Pour l'Amour et la Haine - Affronter sa Destinée

Chapitre 16 : Une rencontre douloureuse avec un roi brisé ...

30 janvier 3019, T-A., cavernes souterraines de Thranduil.

Tout était si calme qu'Eilianiel était comme dans un rêve. Elle ne se souvenait de rien, et ne se donna pas la peine d'essayer de savoir où elle était ou même de se rappeler quoi que ce soit. Quelque chose la berçait, elle elle se sentait si bien qu'elle soupira d'aise. Quelque-chose de chaud s'abattit sur son front, et la soulagea de nombreux mots invisibles et intérieurs, dont les griffes et les crocs menaçaient à chaque fois de l'attraper pour l'emmener dans les tréfonds des ténèbres. Son être entier lui criait de lâcher prise, de laisser ces griffes acérés et ces crocs empoisonnés de l'emmener vers cette Mort qui la guettait, qui rôdait autour d'elle, mais une attraction dans cette pièce l'en empêcha.

Qu'est-ce-qui pouvait donc la retenir dans le monde des vivants ? Celui qu'elle détestait du plus profond de son être ? Celui pour qui elle vouait toute la rage intérieure qu'elle possédait ?

Forçant sur ses pensées, puisant dans ses dernières resources, elle s'accrocha à sa vie si misérable avec une telle force, qu'elle s'en surprit elle-même. Elle était telle un rescapé sur son radeau, un pauvre survivant qui ramait dans une mer visiblement trop infinie pour espérer survivre. Mais malgré cette rage de mourir, elle lutta comme un diable pour vivre. Pour se donner cette chance que d'autres n'avaient pas eue, fauchés par sa cruauté à elle ou celle des autres démons de cette terre. Son âme se mit alors à revivre, et un froissement sorti son être sombre de ses manigances noires.

Percée à jour, elle entrouvrit finalement difficilement les yeux ...

Elle était encore sur un nuage.

Elle flottait encore mais se força.

Tout autour d'elle était sombre, mais elle distinguait tout de même les murs étroits de la pièce dans laquelle elle se trouvait. Un froissement de vêtement lui fit tourner la tête avec raideur. Un grand elfe se tenait là, à contempler quelque chose d'à priori merveilleux. Il était droit, à l'allure pourtant courbé qui exprimait une profonde lassitude. Ses yeux étaient globuleux, son regard ailleurs. Elle bougea légèrement et l'autre elfe tourna froidement la tête vers elle. Ses yeux, son regard ... étaient, perçants. Elle tenta de se redresser mais la douleur qui irradia ses côtes et ses riens fut telle qu'elle entrouvrit la bouche pour gémir de douleur.

" Restez allongée, fit la voix suave de l'elfe. Nous devons seulement parler. "

Il avait tiré un fauteuil et l'avait rapproché du lit. Il tenait précieusement dans ses mains une chaîne, et Eilianiel devina de quoi il en retournait ...

SA chaîne !!!!

" C'est ma chaîne ! s'écria-t-elle trop vite. "

L'elfe en face d'elle écarquilla les yeux et si son regard se durcit, il fut cependant pigmenté de curiosité face à la réaction de l'elfine. Il ouvrit ses doigts et une chaleur rassurante irradia le corps endolorit d'Eilianel en la vue de son bijou.

" Lassez-moi vous conter une histoire. "

Comprenant que la réponse devait être positive, l'elfine hocha la tête, incapable de répondre. Son cœur battait si vite que l'autre elfe devait l'entendre.

" Bien, fit-il alors. Il y a fort longtemps, un grand palais souterrain vit le jour ...

- ... Doriath, souffla Eilianiel comme si des souvenirs émergeaient dans son esprit.

- En effet. Au sein de ce royaume naquirent au même printemps deux elfes. Ils grandirent ensembles, se complétant l'un et l'autre. Le premier était fougueux et impulsif tandis que le second était posé et réfléchi. Cette histoire se poursuit jusqu'à la fin du Premier Âge. Une terrible bataille les sépara un temps. Puis ils se retrouvèrent, et profitèrent ensembles du temps perdu. Mais l'un d'entre eux avait des obligations à respecter. Son rang exigeait qu'il prenne ses distances, son coeur lui criait l'inverse. Et si même le premier tint bon face aux remontrances de son père, un beau jour, ils furent tout de même séparés par la cruauté de la vie. "