Chapitre 8 : Les crébains du pays de Dun

1.1K 84 8
                                    

8 Janvier 3019, T-A, au niveau de la Houssière

Un mal de tête atroce. Voilà ce que pu ressentir Eilianiel en sortant de son état léthargique. Le voile opaque qui couvrait ses yeux tomba peu à peu et la jeune fille constata en regardant autour d'elle qu'ils avaient bougé durant la nuit. L'aube pointait seulement et tout le monde dormait excepté Legolas qui montait la garde, comme à son habitude. Elle s'étonna qu'il soit toujours en vie. La dernière image qu'elle avait de lui, il était surmonté par les Uruks. L'elleth avait donc sous-estimé ses capacités de guerrier. Étrangement, une pointe d'admiration monta en elle. Elle le trouvait beau, là, appuyé sur un rocher et à surveiller les environs pour ses compagnons. L'elfe dû cependant sentir son regard car il se retourna et Eilaniel baissa les yeux pour éviter son regard céruléen. Elle se leva alors et grâce sa nature d'elfe robuste, elle ne sentit pas de vertiges  arriver. L'elfe blond la regarda s'approcher de lui et prendre place à ses côtés. Ils restèrent là, tous les deux, à observer le soleil se lever quand Legolas lui demanda, sans aucune émotion apparente :

" Comment vous sentez-vous ? "

Se demandant d'où venait cet élan de sympathie soudain, l'elfine ne répondit pas immédiatement. Elle serra les poings dans ses manches et rentra ses épaules sous le mutisme. Elle ne voulait pas lui parler. Alors elle détourna son regard vers la communauté endormie et le posa longuement sur ses affaires, où se trouvaient ses armes. Ses armes ...

" Idiote ! Ce n'est ni le moment, ni le lieu. "

De toute façon, elle n'aurait aucune excuse. Mieux valait attendre un nouveau combat, et là, elle retenterait sa chance. Eilianiel sentit alors la brûlure du regard de Legolas sur son dos. N'osant croiser son regard de peur qu'il ne lise dans son esprit et y voit ses plus sombres pensées, elle posa son regard sur ses pieds, devenus soudainement une source d'attraction. Puis, un blanc resta entre eux durant quelques minutes et, sentant son malaise croissant, elle se mordilla la lèvre avant de déclarer avec embarras :

" Je devrais aller me trouver un point d'eau.

- J'en informerai les autres, afin de vous laisser plus d'intimité. "

Hochant la tête, l'elleth se rendit donc un peu plus loin, et descendit vers le contrebas de la colline. Elle s'enfonça parmi les ombres des sous-bois, encore sombres par la nuit qui déclinait quand même peu à peu. Ici, tout ce qu'elle était se représentait comme sur un tableau. Une ombre qui s'avance dans les ténèbres grandissantes.

" C'est sa famille qui m'a fait devenir le monstre que je suis ... "

Elle longea une petite haie de buissons avant d'arriver au bord d'une petite rivière, qui traçait son chemin dans la pierre de la montagne. L'eau était claire et fraîche, mais Eilianiel s'en moquait, sa chaleur corporelle l'empêchant d'avoir froid. Elle se délesta de sa tunique et s'abaissa au niveau de l'eau. Elle se saisit de l'eau blanche entre ses doigts fins et essuya progressivement toute trace de sang qui pouvait souiller sa peau blanche. Regardant son reflet dans l'eau après avoir essuyé le sang noir, elle remarqua l'état assez pitoyable de ses cheveux. Ils étaient salis par le sang et, afin de s'en occuper, elle les détacha et les laissant tomber en cascade autour de ses épaules. Elle ôta petit à petit toute souillure ou trace de sang tout en chantonnant et, une fois sa chevelure propre, elle la rattacha en natte qui tomba jusqu'en bas de son dos. Elle s'attarda ensuite son visage et le frotta énergiquement, presque violemment, comme si cette action allait pouvoir enlever les saletés extérieures mais aussi intérieures, comme si tous ses crimes allaient disparaître ... Mais seule l'image d'une jeune et belle elleth au regard sombre lui fut renvoyée par l'eau. L'image d'un regard sombre remplit de larmes et de détresse. Jamais elle n'avait voulu devenir une tueuse, jamais elle n'avait voulu tuer. Mais en avait-elle eu réellement le choix ?

" On a toujours le choix ! Tu es devenue ainsi parce-que tu le voulais, et que ça te plaît ... "

Séchant ses larmes d'un geste rageur, Eilianiel se repassa un coup d'eau sur le visage. Désormais, on ne voyait plus sa détresse. Elle avait été lavée par l'eau, elle l'avait à nouveau chassée au plus profond de son fëar. Puis elle se désaltéra une dernière fois dans l'eau fraîche et remit sa tunique pour pouvoir rejoindre ses compagnons.

Arrivée près d'eux, elle constata qu'ils étaient déjà tous réveillés. Quand elle les eu rejoint, aucun ne parla du coup qu'elle s'était pris la veille et elle en remercia les Valars. Elle s'assit en compagnie de Frodon et Sam qui préparaient à manger et regarda la communauté. Legolas observait toujours les alentours et c'est à peine s'il avait bougé de point de vue et Aragorn entraînait les hobbits en compagnie de Boromir à l'art du combat. Boromir les observait de loin et Gandalf et Gimli étaient tous deux dans un grand débat.

" Si vous voulez mon avis, bien que ce ne soit pas le cas, je pense que nous empruntons le chemin le plus long. Gandalf, nous pourrions passer par les mines de la Moria, commença le nain. Mon cousin Balin nous accueillerait comme des rois. Et lui, il ne nous enverrait pas aux cachots, termina-t-il en envoyant un regard lourd de sens à l'elfe blond.

- Non Gimli, assura Gandalf avec un regard sévère. Je n'emprunterais les routes de la Moria que si je n'ai guère d'autre choix. "

Le nain parut se rembrunir et grommela dans sa moustache. Eilianiel revint à Boromir qui se battait toujours contre les hobbits. Aragorn les regardait d'un œil serein et s'avérait un excellent mentor. Les conseils qu'il donnait aux deux cousins fonctionnaient si bien qu'à un moment, Boromir se retrouva par terre à rouler avec les hobbits.

" Comme un père et ses fils. Sauf que ce n'est pas le cas. "

Voulant venir au secours de l'homme du Gondor, Aragorn éteignit sa pipe et se leva de son rocher. Alors qu'il se penchait pour relever l'autre homme, les deux cousins hobbits lui firent un croche-pied qui le fit basculer en arrière. Il s'affaissa sur le dos et se retrouva à son tour contre les hobbits, avec Boromir.

" Pour la Comté, criaient Merry et Pippin. "

          Devant cette scène, Eilianiel ne pu s'empêcher de sourire. Elle n'en voyait que très rarement et ce serait sûrement l'une des seule que verrait la fraternité. Il fallait les garder en mémoire. Soudain, Legolas courut en même temps que Frodon regardait une masse étrange au loin, dans les airs.

" Qu'est ce que c'est ?

- C'est rien, c'est qu'un p'tit nuage, toussota Gimli à travers sa pipe.

- Qui avance vite et contre le vent, contrecarra Boromir. "

Eilianiel rejoignit Legolas sur son point d'observation et plissa les yeux pour mieux voir de quoi il retournait. Elle cru défaillir quand elle su ce qu'il était mais Legolas réagit plus vite et sonna l'alerte.

" Des crébains du pays de Dun ! A couvert ! "

Tout se passa très vite. Les membres de la fraternité partirent toutes directions ramasser leur affaires et se mettre à couvert. Eilianiel avisa de se rendre dans un trou parmi les buissons. Non seulement elle rentra difficilement à l'intérieur, s'accrochant les épaules et les cheveux aux dures épines des buissons mais elle se rendit compte qu'elle n'était pas seule quand un souffle chaud tomba sur sa nuque et dévala le long de son dos ...


Pour l'Amour et la Haine - Affronter sa DestinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant