Le royaume de la nuit

Sacrée nouvelle !

Onix s'assit à table et fixa Itsangy en souriant.

— Femme, servez moi ! lâcha-t-il, en se retenant de rire.

— Eh bien figure-toi que j'allais le faire, mais maintenant tu peux aller te brosser !

Elle s'assit à table avec son assiette et Onix sourit. Il se leva, passa derrière elle, repoussa ses cheveux sur le côté et déposa un baiser sensuel dans son cou. Puis, il se redressa et alla se servir une assiette. Le repas se passa dans la bonne humeur et durant l'après-midi Itsangy alla s'entraîner à maîtriser les quatre éléments. Onix la regardait faire, étonné, qu'en si peu de temps sa technique et sa puissance frôlait la perfection. Il était tellement concentré à regarder sa femme s'entraîner qu'il sursauta quand son portable sonna. C'était un numéro qu'il ne connaissait pas.

— Bonjour « maître », lâcha l'interlocutrice en riant.

Sans même dire son nom, Onix savait avec la petite raillerie du « maître » que c'était Lilianna.

— Lilianna, quel plaisir de vous entendre. Comment allez-vous ?

— Bien. Je n'ai rien à faire, je peux passer au château ?

Onix sourit devant la spontanéité de cette fille.

— Bien sûr. Je suis dans la cour arrière avec ma femme. A tout à l'heure.

Elle raccrocha et Onix se leva aussitôt. Il voulait prévenir Itsangy avant une potentielle crise de jalousie dévastatrice. Il se plaça contre son dos, et l'enserra dans ses bras les mains sur son ventre.

— Mon amour, ne te fâche pas, mais j'ai accepté qu'une connaissance que j'ai faite en boite de nuit vienne au château passer le reste de l'après-midi.

Elle se retourna vers lui brusquement en le vrillant du regard.

— Qui ? demanda-t-elle d'emblée.

Onix sourit. Étrangement cela lui faisait plaisir de la voir aussi jalouse.

— Elle s'appelle Lilianna. C'est juste une amie Itsangy et... elle est aussi élémentaliste, sorcière et nécromancienne.

— Une sorcière ? C'est impossible !

— C'est ce qu'elle m'a dit en tout cas, mon amour. Ne soit pas jalouse, tu sais très bien que c'est toi que j'ai envie de prendre !

— Arrête de parler aussi vulgairement !

Il sourit, et moins d'une demi-heure plus tard, Lilianna pénétra dans la cour arrière du château un grand sourire aux lèvres. Elle était vêtue de la tête aux pieds de blanc. Seul une ceinture verte marquait sa taille. Elle serra Onix dans ses bras comme si c'était un vieil ami avant d'en faire de même avec Itsangy qui se figea devant cette démonstration d'affection. Lilianna se présenta poliment à Itsangy.

— Comment pouvez-vous avoir du sang de sorciers dans les veines ? Je ne connais aucun sorcier solitaire n'ayant pas eu fait partie de mon clan, lança d'emblée Itsangy.

Onix leva les yeux au ciel. Côté politesse, on repassera. Lilianna sourit.

— Mon père est un sorcier, Itsangy.

— C'est impossible ! Et pourquoi je n'arrive pas à lire en vous ?

— Je vous jure que c'est la vérité. Quant à ma faculté d'imperméabilité de mes pensées, je n'y peux rien, je suis née comme ça. Certainement en lien avec mon... métissage.

Itsangy s'apprêta à répliquer mais Onix l'interrompit.

— Lilianna, vous avez pu faire connaissance avec ma charmante femme. Vous voulez boire quelque chose ?

— Non merci Onix. Je ne suis pas venue en ennemi, Itsangy. Je suis une solitaire, je n'ai pas et je ne veux pas de lien avec ce royaume.

— Qui est votre père ? demanda Itsangy, toujours sur ses gardes.

Lilianna souleva les épaules.

— Je ne l'ai jamais rencontré, je ne crois même pas qu'il sache que j'existe. Ma mère ne lui a jamais rien dit. Mais elle m'a dit qu'il s'appelle... Amos et elle l'a quitté quand elle a compris qu'il lui mentait et qu'en vérité il était déjà marié à une sorcière.

Itsangy se figea, comme si son cœur venait de se décrocher pour atterrir à ses pieds. Ce n'était pas possible. Onix avait la bouche légèrement entrouverte devant les révélations inattendues de Lilianna et il vit du coin de l'œil Itsangy vaciller légèrement. Il passa un bras sur ses hanches et l'aida à s'asseoir au sol en s'asseyant lui aussi. Lilianna suivi le mouvement mais ne comprenait pas vraiment ce qui se passait.

— Ça va aller ? Je suis désolée, je ne voulais pas vous mettre dans cet état. Je... je peux repartir si vous voulez ?

Itsangy la fixa droit dans les yeux.

— Mon père, s'appelait aussi Amos. C'était un pervers et...il était bien marié à une sorcière. Et... il n'y avait qu'un Amos dans le clan des sorciers.

Lilianna cligna des yeux bêtement. Elle qui était juste passée car elle s'ennuyait, ne s'attendait pas à découvrir qu'elle était la demi-sœur caché d'Itsangy.

— Si on a le même père, ça fait de vous...ma sœur ? demanda Lilianna en ayant du mal à croire ce qui se passait.

Itsangy hocha la tête de haut en bas.

— Vous avez de la chance de ne pas l'avoir connu, Lilianna.

Celle-ci ne répondit rien. Elle ne le connaissait absolument pas et ne pouvait se faire aucune idée du personnage. Itsangy fixait le sol et faisait de petits cercles avec son index sur la terre créant de petits cratères. Lilianna sourit en voyant sa sœur contrôler la terre.

— Vous aussi vous contrôlez les éléments ? On pourrait peut-être se tutoyer ?

Itsangy hocha le menton.

— Depuis peu, les quatre éléments, oui.

— Tu es à quel niveau sur l'échelle des éléments ? demanda Lilianna à sa sœur.

Itsangy haussa les épaules. L'échelle des éléments est un instrument permettant de mesurer l'intensité du pouvoir d'une personne. Il ressemble vaguement à un thermomètre mais avec uniquement 5 traits « Faible », « moyen », « maîtrise », « expert », « chevronné ». Lilianna sourit, fit apparaître en un clignement de cil le petit instrument et le planta devant le genou d'Itsangy. Onix fixa Itsangy et se leva précipitamment voyant déjà un halo bleuâtre l'envelopper, il s'écarta de quelques pas et Itsangy frappa le sol avec ses paumes. Le sol s'ouvrit en deux sur plusieurs kilomètres, déracinant au passage trois arbres et faisant exploser le petit instrument. Une forte déflagration retentit sur tout le domaine. Lilianna explosa de rire, elle se trouvait au milieu des deux fissures. D'un geste de la main, elle referma le sol.

— OK, OK, on va oublier l'échelle des éléments.

Onix sourit, fier de sa femme.