Pour l'Amour et la Haine - Affronter sa Destinée

Chapitre 40 : Retrouvailles

16 mars 3019, Minas Tirith. 

Veryan dormit la journée suivant leur retour.

Eilianiel, elle, fut interdite de bouger par Herendil pour les quelques jours suivants. Cependant, n'écoutant plus sa raison mais son coeur, l'elleth était partie au chevet de son frère, atteint par une fièvre qui l'avait plongée dans un sommeil agité, sans rêves. Juste le noir complet, entouré d'ombre et surtout du grand oeil. Car le Grand Oeil voyait tout.

Eilianiel s'était endormie sur le rebord du lit de son frère, quand elle sentit un léger effleurement sur le sommet de son crâne. Le sommeil d'un elfe étant léger, elle cligna des yeux pour faire passer le voile qui obscurcissait sa vue et les humidifier -les elfes dormant les yeux ouverts- . L'elfine tourna la tête et vit un Veryan se battre pour ouvrir les yeux. Les soins d'Aragon et les prières de Herendil avaient porté leurs fruits. Son frère montrait un signe de vie, et de coopération. Elle lui prit la main et la serra de toutes ses forces.

" Allons Veryan, revient du pays des morts ... "

Ce dernier bougea dans sa demie-conscience et répondit à l'étreinte qu'Eilianiel avait donnée, serrant à son tour la main de sa jeune soeur. Elle se leva et courut, du moins comme elle put, à la rencontre d'Aragorn sous les cris de Freda, qui lui sommait de retourner se reposer.

Sottises !

La jeune reine n'allait certainement pas écouter une vieille humaine qui radotait, bien qu'elle la tienne dans son estime. Elle longea les longs couloirs de la Maison de Guérison, et arriva dans une grande pièce où les derniers blessés que l'on trouvait étaient soignés. Trois jours qu'ils cherchaient encore désespérément quelques proches portés disparus. Merry, lui, avait été retrouvé dans un sale état pendant l'absence du nain et des quatre elfes et mené dans cette grande pièce ouverte à l'extérieur. Il y avait reçu des soins et se reposait, désormais en paix.

" Dame Eilianiel ! Revenez, par tous les Dieux ! Vos blessures sont encore à vif ! "

Toujours aussi butée, elle débarqua dans la salle de soins, et chercha ses compagnons du regards. Ils étaient tous réunis sur le grand balcon qui donnait vue sur les Champs du Pelennor. Des monticules noirs de cadavres fumaient encore sous le soleil, ne laissant que bouts d'armures et d'os. En contrebas, des corps étaient recouverts de draps en attendant d'être emmenés à la Chambre Mortuaire, remplie des milliers de soldats gondoriens tombés. Les deux-milles cavaliers du Rohan s'étaient également fait embaumés, et les soldats survivants étaient repartis les enterrer pour revenir juste après la stratégie de guerre établie. Seul Éomer était resté, Eowyn étant blessée et son oncle reposant dans la crypte de la cité blanche.

" Aragorn ! l'interpella Eilianiel. "

Gimli, Aragorn, Legolas et Gandalf se retournèrent d'un seul mouvement, et la dévisagèrent comme si elle revenait d'entre les morts. Gandalf prit les devants et entama la conversation, qui fut écourtée rapidement par l'elfine.

" Et bien, mon enfant. Ne devriez-vous pas aller vous reposer ?

- Je le ferai plus tard. Aragorn, Veryan émerge ! "

L'Homme se précipita dans la chambre que l'on avait attribuée à l'elfe, et fut suivit par les autres d'un pas raisonnable. Eilianiel était appuyé sur le bâton de Gandalf, et marchait sur un demi-pied. Sa blessure l'élançait de nouveau.

Arrivée avec les autres membres de la compagnie devant la porte de bois, elle resta plantée sur le seuil de la porte. Son frère était avec Aragorn. Ils échangeaient bas et un petit regard d'Aragorn détourna l'attention de son frère qui la regarda alors. Eilianiel capta son regard, mais celui-ci le maintenait tourné vers le sol, la tête basse. Elle s'avança alors vers lui, et sans la moindre once d'hésitation, se jeta à ses côtés et enfouit son nez dans son coup. L'elfe grogna sur la surprise mais l'étreint doucement et congédia les autres d'un geste de la main afin qu'ils leur laissent un peu d'intimité. Eilianiel aurait voulut ne jamais bouger. Rester là, lovée contre l'épaule de son frère et oublier tout de ce qu'il se passait, là, dehors. Oublier Vildéric et ses supplications pour qu'elle l'achève, oublier ses devoirs, oublier son royaume ... oublier son rôle de reine.