L'union éternelle

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Itsangy avait un regard résolu et à la fois effrayant de détermination. Elle s'avança jusqu'à entrer en contact direct avec Onix. Elle posa une main sur le torse d'un Onix troublé par ce changement soudain de comportement et s'approcha de ses lèvres.

— Itsangy, je ne comprends pas... commença Onix.

— Il n'y a rien à comprendre, Onix. Je vais être votre femme.

— Mais je croyais que c'était un mariage d'affaire et que vous...

Elle l'embrassa subtilement avant que celui-ci ne devienne plus attractif. Itsangy agrippa Onix par le cou avant de faire courir ses doigts le long de son dos. La respiration de ce dernier s'accéléra sous les caresses de sa fiancée mais il réussit à reprendre possession de son corps.

— Itsangy, au risque de me répéter, je ne comprends pas ce changement de comportement. Hier, vous m'avez quasiment mis à la porte et là, vous devenez entreprenante... J'ai dû mal à vous suivre.

Elle soupira en reculant d'un pas afin de laisser une distance suffisante entre eux deux.

— Je me suis mal comportée hier, Onix. J'ai beaucoup trop de chose en tête et ça impacte sur mon comportement. Je suis désolée et vous présente mes excuses.

Onix fixait Itsangy comme s'il n'en revenait pas qu'elle s'excuse. Cela ne lui correspondait tellement pas.

" À moins que sa froideur ne soit juste qu'une armure ? " songea Onix, perplexe.

— J'accepte vos excuses Itsangy, mais il me semblait que les choses étaient claires entre nous. Juste un mariage " amical ", lâcha Onix en accentuant sur le dernier mot.

— En effet on ne sera jamais un couple, mais je ne me marierai qu'une seule fois, alors je pense pouvoir profiter de ce qui est à moi.

Onix sourit devant la franchise d'Itsangy.

— Ça a le mérite d'être franc, donc je suppose qu'à l'inverse si l'envie me prenait de vous faire...hum...euh...

— L'amour ? suggéra Itsangy en riant devant le malaise soudain d'Onix.

— Ne lisez pas dans mes pensées ! s'offusqua Onix.

— Pour le coup ce n'était pas très dur à deviner même sans lire dans vos pensées. Et, pour répondre à votre question, je serais votre femme donc oui je serais à votre disposition.

Onix, la fixa bêtement comme s'il s'attendait à ce qu'elle rajoute " je plaisantais ", mais ce ne fut pas le cas.

— Donc si je résume bien les choses, on sera marié, on pourra s'embrasser et faire l'amour mais on ne sera pas en couple ?

Elle hocha la tête.

— C'est bizarre comme mentalité. Mais je ne vais pas m'en plaindre bien sûr, j'aurais les avantages sans les inconvénients.

Elle fronça les sourcils et Onix lui sourit en l'agrippant brutalement par l'épaule pour la serrer dans ses bras. Elle se laissa faire sans broncher.

— Cet arrangement me convient de plus en plus, lâcha Onix en déposant un baiser sur le front de sa promise.

De légers coups cognèrent à la porte et elle s'ouvrit sur Medhi.

— Maître, Itsangy, le moment est venu de vous unir. On vous attend d'ici quelques minutes dans la grande salle.

Itsangy hocha la tête.

— On y sera. Comment se passe la cohabitation entre les divers peuples ? demanda Onix.

— Jusqu'ici, nous ne déplorons aucun mort, maître.

Itsangy éclata de rire si subitement que Medhi eut un petit mouvement de recul.

— Mon clan a eu pour ordre de veiller sur le bon déroulement de ce mariage, il n'y aura donc aucun mort ce soir, Medhi.

Celui-ci resta la fixer bêtement avant de s'éclipser. Onix fit un imperceptible mouvement du poignet et une bourrasque de vent entraîna Itsangy violemment contre son torse.

— Si vous me décoiffer, vous êtes un homme mort, Onix !

Onix leva les yeux au ciel.

— Je croyais qu'il n'y aurait pas de mort ce soir ? Ce sont vos propres mots.

Elle posa un doigt sur la poitrine d'Onix et celui-ci grimaça en gesticulant de douleurs.

— Et ne vous avisez plus jamais d'utiliser votre don contre moi, ou je me ferais un plaisir d'utiliser les miens contre vous.

— Étrangement, je trouve vos menaces très excitantes, ma...reine.

— Croyez-moi Onix, je saurais vous faire passer l'envie, mais pas de la façon que vous pensez !

Il pouffa de rire et tendit une main à Itsangy. Elle s'en empara et ensemble ils quittèrent la chambre en direction de la grande salle. Il n'y avait personne dans les couloirs mais un énorme brouhaha résonnait en écho dans tout le château. Quand ils poussèrent la lourde porte menant à la grande salle, un silence soudain s'abattit sur la pièce, à tel point qu'ils pouvaient entendre le souffle de leur respiration. La grande salle était surchargée de monde, si bien que la multitude de chaises entreposées ne suffisaient pas. Onix avança avec sa fiancée vers le premier peuple du royaume de la nuit ; les lycanthropes avec à leur tête Lawsah, élégamment vêtue, d'une robe moulante rouge. Son clan semblait à cran et aucun d'eux n'avait voulu s'asseoir, sans doute afin d'anticiper une transformation en cas de danger imminent. Onix tendit une poignée de main à Lawsah suivit d'Itsangy. Ils avancèrent encore de quelques mètres et tendit une autre poignée de main à Lovasoa, la chef des métamorphes, qui semblait ravie d'être là. Onix aperçut Jade un peu plus loin, vêtue d'une robe courte jaune canari. Il ne put s'empêcher de sourire devant le contraste de couleur et sa beauté. Il sentit la respiration d'Itsangy s'accélérer brutalement à l'approche du clan des sorciers où Amos, son père s'était levé à leur approche.

— Calmez-vous, ordonna Onix à Itsangy.

Il lui sera la main et Itsangy tourna délibérément la tête en direction des autres peuples.

— J'espère que vous serez heureux avec ma fille bien aimée, lâcha Amos en souriant.

Une lumière bleuâtre apparaissait autour d'Itsangy comme un halo de flammes. Onix sentait monter la rage de sa future femme et l'entraîna vers un autre clan de force.

— Il faudra que vous m'expliquiez ce qui ce passe avec votre père, murmura Onix.

— Il ne se passe rien. Poursuivez !

Onix leva les yeux au ciel et serra la main de Lisandra, la chef du clan des nécromanciens. Le plus petit clan du royaume de la nuit mais aussi l'un des plus redoutables. Ils sont en effet capables de causer la mort par incantation mais surtout d'animer un cadavre sans pour autant lui redonner vie.

Enfin, ils terminèrent les salutations par une poignée de main à Basille, le chef des vampires avant de gagner l'estrade où l'attendait Medhi, ainsi que Tom, la personne chargée de procéder à l'union. Onix s'installa dans l'un des deux immenses fauteuils recouverts de satins blancs et Itsangy en fit de même, tandis que Tom prenait la parole.

— Cher peuple du royaume de la nuit, nous sommes ici pour assister à l'union éternelle de notre roi et de notre reine.

— L'union éternelle ? murmura Onix d'un son quasi-inaudible.

Le royaume de la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant