La Maison du Talent ( Appauvrir le Monde, Enrichir les Tombes)

CHAPITRE 13 : MOURIR VIDE.

Inkiff avait son bras droit sur le bord de la fenêtre ouverte, et pour la première fois, l'inspecteur avait l'impréssion que le jeune homme prenait du plaisir. Le vent tapait dans son visage et de temps en temps, il fermait ses yeux comme pour profiter du moment.

- Je n'éprouve aucun plaisir à embarquer ces jeunes gens dans cette aventure inspecteur. Dit le facteur, la mine désolée.

L'inspecteur ne dit rien. Il continuait d'obéir à la voix féminine du GPS. Il semblait lui même, en chemin vers un enterrement.

- J'ai sincèrement pensé à me suicider un jour.

L'inspecteur lui accorda un regard bref cette fois, et le riva à nouveau sur la route.

- Le suicide est un acte de bravour et de lacheté en même temps. Poursuivit le facteur sans avoir besoin que l'inspecteur réagisse. Bravour parce qu'il faut du courage et de l'audace pour mettre fin à ses jours. Lacheté, parce que c'est trop facile d'abandonner. J'ai choisi de rester en vie.

" Tournez à gauche... " résonna au même moment que la chouette derrière, ulula avec douceur.

-... Je me suis souvent poser la question de savoir : Si on avait laissé le choix de la vie à chaque humain, pensez-vous que tout le monde aurait dit Oui? Les parents sont si heureux d'avoir leur bébé après l'accouchement, mais ce bébé là, il n'est peut-être pas de cet avis. Lorsqu'il grandira, son coeur sera en proie à tellement de ressentis. La haine, la jalousie, l'amour oui. La paix? Difficile. L'orgueil, l'envie, l'accablement...Tous ces sentiments et émotions qui font la guerre au coeur de l'homme. Vivre n'est pas toujours une partie de plaisir. On devrait demander aux gens leurs avis avant de les faire venir sur terre. Plusieurs ne sont pas assez fort pour vivre.

L'inspecteur refusa d'intérrompre le monologue du jeune homme et continuait de cheminer vers l'UIA sous la tutelle de la tablette. Il comprenait bien que c'est de l'abondance du coeur que la bouche parle, et Inkiff le confirmait bien.

- Être humain n'est pas simple. Et lorsque tu nais tu ne peux plus faire démi-tour. Il faudra je suppose faire quelque chose de bien de ton tour sous le soleil. Pour certains, réussir sa vie, c'est se faire beaucoup d'argent. D'autres veulent que leurs noms soient connus de tous. Peu importe l'objectif que l'homme se donne sur terre, ce but est souvent entaché d'une banalité en fin de compte. La mort inspecteur... Elle donne un caractère si éphémère à la vie. Et dès l'instant où tu es mort, c'est comme si tu n'avais jamais vécu. Tu ne vivras désormais que dans le souvenirs des gens qui t'ont connus. Mais lorsqu'ils mourront à leur tour, tu disparaitras complètement.

Un silence tomba dans le véhicule. Un silence de deux minutes. Ils se rapprochaient considérablement de l'Université des arts à présent, car le haut batiment de ce dernier pointait son toit dans le ciel désormais.

- Mais j'avoue, reprit Inkiff. J'avoue que la maison du talent, contre toute attente, m'a apporté quelques réponses en ce qui concerne le but de la vie de l'homme.

- Et qu'est ce que c'est? Demanda cette fois l'inspecteur à moin d'un kilomètre de l'université.

- Mourir vide! Déclara Inkiff. Parce que oui, le cimetière est probablement l'endroit le plus riche du monde.

- Développe s'il te plait.

- Lorsqu'un homme meurt avec tous ses projets et talents à l'intérieur de lui, il enrichit le cimetière. Mais lorsqu'il libère tout son potentiel sur terre, le cimetière acceuille une coquille vide, démuni de toutes richesses. Ce n'est pas le genre d'homme que les cimetières aiment acceuillir en son sein, car ils sont mort vides et ne donnent rien à manger à la terre.