15 mars 3019, T-A., Les champs du Pelennor.
" En guerre ! Mes amis ! En guerre ! Aujourd'hui, notre peuple va livrer bataille auprès du Roi du Gondor ! En guerre !! Cent mètres nous séparent du Pelennor. Parcourons ces cent prochains mètres en une seule personne, en une seule arme, affrontons donc ces immondices comme un seul, tuons pour Désolation !! Vive la grande Désolation ! "
La voix d'Eilianiel avait résonné dans tout le Pelennor et dans les rangs organisés de ses trois-cent hommes. Elle brandissait désormais Désolation, la lame d'or aux reflets de soleil. Lançant Arion au galop, elle dévala la pente des champs du Pelennor. Voilà trois jours et deux nuits qu'elle ne dormait, ni ne mangeait par la simple peur d'échouer, d'avoir fait une erreur. Dans le seul cauchemar de ne voir aucun des siens se relever. Alors, jours et nuits, elle n'avait cessé de s'imaginer tous les scénarios possibles, se tournant et se retournant dans sa couche, se réveillant couverte de sueur et tremblante. Combien de fois les bras du tendre Veryan l'avaient recueillie, dans une étreinte douce et silencieuse, pleine d'espoir et d'un regain d'énergie familier à l'elfe princier ? Peut-être six fois ? Voire même sept. L'elleth avait alors extériorisé son stress, confiant tous ses doutes et toutes ses craintes, toute cette lourde hésitation face à sa nouvelle ascendance à la noblesse.
Elle était Reine. Depuis trois jours, les elfes qui venaient la voir s'inclinaient avec véhémence et la regardaient avec un tel respect qu'elle en était malade.
Méritait-elle tant de faveurs, en dépit des meurtres, des atrocités qu'elles avait commis ?
Certainement que non, peut-être bien que oui. Mais une chose était sûre, jamais elle ne le dirait. Voilà bien quelque chose qu'elle ne confierait certainement qu'à son âme-soeur. Celle en qui elle aurait tant de confiance qu'elle pourrait confier la sûreté de son royaume.
On se plaça en arc de cercle autour d'elle. Veryan était à sa droite, en tant que bras droit et Vildéric était sur une fière monture blanche, à sa gauche. Comme un anneau. Un anneau d'amour, de promesse. Puis, derrière, comme un seul gardien protecteur, Glorfindel, Elladan et Elrohir.
Et, certainement pour la première fois de sa vie, l'elfe en était certaine. Elle était entourée. Certes, ne le méritait-elle sûrement pas. Mais elle était entourée. Vildéric lui prit la main, discrètement, mais d'un geste sûr et fort. Tous les mœurs étaient avoués, scellés par ce geste désinvolte. Tout ce qui était à dire et à garder. Eilianiel eut une boule au ventre d'appréhension, de rancœur et de doute. Et si elle les envoyait tous à la mort ? Et si tous étaient déjà morts, ne serait-il pas plus prudent de faire demi-tour ?
" Nous sommes là pour la paix, Eilianiel. Si l'on meurt en ce jour ce sera pour la plus noble des causes, lui assura Vildéric d'une voix douce. "
Et alors, elle se souvint de cette nuit-là, cette nuit où ils l'avaient fait de nouveau, dans des exclamations d'amour et de promesses d'avenir l'un près de l'autre. Le dunedain à ses cotés posa sa main libre sur le pommeau de son épée, avant de regarder vers l'horizon. Vers la bataille, là ou leur avenir, à tous ceux qui étaient présents, serait scellé. Un avenir de vie, un avenir de mort, un avenir ensembles. Pour un instant ou pour l'éternité, ils joueraient tous leur destin lors de cette guerre infinie, sans retour en arrière possible.
Eilianiel sur alors.
Vildéric n'était pas son âme-soeur, mais son destin dépendait de celui de Vildéric, et elle avait choisit d'en tomber amoureuse pour le temps de sa vie de mortel. L'homme qu'il représentait symbolisait tant d'années de distance et de souffrance pour lui, qu'elle avait choisit de ne plus le faire souffrir. Parce-que lui, l'aimait. Il l'avait attendue et elle l'aurait achevé en l'ignorant.
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Pour l'Amour et la Haine - Affronter sa Destinée
FantasyEnvoyée par le mage blanc pour récupérer l'anneau Eilianiel, élevée en Forêt de Fangorn, nourrit bien d'autres desseins : tuer le fils de celui qu'elle tient pour responsable de la mort de ses parents. Un coeur bien sombre, malmené par des êtres vi...