CHAPITRE 47 : FRÈRE JACQUES.

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Ce lieu dans lequel le talent était mit en évidence, avait peut-être pour but de faire périr ses invités, mais il deviendrait une expérience absolument singulière pour quiconque viendrait à en sortir saint et sauf.

Prince Malo ne regardait jamais son horloge. Il l’avait déposé sur le dos de son original piano à queue. Mais ça n’était pas une raison suffisante pour distraire cet horloge dans ses fonctions, car le compte à rebours y évoluait tout de même. D’ailleurs, l’aiguile des heures semblait en avoir marre qu’on ait décidait d’elle, qu’elle serait lente. Elle donnait l’impréssion de courir désormais, vers  l'accomplissement de la malheureuse promesse envers le potentiel du jeune pianiste.

Il semblait que, à chaque fois que les poissons réussissaient à mordre le pianiste de l’aquarium, le délivrer demandait encore plus d’éffort et de temps, qu’avant. C’est la raison pour laquelle Prince, ne rivait plus ses yeux sur le résultat, mais plutôt sur le plaisir. Le plaisir de jouer. Le plaisir d’avoir trouvé sa voie.  Celui d’avoir trouvé le vide, qu’il était né pour combler.

Le don d’un homme est l’arme qu’il utilise pour combler le vide qui porte son nom sur terre.

Il jouait de cet instrument à l'intérieur d'une éternité plaisante et passionnante. Mais les choses prirent une autre tournure, au bout d’un long moment, lorsque Prince commença à fatiguer. Il lorgna malgré lui l’horloge qu’il avait tantôt décidé d’ignorer, mais on ignore pas un objet qui a le pouvoir de terminer nos jours.
L’aiguille des heures en avait finit avec l’étape “ Presque mort “ et cheminait joyeusement vers l’étape “ Mort “.

En plus ce pianiste de l’aquarium semblait accro à l’immobilité. Dans l’esprit de Prince, une horrible pensée selon laquelle son homologue était mort traversa, mais il mit cette penser en état d’arrestation.
Il était hors de question qu’il discute avec cette imagination.

À force de commencer à paniquer, Prince qui continuait de jouer malgré la naissante fatigue, joua une fausse note, et quelques poissons en profitèrent pour goûter le pianiste de l’aquarium qui fit un brusque mouvement de douleur. C’est ainsi que Prince sut que son homologue n’était pas mort.

Il continua donc de jouer, tandis que le temps passait, et que l’espoir s’éloignait de lui. Il était pourtant convaincu que jouer les partitions compliquées qui étaient écrites sur un carnet devant lui, délivrerait ce pianiste de sa prison remplie d’eau.
Prince commeçait même à en vouloir à ce dernier. Il ne faisait aucun effort ce fainéant! Pensait-il, en voyant l’aiguille des heures courir vers sa ligne d’arrivée.

La panique le gagnait désormais. Il fatiguait et ses doigts devenaient lourds. Il allait laisser ces poissons blesser ce pianiste à nouveau. Il se donna deux minutes supplémentaires. Si le pianiste dans l’aquarium ne réagissait pas, il cesserait de jouer, pour se reposer.

Cent-vingt secondes passèrent bel et bien, et le pianiste de l’aquarium continuait de flotter verticalement dans l’eau, ses longs cheveux ondulants lentement, et sa peau blanche, côtoyant désormais la couleur de la neige.

Prince s’énerva et céssa de jouer. Le pianiste de l’aquarium paya le prix, naturellement. Il eut un grand mouvement de panique dans l’aquarium. Le sang du pianiste colora pendant un moment l’eau, puis elle redevint transparente. Le pianiste était retourné à son poste. Ses doigts étaient d’une telle rapidité dans l’eau!

Prince se demanda à quel point ce dernier devait être rapide hors de l’eau sur un piano, si avec la pression de l’eau ses doigts étaient aussi véloces.

Il s’assit sur son lit à eau. Il pouvait littéralement entendre son coeur battre. Il battait au rythme de l’aiguille des secondes de l’horloge. Les choses se passaient très mal pour Prince Malo.

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