Le royaume de la nuit

Regret

L'heure du déjeuner arriva et Itsangy dormait toujours profondément. Onix déjeuna en compagnie de quelques membres de sa garde. Avant cela il avait fait préparer un plateau repas pour les 4 sorcières du château à l'exception d'Itsangy. Il voulait lui apporter lui-même son plateau mais comme elle dormait toujours, il déjeuna en attendant. Il passa tout son déjeuner à se demander comment il allait pouvoir annoncer son dérapage à Itsangy...sans trouver de réponse à sa question. Une fois son repas englouti, il se leva comme un automate, réchauffa le plat d'Itsangy et lui apporta son plateau. Elle dormait toujours, c'était le calme avant la tempête. Il déposa le plateau sur la table de chevet et lui caressa délicatement les cheveux. Il s'en voulait tellement d'avoir couché avec Jade qu'il avait comme des crampes à l'estomac. Elle papillonna des cils et ouvrit les yeux doucement. Un petit sourire illumina son visage et Onix déglutit...il avait perdue toute sa détermination devant elle. Itsangy lui attrapa la main et le tira doucement vers elle pour l'embrasser. Il se laissa faire, bien qu'intérieurement la culpabilité le dévoré. 

 — Je t'ai apporté ton plateau repas, tu dois reprendre des forces, ma belle ! 

Elle se redressa péniblement. Elle avait des courbatures dans tout le corps. Onix la fixait impuissant. 

— Je suis désolée de ne pas avoir pu aller au bout de la reconstitution. Je réessayerai ce soir. 

— Il n'en est pas question ! Tu as failli mourir tout à l'heure...tu avais les lèvres bleues, les battements de ton coeur ralentissais et tu convulsais...j'ai...j'ai bien cru te perdre. Heureusement que les sorcières du château y compris ta sœur étaient là pour te sauver ! 

— Pourquoi tu as fait appel à Jade ? Je ne veux rien lui devoir ! 

— C'est Syléaf qui a été la chercher, et je suis bien content qu'elle l'ai fait, sinon tu serais morte! 

Elle esquissa un petit sourire. 

— Tu étais inquiet à ce point mon petit mari ? lâcha-t-elle en l'embrassant. 

Il rompit son baiser. Il se sentait tellement mal à présent mais il était incapable de lui dire la vérité maintenant. 

— Bien sûr que j'étais inquiet pour toi, tu es ma femme ! Allez, maintenant restaure toi, je repasserai te voir tout à l'heure. 

Il se leva, prêt à partir mais elle contrôla l'air pour le faire basculer sur le lit. 

— Pourquoi tu veux déjà t'enfuir ?

— Je ne veux pas m'enfuir, je veux juste que tu te reposes, ton corps a été mis à rude épreuve ! 

Il déposa un baiser appuyé sur ses lèvres et quitta la pièce, honteux. Il ne savait plus que faire tant la culpabilité le rongeait. Il hésita à faire demi-tour pour tout lui balancer d'un coup mais il voyait son courage s'envoler au fur et à mesures des minutes écoulées. Il finit par remonter sur le lieu de son délit, il frappa et entra dans la chambre de Jade. Elle lui sourit avec un sourire étincelant. 

— Je te manquais déjà ? demanda-t-elle guillerette. 

Il déglutit et s'assit sur le lit à ses côtés. 

— Ce qui s'est passé entre nous n'aurait jamais dû avoir lieu. J'aime ta sœur, sincèrement, malgré son caractère merdique et ses crises de violences. Je suis désolé, j'aurai dû être capable de résister à ta tentation par amour pour elle...je regrette et je ne veux pas que tu entretiennes de faux espoirs. Il ne se passera plus rien entre nous deux, Jade. 

Son sourire n'avait pas quitté ses lèvres.

— Je n'espère rien de toi, Onix. J'avais juste envie de sexe et tu m'as parfaitement comblée. Je sais que tu aimes Itsangy, je ne suis pas bête et désespérée à ce point. 

— Même si je ne te rejette pas la faute car je suis autant fautif que toi, pourquoi tu m'as allumé si tu savais que j'aimais réellement Itsangy ? 

— Tu es la seule chose à l'exception de Mélissa à laquelle ma chère sœur tienne. Je veux qu'elle ait mal quand elle découvrira pour nous deux. Je veux la blesser comme elle me blesse chaque jour avec son comportement. Je sais que je n'ai pas la même mère qu'elle et Mélissa mais on a le même père, comment peut-elle me traiter de la sorte ? Je ne lui avais rien fait, Onix. Dès que je suis revenue dans le clan des sorciers à mes 15 ans, elle m'a tout de suite rejetée. Elle n'a même pas essayé d'apprendre à me connaitre. J'ai essayé pendant des années de créer une relation avec elle, mais il n'y a rien à faire, elle ne supporte pas le fait que notre père ait trompé sa mère...mais j'y suis pour quoi moi dans cette histoire ? Elle ne se rend pas compte à quel point ça me fait mal de voir comment elle me rejette alors que je la vois chouchouter Mélissa comme si c'était son bon Dieu. C'est injuste ! 

Le sourire de Jade s'était effacé et Onix aperçut même dans son regard des yeux brillants de larmes. 

— Tu fais fausse route, Jade. Elle m'a confié qu'au contraire elle ne te détestait pas. Je ne sais pas pourquoi elle se comporte comme ça avec toi mais je sais qu'à sa façon elle tient à toi. Tu es sa famille et je n'ai jamais rencontré une personne pour qui son clan et sa famille était si important. 

— Je n'y crois pas ! Elle ne peut pas réagir ainsi avec moi et dire haut et fort qu'elle ne me déteste pas. Dès qu'elle me voit j'ai l'impression qu'elle va me fusiller sur place. C'est qu'une fille à papa égocentrique ! Elle m'a déclaré la guerre, Onix...

Celui-ci posa une main sur celle de Jade, pour l'apaiser.

— Calme-toi, Jade. Crois-tu qu'elle se serait interposée entre la meute de métamorphes et de loups qui s'en sont pris à toi, si elle te détestait ? Crois-tu vraiment qu'elle aurait risqué sa vie pour toi, si elle ne tenait pas à toi ? Elle a dû accepter le gène de loups pour te sauver la vie et ne te l'as jamais reproché alors qu'à cause de ce gène, vous avez dû être banni de votre territoire. Elle ne dit rien mais je suis certain que cela lui coûte de ne plus pouvoir veiller sur son clan. Tu ne crois pas que c'est une preuve assez grande ? Elle a beaucoup de défauts mais elle est entièrement dévouée à sa famille et tu fais partie de cette famille, Jade.

Jade baissa le regard au sol. Les paroles d'Onix venait de l'emmener à réfléchir. Elle était perdue et ne savait plus quoi penser.