Le royaume de la nuit

La visite

— Si vous êtes de son côté vous n'avez rien à craindre et au contraire elle sera un précieux atout mais si en revanche vous l'avez contre vous, Itsangy sait se montrer cruelle et sans scrupule. Ne vous fier pas à son visage juvénile et innocent. Cette femme peut être le diable incarnée si l'envie lui en prenait.

Onix déglutit bruyamment et doutait sérieusement à présent de son union prochaine. Il remercia poliment Medhi et s'éclipsa dans sa chambre. Il s'assit lentement sur son lit en réfléchissant à ce qui serait le mieux pour lui. Au bout de quelques minutes de vaines réflexions il se leva précipitamment. Il quitta la pièce et traversa le couloir d'un pas rapide jusqu'à l'extérieur. Il emprunta le premier véhicule disponible et fonça en direction du territoire des sorciers. S'il devait vraiment l'épouser il voulait en savoir plus sur elle. Au bout d'une longue heure de route il arriva enfin sur le territoire d'Itsangy. Il brisa à nouveau la barrière de défense constitué d'air et frappa vigoureusement à la porte du clan des sorciers. Une jolie brune aux yeux oscillants entre vert et dorée ouvrit la porte le sourire aux lèvres.

— Deux visites de notre roi en deux jours, je suis flattée. Vous cherchez sans doute votre promise ? demanda-t-elle en souriant.

Onix hocha la tête légèrement troublée par la beauté et l'innocence de la sorcière planté devant lui.

— Suivez-moi, lâcha-t-elle en lui tournant le dos.

Onix la regarda déambuler d'une démarche légère et gracieuse en souriant à son tour. La jeune femme traversa toute la maison, quitta celle-ci pour s'engager dans l'arrière-cour où un immense jardin s'étendait devant leurs yeux avec des fleurs toutes plus colorées les unes que les autres. Un vrai feu d'artifice de couleurs.

— Vous savez qui je suis, mais vous, qui êtes-vous ? demanda Onix en poursuivant sa traversée du jardin.

La jeune femme se retourna légèrement vers lui en marquant un temps d'arrêt surprise que le roi s'intéresse à elle.

— Je m'appelle Jade, je suis une sorcière et également la sœur cadette d'Itsangy.

Le visage d'Onix se décomposa. Comment étais-ce possible ? Celle-ci était brune alors que sa sœur était blonde.

— Je sais on ne se ressemble pas beaucoup. Je suis comme qui dirais issue du mauvais côté du lit.

Onix mit quelques secondes à comprendre le sens caché de la phrase de Jade. Celle-ci était donc le fruit d'une aventure extra-conjugale d'un de ses deux parents.

— Je suis désolé, je n'aurais pas dû me montrer aussi curieux.

— Il n'y a pas de mal votre majesté. Je ne suis pas le moins du monde gênée de mon identité.

Celui-ci hocha la tête sans savoir quoi répondre et Jade reprit sa marche jusqu'à un petit escalier. Elle s'arrêta en se retournant vers Onix qui manqua de peu de rentrer en collision avec elle.

— Ma sœur se trouve dans son repère en bas de cet escalier, je ne vous accompagne pas et vous dis à bientôt pour votre mariage.

— A bientôt, lâcha-t-il en l'observant rebrousser chemin.

Onix secoua légèrement la tête en souriant et descendit rapidement l'escalier. Il leva le poignet pour frapper à la porte mais celle-ci s'ouvrit d'elle-même. Il leva les yeux au ciel et pénétra dans la pièce à la recherche d'Itsangy. Celle-ci se tenait assise sur le bord de la fenêtre une tasse fumante à la main.

— Onix, lâcha-t-elle en portant la tasse à ses lèvres.

Il avait prévu tout un tas de questions à lui poser mais étrangement cette sorcière arrivait à lui faire perdre ses moyens. Il resta la fixer sans un mot et elle porta à nouveau la tasse à sa bouche avant de se lever et de rejoindre Onix.

— Je ne pense pas que vous soyez venue jusqu'ici pour me regarder boire mon thé ?

— Non, en effet. J'ai besoin d'en savoir plus sur vous, sur votre personnalité, sur vos aspirations, enfin tout ce qui vous concerne et qui accessoirement me concerne également.

Elle soupira.

— Puis-je vous proposer une tasse de thé ? demanda Itsangy en fixant Onix la tête légèrement courbé sur le côté.

— Non, merci. J'aimerai qu'on discute !

Elle haussa les épaules et avala rapidement le reste de son thé avant de poser la tasse délicatement sur le buffet. Elle se retourna et glissa sa main dans celle d'Onix afin de l'entraîner dans une immense pièce où trônait un unique canapé blanc. Onix ressentit à nouveau le pouvoir et la force s'emparait de lui et une lueur bleuâtre tournoya autour de leurs poignets. Itsangy s'assit sur le canapé imité par Onix. Celle-ci ne lâcha pas pour autant la main d'Onix et le fixa droit dans les yeux.

— Je vous écoute Onix, lâcha-t-elle avec une pointe de contrariété dans la voix.

— J'ai récemment appris que vous pouviez vous montrer cruelle...

Elle éclata d'un rire cristallin en lâchant la main d'Onix.

— C'est donc ça que vous voulez savoir ? Si je vais vous nuire durant votre règne ?

Onix se sentit mal à l'aise devant la perspicacité d'Itsangy, et il hocha légèrement la tête.

— Onix, je suis la plus respectée des sorcières malgré mon jeune âge. Comment croyez-vous que j'ai pu gagner ce respect ?

Onix souleva les épaules.

— J'ai en effet pour protéger mon clan et moi-même eu recours à la cruauté. Je maîtrise non seulement la sorcellerie à un très haut niveau, certains élément comme le feu et l'air, mais je lis aussi dans les pensées et de pars tous ses éléments, je peux être une ennemie redoutable. Cependant si je souhaite vous épouser c'est juste pour que mon statut puisse protéger mon clan. Je ne vivrais pas avec vous et vous me verrai très peu. En revanche, comme convenue, je vous aiderai à tenter de comprendre ce qui se cache derrière ses disparitions.

— A quoi nous servirai ce mariage si l'on se voit très peu ? demanda Onix perplexe.

— Je vous aiderai et en échange grâce à moi vous conserverai la tête du royaume. Notre arrangement s'arrête là.

— Vous... êtes quelqu'un d'étrange Itsangy.

Elle lui sourit sans répondre.

— Je peux avoir votre parole que vous m'aiderez concernant les disparitions ?

— Onix, je suis une femme de parole et... très occupée.

Ce dernier compris que son entretien avec Itsangy touchait à sa fin et il soupira.

— Pourquoi j'ai l'impression que vous cherchez toujours à fuir le contact ? demanda-t-il en l'observant se lever du canapé.