Pour l'Amour et la Haine - Affronter sa Destinée

Chapitre 44 : Les Portes du Mordor

25 mars 3019, Désolation de la Morannon. 

Voilà près de deux journées que les forces du Gondor et du Rohan ainsi que leurs alliés marchaient en direction de la grande Porte Noire. Le convoi avançait en silence. Un silence à la fois lourd et apaisant. Tous savaient que plus ils avançaient, plus leur espérance de vie diminuait. Et ce silence rendait hommage au sacrifice qu'ils s'apprêtaient à faire. Un sacrifice, cette grand, mais pas à l'image de celui du jeune Frodon. Ce silence lui était ainsi dévoué, dans un certain sens. Aragorn avait revêtit sa plus belle tenue, marchant avec prestance et noblesse en tête du convoi. Comme s'il avait fait cela toute sa vie. 

Eilianiel, elle, avait gardé Caspian comme monture. Sa blessure l'empêchait de monter correctement à cheval et la jeune elfe souffrait de plus en plus, la fièvre montant avec. La gangrène s'installait, elle le savait au plus profond de ses racines. 

Seuls Merry et Pippin semblaient pris dans un débat mouvementé, perturbant cette ambiance cérémonieuse. 

" Je te dis que la mienne est plus longue ! murmura Pippin, que l'on entendait à des dizaines de mètres à la ronde. 

- Non, c'est bien la mienne ! rectifia Merry en levant un index pour faire taire son cousin. 

- Sors la donc ! Nous verrons bien ! "

Habituée aux tavernes humaines, Eilianiel écoutait attentivement les deux cousins dans leur chamaillerie, qui était des plus étranges à entendre. Elle avait les sourcils froncés et hésitait à se retourner. En observant Gimli qui se trouvait derrière Legolas, elle remarqua qu'ils étaient dans la même incompréhension. 

Un bruit de vêtement ouvert se fit entendre, puis une épée que l'on tira de son fourreau. Eilianiel sourit en songeant qu'elle avait peut être eu l'esprit un peu trop baladeur. Gimli aussi, puisqu'il pouffa en regardant le duel des deux amis, qui reprit de plus belle. 

" La mienne est donc plus longue ! s'exclama Merry. 

- Certes. Ton bras doit être plus court, trancha le plus jeune. "

La tête de Merry vira du blanc au rouge. Il chercha une réponse qui se fit tardive, alors le sourire de Pippin se fit plus languissant. 

" Cela n'a rien à voir avec la portée de mon bras ! Il s'agit de l'expérience au combat ! 

- Comme tu voudras cousin, mais tu sais aussi bien que moi qui a raison ici. "

Et ils rirent tout deux de bon coeur. Quelques guerriers les regardèrent, se demandant sûrement pourquoi ils s'amusaient à comparer la taille de leur épée alors qu'ils marchaient tous en guerre. C'étaient des Hobbits. Ils s'amusaient de beaucoup, mais leur courage n'en était pas moindre. Aragorn les rabroua gentiment d'un petit regard en coin et les deux cousins stoppèrent leur dispute, préférant s'adonner à une contemplation du paysage. 

Après encore une demie-heure silencieuse, le terrain qui s'ouvrait à eux changea brusquement. Le sol en roche sur lequel les chevaux avaient du mal à avancer fut vite remplacé par une terre noire et meuble, prête à boire le sang qui allait être versé. 

" Nous sommes arrivés ? demanda Pippin tandis que tout le monde ralentissait. 

- Oui, souffla Merry. Maintenant, il faut se taire Pip'. "

Le plus jeune se tassa derrière Gandalf, et enserra les pans de sa cape blanche. Eilianiel était silencieuse, n'écoutant que le bruit de sa respiration qu'elle gardait posée tant bien que mal. La Porte Noire était là, en mur spectateur du rassemblement de deux armées à chacun de ses cotés. Elle s'élevait à près de cinquante pieds de haut environ, attendant son heure de gloire.