Chapitre 43 : À l'éclairage des étoiles

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20 mars 3019, appartements d'Eilianiel. 

La nuit était sombre et froide et le croissant de lune déversait ses rayons d'argent sur les toits des maisons endormies.

Dans la noirceur de la nuit, une chouette s'envola en hululant et en battant de ses majestueuses ailes brunes pigmentées de beige, ses yeux ocre reflétant la lumière de la lune.

Eilianiel était assise, la blanche balustrade du balcon de sa suite lui servant de chaise. Elle était en robe de nuit, et se plaisait à sentir la brise sur ses épaules dénudées. Le carnet qu'elle avait demandé à Faramir à la main, elle griffonnait dessus à l'aide d'un fusain. Les traits s'entremêlaient dans une chorégraphie maitrisée, et elle voyait au fur-et-à mesure la forme qu'elle souhaitait voir se former.  Sa plume venait s'écraser sur le parchemin usé, et virtuose qu'elle était, dansait une valse parfaitement menée. Seules ses pensées étaient maîtres de son corps, là, maintenant. Une fois son croquis terminé, elle sourit légèrement, satisfaite de son oeuvre. Rarement elle n'avait eu l'occasion de griffonner sur une feuille de papier, et pourtant ce moment de complaisance était si apaisant que l'on aurait jamais cru que le lendemain, ils partiraient en guerre. Une semaine qu'ils avaient délibérés dans la salle du trône avant qu'Aragorn ne mette fin aux conversations en proposant un plan simple : détourner l'attention de Sauron pour que Frodon puisse arriver à ses fins, soit jeter l'anneau dans la Montagne du Destin. 

Eilianiel regarda les étoiles. Elles brillaient toujours de leur bel éclat argenté. L'on aurait pu croire que leur garde était paisible. L'astre de la nuit était entouré de ses plus fidèles alliées, et le firmament était paré de ses plus belles couleurs bleues. Eärendil, le plus brillant des astres, courait en cette nuit étoilée. 

Seule une lueur orangée provenant de l'est venait troubler ce charitable spectacle. L'ombre du Modor s'étendait un peu plus chaque jour, plongeant ainsi la Terre du Milieu dans le monde des braises et le la fumée. La montagne du Destin projetait sa flamme également. Le Mal était en marche. Elle le sentait comme si quelque chose lui oppressait la poitrine et lui étreignait le coeur. Un poids qui l'empêchait de trouver la quiétude et le repos avant cette longue marche qui les mènerait aux portes de la Montagne du Destin. 

Ainsi était-ce donc cela que lui avait offert Thranduil ? Une ultime chance de rédemption en lui permettant de se sacrifier pour que la paix règne enfin sur Arda ? 

Elle aurait tant aimé le remercier pour ce présent qu'il lui avait fait ... 

L'impulsif Seigneur du peuple des forêts au caractère tempétueux lui avait offert cette chance de mourir pour la Paix, et non pour la Mort. 

Pas comme sur le Col du Caradhras. 

Elle observa une dernière fois son dessin puis sourit en le admirant le résultat. Bien qu'il ne soit pas ressemblant, elle le trouvait très réussi. 

Au dessus d'elle, elle entendit une voix s'élever. La voix même de la personne dont elle venait de faire le portrait sur la feuille. 

" Veux-tu, veux-tu

Au grand arbre me trouver

Là où ils ont laché leur fameux meurtrier

Des choses étranges s'y sont vues

Moi j'aurais aimé

À minuit, te voir, à l'arbre du pendu.



Veux-tu, veux-tu

Au grand arbre me trouver

Là où la mort a hurlé à sa belle de filer

Des choses étranges s'y sont vues

Pour l'Amour et la Haine - Affronter sa DestinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant