Chapitre 13 : Retour dans un passé trouble ...

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16 janvier 3019 Terre du Milieu, village de Trey en terres du Rohan. 

Eilianiel se réveilla, allongée sur un lit aux draps de lin et aux lattes grinçantes. L'elfine se redressa et constata qu'elle se trouvait dans un endroit dans lequel elle ne s'attendait pas être. Elle s'extirpa en douceur du lit et constata qu'elle était en robe de chambre.

Voyant une tenue dans le coin, elle s'en saisit et l'enfila après avoir retiré sa chemise. En s'inspectant minutieusement, elle constata qu'elle n'avait plus sa cicatrice. Ne s'en formalisant pas plus que ça, elle enfila en vitesse la tenue masculine et sortit de la chambre, pour déboucher sur un charmant salon cosy. Un canapé en lin et en plume, une âtre dans laquelle un feu s'élevait doucement et une table avec quelques chaises en piteux état mais bien solides.

Soudain, des bruits au dehors attirèrent son attention et en regardant par la fenêtre, l'elfine s'étonna en voyant que son visage avait changé. Elle était plus jeune, plus ... humaine. Courant vers une pièce attenante et sombre, elle attrapa une épée émoussée et couru au dehors, où de la sombre fumée s'élevait quelques pâtés de maison plus loin.

Des orcs.

Elle savait dès lors ce qu'elle devait faire. Saisissant l'épée de son père, elle se précipitait au dehors. Elle brandit l'arme meurtrière et resta sur ses gardes, attendant que les immondes créatures n'arrivent sur elle.

Leurs cris gutturaux résonnaient dans l'air, et leur odeur pestilentielle polluait déjà l'air. Ils parlaient la langue noire du Mordor et des cris de douleur et de peur atteignait le ciel, qui s'assombrissait en bien triste nouvelle. Arrivée à un coin de rue, Eilianiel pu voir qui était à la solde des orcs : elle-même. Elle même dirigeait ces sombres créatures. Du moins, l'elfine qu'elle était avant. Ici, elle était une humaine. Son âme elfique la vit alors, et voulant se cacher, elle se précipita vers sa maison. Mais sa voix résonna dans l'air, stoppant sa nouvelle enveloppe corporelle.

" Je me souviens ... ce qu'il s'est passé, ce que j'ai fais ... " songea l'elfine, déconcertée.

Elle se retourna. L'autre lui faisait face, froide et sombre, arc en main et tendu à l'extrême. Une flèche parti. Elle traversa son genou avec une force et une vitesse inestimable, et la douleur fut telle qu'elle hurla jusqu'à ce qu'elle n'ait plus d'air ... Un cri déchirant, affreux. L'épée tomba au sol dans un bruit métallique. Elle avait si mal. Si peur ...

Elle pleurait. De douleur, d'incompréhension. Son genou ne ressemblait plus à rien, ne pendant plus qu'avec un bout de chair à vif. Son os ressortait.

" Pou ... pourquoi ... j'ai ... r ... f ..., sanglota-t-elle sans plus aucune force.

- Articules donc, je ne comprends rien ... fit sa voix d'elfine. "

Sa voix était douce et rassurante, presque amicale, mais son sourire et ses yeux cruels démontraient le contraire. Elle la releva avec douceur et l'humaine plongea son regard dans le sien. Elle n'y vit que corruption et fausseté, pourtant, devant cette horreur, cette honte de la nature qu'elle représentait, elle ne pu que sourire.

" Pourquoi ris-tu ? Tu en veux plus, cela ne te suffit pas ? ricana Eilianiel

- Je ris devant l'immonde créature que tu es, rétorqua l'humaine. Tu fais honte à ta race, tu ne devrais pas exister. "

Un fouet. Un fouet qui claqua sur sa chair à vif, voilà ce qu'ont représenté ce jour là les paroles de l'humaine ... Alors, prise d'un élan de douleur, Eilianiel lui tourna prestement le dos et reparti vers ses troupes. Ces dernières allèrent s'attaquer aux derniers pâtés de maison, quand leur capitaine ordonna le repli. Tête et épaules basses, elle trainait des pieds avec lassitude. L'humaine le regarda partir avec une incompréhension totale. Une larme perla au coin de son œil ce jour là, mais elle la chassa bien vite d revers de la main.

