Chapitre 42 : De l'Ombre à la Lumière

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Nuit du 17 mars 3019. 

Eilianiel était restée dans la salle du trône, sa blessure l'élançant trop pour qu'elle ne puisse aller marcher dans la cité en compagnie de Legolas et Gimli. Elle n'avait osé leur avouer cette part de faiblesse, ainsi elle était restée à admirer l'architecture de la grande salle du trône. Il faisait doux en cette nuit étoilée, et pour la première fois depuis quatre jours, aucun bûcher ne laissait s'envoler des braises orangées vers l'azur sombre. Tous les corps avaient été brûlés et tous les blessés avaient été secourus. Seules les carcasses des mumakils pourrissaient encore en pleine journée et étendaient leurs ombres à l'éclairage de l'astre lunaire. 

Elle se déplaçait difficilement quand elle entendit du bruit venant de la pièce attenante à la salle du trône. Sans se faire remarquer, elle boitilla jusqu'à une poutre où elle aperçut Aragorn se diriger avec élégance vers le siège de l'Intendant, où l'on avait laissé reposer le Palantir. Furtivement, elle partit se dissimuler derrière l'une des grandes colonnes sculptées, d'où elle pu voir la scène entièrement. 

Elle vit l'ancien rôdeur soulever le drap qui recouvrait l'artéfact. Il détourna le regard quand la pierre de Sauron l'appela. 

Il savait. 

Puis, après quelques brèves secondes où il tenta de l'apprivoiser avec une main tremblante, il saisit brusquement la pierre. Une légère onde balaya la pièce, et la jambe de l'elleth se fit soudainement brûlante, si bien qu'elle se mordit la langue à s'en faire saigner tant la douleur se répandait. 

Comme si quelque chose glaçait son sang dans toute sa jambe. Elle s'accrocha à un pilier pour ne pas flancher. 

Son regard se réorienta vers Aragorn. L'oeil de Sauron se dessina, et défia Aragorn. Le roi du Gondor redressa la tête avec ferveur, comme s'il avait préparé son discours depuis bien des heures déjà. 

Une langue bien noire envahit la salle, prenant aux tripes d'Aragorn et vrillant les tympans de la seule elfe ici présente. Certainement que les autres elfes le ressentaient. La voix de son ami, bien que rauque pour l'effort que cela lui demandait de regarder droit dans la pierre sans sentir son esprit se faire aspirer, arriva aux oreilles endolories et malmenées d'Eilianiel. 

" Trop longtemps tu m'as traqué, trop longtemps je t'ai évité, continua-t-il en reprenant son souffle. Plus maintenant, maudit ! "

Il brandit l'épée qui fut brisée, aujourd'hui étincelante des flammes du Mal qui s'agitèrent autour de l'esprit de Sauron. Le Grand Oeil comprit que cette épée qui avait réussi à la mettre à mal autrefois était toujours en course. Aragorn prit soudain une voix dotée d'une force inhumaine. 

" Contemple l'épée d'Elendil ! L'Épée qui fut Brisée et qui est reforgée ! "

La jeune reine, de là ou elle était, ne vit pas ce que put voir Aragorn dans le palantir, mais une chose était sûre, cela heurta profondément son ami. Une incantation résonna de nouveau sous les yeux effarés du descendant d'Isildur, son regard se vida soudain et il se jeta en arrière, se défaisant de l'emprise de Sauron. Elle ne vit que s'écraser au sol le bijou d'Arwen, l'Étoile du Soir, qui se brisa en milles éclats argentés. Aragorn tremblait si fort qu'elle pouvait en ressentir les vibrations. Elle se précipita auprès de lui, de crainte qu'il ne tombe. 

" Aragorn ! ARAGORN ! "

L'ancien rôdeur ne l'écoutait pas, il observait seulement la pierre rouler au sol dans un bruit mat. Saisissant le drap, elle le jeta dessus et l'objet du Mal s'immobilisa. Totalement délivré, Aragorn l'observa, hagard. 

" Aragorn ! Quoi que vous ayez vu, Sauron vous trompe ! 

- Elle n'est plus ... la lumière de l'Étoile s'en est allée. Elle était si blanche ... 

Pour l'Amour et la Haine - Affronter sa DestinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant