CHAPITRE 10: LAIDEUR EXTRÊME SUR LE VISAGE DE L'ESPOIR.

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- Pendant qu'on y est, ajouta l'inspecteur. Je suppose que vous savez aussi comment sélèctionner les neuf autres jeunes talenteux qui doivent être sacrifiés?

Dynn Marshalls arborait à présent des airs de quelqu'un qui ne pouvait empêcher qu'une catastrophe arrive, bien qu'il en savait tous les détails.
Le visage de Inkiff s'inquièta pendant un instant. Il donna à l'inspecteur l'impréssion d'être dubitatif à l'idée de répondre à cette question. Le disque à vynile avait donné tout ce qu'il avait, et le silence devint alors total.

- Malheuresement, Oui! Minauda t-il finalement, rivant son regard vers le sol, l'air angoissé. Il y a un jour de cela, le hibou encagé que j'ai livré à votre adresse m'avait sincèrement semblé bizarre. Il provenait d'une école. Je suis très sensible à cet oiseau et j'ai sincèrement voulu fuir lorsque l'agence m'a confié ce colis anodin pour livraison. Comme quoi il faut respecter sa première intuition. Mais ensuite je me suis dit qu'après tout, le hibou est un volatile comme tout autre; les gens pouvaient aimer cet animal pour des raisons parfaitement conventionnelles...

Inkiff fit silence et dodelina lentement sa tête de gauche à droite, en y pensant.

- J'avais tord! Poursuivit t-il. Le lendemain, j'ai rencontré ce même hibou à la sortie de Rive-Rivé en essayant de sortir. Je crois que vous avez refusé de l'héberger...

L'inspecteur se souvenait de ce hibou qui aurait, soit disant, été livré à sa fille malade, pour des raisons d'exposé scolaire.

- ... ce hibou précisément n'est pas simple, continua Inkiff en rivant un peu plus sa tête vers la porte qui menait à une pièce autre que le living-room. Il est en fait utilisé pour prédire un malheur. Il lui suffit de voler dans votre entourage, au dessus de votre tête. Si vous perdez connaissance après ça, cela signifie simplement que vous êtes impliqués dans les projets de sacrifice de la maison du....

- J'aurais dû vous arrêter depuis fort longtemps jeune homme! Intérrompit l'inspecteur en regardant Inkiff avec authorité. On aurait dit que l'index qu'il brandissait pour accuser le dadais devant lui, aurait bien voulu s'enfoncer dans ses yeux. Si je savais qui vous étiez depuis tout ce temps . Cracha t-il en bougeant sans le vouloir son torse. Vous pédaliez cette bicyclette dans notre voisinage avec tant d'innocence, quelle fourberie!

Inkiff se contentait de regarder l'inspecteur avec un regret, mais aussi avec je-m'enfoustime. On aurait dit qu'il faisait de son mieux pour avoir l'air désolé. Après tout, il était vrai qu'il était tant bien que mal une victime dans l'histoire. Une victime qui en savait beaucoup.

- Et mes enfants!? Reprit l'inspecteur, faché en s'asseyant désormais à l'extrémité du fauteuil qu'il occupait. Une chouette avec des intentions pareilles dans ma maison! Mais vous vous rendez compte?

- Je regrètte monsieur! S'expliqua Inkiff. Il faut en effet que votre famille reste bien. Je n'avais pas...

- Ma fille! Coupa l'inspecteur dont la voix résonnait désormais comme un léger tonnerre dans la maison et même dans ce quartier inhabité. Ma fille est malade. Sa maladie est...

Sans prévenir, un air stupide s'agrippa soudainement sur le visage de l'inspecteur. Ses yeux se remplirent d'un sentiment que l'on ne pouvait percevoir pour le moment. Ça devait être, soit de l'exitation, de la crainte, ou une révélation.

- ... incurable? Finit-il par dire doucement, en joignant l'index de sa main gauche à sa lèvre inférieur. Il se leva lentement d'un air absent. Il y avait quelque chose dans sa reflexion, qui grandissait visiblement en intérêt. Inkiff le regardait avec des airs confus.

Après avoir éffectué quatres pas inconscient vers la porte, à force de réfléchir, l'inspecteur s'arrêta et tourna sur lui même. Il fit face au facteur qui était toujours assis dans son fauteuil, et le fixa sans rien dire pendant un instant.

- Vous venez de me guérir de mes blessures! Dit-il ensuite, en se parlant plus à lui même qu'au jeune homme de vingt ans.
Inkiff leva légèrement son mince sourcil droit, curieux.

- Vos poèmes sont salvateurs si vous le voulez! Ajouta l'inspecteur de police, de l'avidité s'installant lentement dans son coeur et sur sa face. Vous pouvez faire pareil pour ma fille! Vous pouvez la guérir Inkiff!

Des frissons parcouraient à présent le corps de l'inspecteur. Sa bouche ouverte et ses mains demandeuses, écartées devant le facteur capables de choses étranges; dans l'attente d'une réponse de la part de ce dernier.
Imaginer sa fille définitivement guérrit représentait un espoir qu'il avait nourrit toute sa vie. Il s'agissait là, de la chose qu'il désirait le plus au monde. Son coeur frappait fortement dans sa poitrine à force d'espérer hardemment un exaucement aussi particulier.

"Je ne peux pas le faire!" Entendit l'inspecteur!

- Pardon!? Dit-il l'air implorant.

- Je vais le faire! Je vais guérrir votre fille! Réitéra le facteur!

Le facteur avait dit qu'il allait soigner la fille la première fois, mais l'inspecteur avait entendu "Je ne peux pas le faire", car cela était trop beau pour être vrai.

- Je veux bien vous aider! Déclara le facteur derechef, en se levant et se dirigeant dans une pièce pénombrée de la maison.

L'inspecteur mit ses mains sur ses genoux. L'espoir qui prenait vit à cet instant était tellement puissant, qu'il ressentit presque littéralement, son poids sur ses épaule. Il n'arrivait pas à le croire.

Inkiff Relios réapparut dans la salle de séjour. Il tenait dans ses mains un petit flacon rempli d'une eau claire qu'il déposa sur la tablette , sans faire attention à Dynn qui s'était redréssé et le regardait sans rien dire. Si " Merci " cherchait un visage, il aurait probablement choisi celui de l'inspecteur à cet instant.

Le facteur saisit un des papiers colorés qui étaient sur la tablette. Il empoigna le stylo en forme de serpent, et se mit à écrire quelques vers sans hésiter...

"
Poison salvateur que tu refuses de boire.
Laideur extrème sur le visage de l'espoir.
Tente ta chance même si tu as peur du noir.
Tes peines et tes douleurs te diront: Au revoir. "

Le papier sur lequel il avait écrit le poème était de couleur vert. L'encre du stylo en forme de serpent demeurait noir.

Le poète empoigna, et le flacon transparent, et le papier sur lequel il avait écrit le poème, et marcha jusqu'à l'inspecteur qui essuyait à présent des larmes avec son nouveau t-shirt noir, longues manches.

- Je suis content de pouvoir vous aider. Intima Inkiff en donnant le flacon et le poème à l'inspecteur. Je vous le dois bien de toutes les façons. J'ai mis votre famille en danger.

Le costaud Dynn Marshalls avait l'air d'un enfant à présent. La possible guérison de sa fille était un point trop sensible pour qu'il continue de garder ses airs invinsibles. Son visage était couvert de larmes. Il tenait ce flacon et ce poème, comme un enfant à qui le père noël offrait le plus beau des cadeaux.

- Merci. Dit l'inspecteur, le flacon dans la main gauche et le poème dans celle de droite. Il ouvrit alors ses bras pour donner un calin à Inkiff.

Pour ce dernier, il semblait que les calins étaient un geste nouveau. Il regarda l'inspecteur avec horreur, comme si il s'agissait là d'un défit.
Inkiff restait trop souvent chez lui et n'avait pas d'amis. Il savait que les humains qui vivent ensemble avaient des manières de faire les choses, qu'il ignorait. Il fallait donc qu'il dévine de quoi il s'agissait le plus rapidement possible.

Il finit par foncer la tête la première dans les bras de l'inspecteur, comme un taureau. La tête du poète cogna la poitrine de l'inspecteur, faisant de ce calin, l'accolade la plus étrange de l'histoire de l'humanité.

L'inspecteur délaissa soudain son ton larmoyant, et regarda le jeune homme avec horreur et humour. Puis il éclata de rire.





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