Puis, la douleur revint lancer le genou de l'humaine, qui était restée là, à regarder l'elfine partir. Elle gémit de douleur, et devant les quelques villageois restant, elle s'effondra au sol, ne pouvant plus tenir.

Sa dernière vision fut le regard apitoyé de l'elleth qui lui avait arraché la jambe, et la larme qui perla au coin de son œil. 

Ses yeux se brouillèrent alors, et elle sombra dans un triste coma.

Eilianiel émergea dans un sursaut. Elle pleurait à chaudes larmes. Ses sanglots faisaient convulser ses épaules. Collée contre un arbre, elle s'agrippa à l'écorce dans l'espoir d'y retrouver un peu de réconfort. La jeune elfe était secouée de frissons incontrôlables. Elle avait froid et une forte fièvre s'était abattue sur elle, la rendant plus pâle que la mort. Ses cheveux collaient à son visage et formaient des épis collant et trempés. Prise d'une folie soudaine, elle répéta doucement d'abord, puis de plus en plus fort ...

" T'es pitoyable, une honte à l'espèce elfique ... T'es pitoyable, une honte à l'espèce elfique. T'es pitoyable, une honte à l'espèce elfique ! T'es pitoyable, une honte à l'espèce elfique !! T'es pitoyable, une honte à l'espèce elfique !!! PITOYABLE ! PITOYAAAABLE !!! Pitoy ... "

Sa voix mourut dans sa gorge brûlante, et ses yeux fous cherchèrent du regard quelconque objet pouvant la faire taire mais sa vue fut brouillée par de nouvelles larmes.

" T'es pitoyable ...

- Vous n'êtes pas pitoyable ... "

Une voix douce lui avait répondu, laquelle l'elleth ne s'attendait pas et se colla à l'arbre comme un animal traqué.

" Que faites-vous là ? Seule et dans un bien triste état ? "

Il allait se pencher pour toucher Eilianiel, mais se ravisa quand elle se colla un peu plus à l'arbre.

" La nuit se penche au dessus du royaume de Lorien, une biche ne devrait pas se retrouver seule. Les loups de l'Isengard rôdent, déclara une voix poétique.

- Allons Orophin, va prévenir Dame Galadriel que nous ne rentrerons pas ce soir. "

L'autre hocha la tête et détala prestement, laissant son ainé s'occuper de l'elleth.

" N'ayez donc crainte, aucune griffe ne serait assez longue pour vous atteindre en notre compagnie. "

Sur ces mots, d'autres gardes débarquèrent des sous-bois et regardèrent leur capitaine parler avec Eilianiel.

" Je ... je ... ne suis ... qu'un monstre ... "

Haldir, car c'était son nom, plissa des yeux et fit un nouveau pas vers la biche folle. 

" Non ... je vais vous tuer ... je suis un monstre ...

- Pourquoi dites-vous donc cela ? "

Haldir ne comprenait pas ... L'elfine en face de lui était dans un état psychologique catastrophique. Il se releva alors et se tourna vers son frère cadet.

" Cher Rumil, surveille cette elfine pendant que je vais chercher de quoi faire un feu, ce ne serait pas prudent de la laisser seule ni de prendre la route ce soir. "

Son cadet hocha la tête et s'approcha de l'elfine affolée tandis que son frère pénétrait dans les sous-bois. 

Haldir revint quelques minutes après, les bras chargés de branches, mousse et brindilles. Il découvrit alors une elfine apaisée, roulée dans les couvertures de son frère. Ses yeux fixaient le ciel sombre sans le voir, une trace de larme sèche sur sa joue gauche.



Pour l'Amour et la Haine - Affronter sa DestinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant