Pour l'Amour et la Haine - Affronter sa Destinée

Chapitre 38 : La Mort qui frappe ...

15 mars 3019, les champs du Pelennor.

Eilianiel attrapa ses dagues. 

Le choc fut violent. De nombreux cavaliers furent projetés en l'air par les défenses des Mumakils. Elles étaient aussi longues que leur propre corps, ornées de cercles vermeil et or. Une nouvelle couleur s'y ajouta une fois la première charge passée. Celle de sang. En effet des gouttelettes s'écoulaient à l'extrémité des armes meurtrières. Dans leurs petits yeux ne reflétait que l'image des meurtres qu'ils avaient commis et qu'ils allaient commettre. Sous Eilianiel, Caspian s'agita comme pris d'une forte fièvre. Il galopait vers les ennemis, les yeux révulsés de terreur er d'horreur, comme s'il avait déjà affronté leur colère de si près qu'il avait pu sentir le tremblement de terre provoqué par leurs pattes, épaisses comme des trous d'arbres. 

Comme s'il avait déjà, affronté cette horreur qui prenait vos tripes lors d'un combat comme celui-ci. L'elfine lui caressa l'encolure alors qu'ils se préparaient à la troisième charge. 

" N'aie crainte, mellon nîn. "

Et l'assaut repris. Les cavaliers du Rohan circulaient avec une facilité déconcertante entre les membres des pachydermes, ne se souciant pas de se faire piétiner. Les Haradrims juchés sur des nacelles tiraient dans les membres de chevaux afin de faire tomber leurs cavaliers, et de nombreux Hommes tombèrent. À côté d'Eilianiel, Théoden tentait de regonfler ses troupes qui s'étaient éparpillées un peu partout dans le Pelennor. 

Le chaos et la désolation, voilà les deux mots qui venaient à l'esprit de la jeune reine. 

Tant de morts déjà ...

Tant d'Hommes qui étaient tombés et toute cette frayeur qui se creusait un chemin dans le coeur tourmenté des guerriers. 

" Tenez vos positions ! Tenez vos positions ! "

Eilianiel se plaça aux côtés de Théoden, et se tourna vers ses guerriers qui la regardaient paisiblement. Ils avaient confiance en elle. Eilianiel regarda sa jambe lorsqu'un cheval la percuta sur la flanc. Son pied, même maintenu par les sangles, pendait mollement. Elle esquissa un rictus, mais le coeur n'y étais pas. Elle perdrait certainement sa jambe, comme son frère en avait perdu les capacités motrices. Alors que les cavaliers du Rohan chargèrent, les elfes hésitèrent. Devant cette frayeur humaine, Eilianiel se résigna à leur montrer que l'espoir était permis même si cent mumakil chargeaient cent cavaliers elfiques. 

" Noro nan goth ! Noro nan goth ! "

Caspian se cabra, et sa robe noire brilla sous les rayons du soleil. Vildéric arriva près d'elle et ensembles, suivis des elfes, ils chargèrent l'ennemi. Le soleil leur envoya l'éclat argenté de l'armure étincelante d'un cavalier qui volait dans les airs avec son cheval. Tout se passait comme au ralenti. Eilianiel observa les ornements riches de la sellerie du cheval, et la qualité de finition de l'armure du cavalier. Son heaume vola dans les airs, et les crins de chevaux accrochés comme parure s'éparpillèrent sur le sol. Le visage du cavalier à découvert, Eilianiel découvrit avec stupeur qu'il s'agissait de Théoden. Il alla s'écraser trente mètres plus loin dans un bruit de ferraille et d'os brisés. Ses cavaliers continuèrent leur combat comme si de rien n'était. 

" Vildéric, va donc te renseigner sur l'état du Roi du Rohan ... "

Ce dernier fit bifurquer sa monture et Eilianiel se retrouva seule pour la dernière charge. Avec célérité, les chevaux esquivèrent les défenses meurtrières et aucune perte ne fut à déplorer le leur côté, bien que deux Oliphants tombèrent sous les assauts acharnés. Eilianiel observa les monstres reprendre leur charge sur les cavaliers du Rohan quand une ombre verte arriva. Son sang se glaça et elle se liquéfia. L'armée des Morts était en approche, et ils allaient tous les exterminer. Un mouvement prit les chevaux de ses cavaliers, qui reprirent tout de même position avec courage. La Mort allait les happer mais ils tenaient, et faisaient face avec toute la bravoure du monde devant une Reine qu'ils ne connaissaient qu'à travers les beaux discours.