précipitèrent à première vu dans le but de l'attaquer, mais rapidement, ils reconnurent leur maître et délaissèrent leurs airs méchant.Inkiff jeta son blouson sur son épaule gauche et s'accroupit pour caresser les molosses sans s'arrêter de marcher pour autant, il continua son chemin vers l'intérieur de la maison.
Il ouvrit la porte, activa un intérrupteur à sa droite, et une lumière faible émergea du plafond. Inkiff sourit légèrement à ses poèmes sur les murs comme si il s'agissait de plusieurs petites fenêtres par lesquelles des amis lui faisaient des clins d'oeil.
Il s'approcha d'un vynile situé entre de nombreux livres et activa une mélodie à volume bas. Il s'agissait d'un air triste de piano sur lequel un choeur fredonnait sans parole. La mélodie de piano lui fit penser à Prince Malo, le jeune homme dont le talent était celui de pianiste, parmi ses camarades de sacrifices.
Il avait retenu chacun de leurs noms et certains de leurs attributs sans effort. Il se souvenait encore de la magnifique voix parlée de Jeanine Sona, de la beauté singulière de Nathaly Sally la chanteuse, de la timidité apparente de Clara Fesal la fille en surpoid, de la ressemblance frappante des frères jumeaux, du sérieux intrigant de Samuel Nikel, des tics flippants de Karl Marl, et de l'extraversion excéssive d'Éthiènne Mull le supposé magicien.
Contrairement à Éthiènne Mull, Inkiff Relios n'avait même jamais eut l'occasion d'être extraverti. Car, littéralement, sa seule compagnie dans la vie, était des livres et des poèmes. Il pouvait passer des journées entières plongé dans des livres et n'en sortir que lorsqu'il fallait malheureusement dormir. Si les livres avaient été gratuit, il n'aurait probablement jamais eut besoin de travailler en tant que facteur.
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La Maison du Talent ( Appauvrir le Monde, Enrichir les Tombes)
Mystery / ThrillerWATTYS 2020 dans la catégorie Mystère/ Thriller. Inkiff est né avec les dons de chanter et d'écrire. Il ne chantera plus jamais cependant, car un rituel satanique, initié par son père, et centré sur le talent des hommes, lui a ôté cette belle facul...