Pour l'Amour et la Haine - Affronter sa Destinée

Chapitre 2 : Fondcombe

20 octobre 3018 du Troisième Âge, gué de la Bruinen puis Fondcombe.

     Le vent lui fouettait le visage à mesure qu'Eilianiel approchait de la cité elfique. Elle sentait que le semi-homme devenait de plus en plus froid ... Une ombre planait au dessus d'eux, et elle pesait lourdement sur ses sensibles épaules. Elle se rappela alors, sans savoir pourquoi, les paroles de Saroumane. Le semi-homme possédait l'Unique. Dans ce cas, elle n'avait qu'à tendre la main et le prendre ... mais elle ne le pouvait pas. Si Sauron venait à le posséder, la Terre du Milieu brûlerait, entraînant dans son séant la beauté de sa nature et de ses peuples ... Bien qu'elle n'éprouvait que très peu d'empathie envers quelconque personne des peuples libres, elle n'avait jusque là aucune envie de voir ces paysages à feu et à sang ...

     Totalement égarée dans ses pensées, elle ne vit pas le nazgûl qui s'était dangereusement approché de Frodon, et qui tendait la main vers son cou. Talonnant encore l'étalon blanc qu'elle montait tout en lui criant d'avancer plus vite, elle dégaina son épée afin de l'avoir en cas de nécessité. Le gué que qu'elle cherchait était proche, hors de question de trépasser avant. Du moins pas sans se battre. 

     La respiration hachée par l'effort de plusieurs heures de grande galopade, la jeune elfe s'étonna de l'endurance de leurs chevaux. Asfaloth semblait tenir le coup et ne montrait pour l'instant aucun signe de faiblesse. Les chevaux des cavaliers noirs ne semblaient pas non plus fatigués, cependant il s'agissait de spectres. Ils ne devaient jamais connaitre la fatigue, ni la faim, ni la soif. Sommant à nouveau l'étalon d'avancer, elle sauta presque de joie quand ils arrivèrent devant le passage de Bruinen. 

    Elle avait réussi.

    Le traversant de quelques foulées et arrêtant sa monture une fois le cour d'eau franchit, elle se retourna et fit alors face aux nazgûls, guettant leur réactions. Ils ne se firent pas prier, et, brandissant leur épées, incitèrent leur chevaux à traverser eux aussi. Alors qu'elle priait les Valar afin qu'ils lui viennent en aide car elle se pensait perdue, une voix, grave et claire à la fois, retentit dans l'air. Eilianiel n'eut pas besoin de réfléchir sur qui était le propriétaire de cette voix si envoûtante, qu'un elfe brun sortit des fourrés. 

    Il incita l'elleth à le suivre. D'abord méfiante, elle finit par le suivre quand il lui sourit doucement. Il leur tournait le dos, de ce fait elle ne pouvait l'observer, elle parvint juste à distinguer sa frêle carrure sous les contours sa cape, lui montrant par là qu'il n'était sûrement pas un guerrier. Jetant un dernier regard en arrière, Eilianiel constata que les cavaliers noirs avaient été emportés par une vague de colère. Désormais, le gué était paisible. Il ralentit l'allure pour arriver à sa hauteur ... Elle le regarda faire, étonnée de son comportement, puis attendit qu'il prenne la parole, ce qu'il ne tarda pas à faire :

" Mae govannen, Im Lindir, je suis le porte-parole d'Elrond. Il m'a dit que vous auriez sûrement besoin d'aide. Dites-moi, qui êtes vous et quel mal touche donc ce semi-homme ?

- Bonjour. Je suis Eilianiel du village de Trey. Frodon a été touché d'une lame de Morgul brisée. La blessure est profonde et il reste encore un éclat de lame dans son épaule. Je crains qu'il ne rejoigne les ombres si rien n'est fait dans les temps ... "

     En effet, le semi-homme, qui jusque-là n'était qu'à demi conscient, était totalement froid, inerte. Eilianiel resserra son emprise sur lui, comme si sa chaleur corporelle d'elfe pouvait le ramener. Car s'il mourait, elle pouvait dire adieu à son plan et sa vengeance.

     Alors que l'elleth commençait à paniquer quand à l'état de santé du semi-homme, Lindir et elle arrivèrent en haut d'une vallée, avec dans son centre Fondcombe. Bien que connaissant son image par les nombreuses histoires et textes que lui racontait Saroumane, la jeune elfe restait coite devant tant de beauté.