LA conversation

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Amélie songea un instant à fuir, ainsi, elle serait sûre d'éviter la discussion gênante avec Oscar, car, à en jugeait par le long regard qu'il lui lança, elle allait être obligée d'y participer si elle restait à côté de lui plus longtemps. Mais, elle ne pouvait tout simplement pas se résigner à une telle trahison, sa parole avait de la valeur, alors, si elle promettait quelque chose, elle le faisait, même si la chose en question lui donnait envie de prendre ses jambes à son cou et de s'enfuir le plus loin possible.

En plus, elle ne pouvait le nier, elle aimait Oscar. Ses sentiments pour lui s'étaient éveillés en fin de première, et n'avaient eu de cesse d'évoluer pendant les grandes vacances, la séparation ayant l'effet inverse de ce qu'elle avait escompté. En effet, elle avait espéré de toutes ses forces (allant jusqu'à prier la déesse vierge, Artémis, de lui épargner les douleurs de l'amour) que la distance (elle était partie en Corse avec sa famille tout l'été) apaiserait ses maux, diminuerait ses sentiments, éteindrait son amour. Mais, rien n'y avait fait, la séparation n'avait fait que renforcer ses sentiments naissants jusqu'à ceux qu'ils deviennent plus que flagrant au début de terminale.

C'était à ce moment-là que sa timidité qu'elle avait presque oublié vu que ce trait de caractère ne se révélait que quand elle était amoureuse ce qui n'était pas arrivé depuis bien longtemps s'était réveillée provoquant rougeur et bégaiement à tout va. Elle avait réussi à dissimuler son secret aux mecs (ils étaient aveugles en ce qui concerne les sentiments (et le reste d'ailleurs)) mais pas aux filles qui avaient été d'une grande aide, lui prodiguant conseils et sourires dès qu'elle en avait besoin mais aussi des sarcasmes et des ricanements quand elle se mettait à rougir bêtement ou à sourire niaisement pour un rien, de vraies amies quoi.

Alors, sachant tous ses sentiments qu'elle nourrissait à l'égard du beau télépathe, elle ne pouvait décemment pas s'enfuir et laisser s'échapper l'espoir qu'ils puissent un jour construire une véritable relation. Elle ne pouvait pas plus envisager de le blesser en trahissant sa parole et en fuyant comme une voleuse prise en traitre. Non, elle ne pouvait tout simplement pas faire ça, donc... Elle restait assise sur le carrelage froid du laboratoire en soutenant calmement le regard d'Oscar, ne laissant pas l'appréhension faire blêmir son visage.

"Hum... C'est pas sympa de penser à fuir, souffla-t-il doucement pour que seule elle puisse l'entendre.

- Tu entends mes pensées ? répondit Amélie sur le même ton, légèrement horrifiée par cette possibilité.

- Justes quelques unes... le télépathe lui servit un léger sourire d'excuse, comme elle était très proche de lui, il lisait aisément mais sans le vouloir certaines de ses pensées.

- Oh... Lesquelles exactement ?

- Eh bien... Je crois avoir compris que tu m'aimais, il caressa très lentement son bras en disant ça de sorte qu'elle pouvait facilement le repousser, mais, jamais une telle idée ne lui serait venu à l'esprit en cet instant plein de douceurs. Mais, je n'en suis pas complètement sûr, peut-être ai-je mal compris ?"

Amélie comprit clairement les intentions du jeune homme, il la poussait gentiment à lui sortir un "je t'aime" ou, au moins, à lui confirmer ses sentiments envers lui. Pas qu'il doute de son talent de charmeur mais il voulait l'entendre de sa voix. Or, la pyrokinésiste ne le voyait pas de cet œil, pas question qu'elle lui déclare sa flamme si lui ne le faisait pas avant. C'était tout de même injuste, il connaissait ses sentiments mais elle était encore dans le flou le plus complet concernant la réciprocité de son amour.

Un léger rire s'échappa des lèvres d'Oscar. Il venait de comprendre ce qui tracassait son amie. Elle voulait connaître ses sentiments... Eh bien, il était temps de se jeter à l'eau apparemment.

Il se rapprocha lentement d'elle, sa main qui jusque là caressait le bras de la métisse descendit tranquillement (il avait tout son temps) le long de la peau chocolatée à la douceur de la soie pour arriver aux hanches de la jeune femme rougissante. Il déposa son autre main sur le creux de ses reins, se déplaçant légèrement sur le côté pour faire face à son amie. Ainsi, il lui suffisait de faire glisser juste un peu ses bras pour câliner réellement et langoureusement la jolie lycéenne.

Celle-ci était toujours assise, les jambes repliées sous elle, et la position de la main d'Oscar la perturbait beaucoup mais ce n'était rien comparé à ce qu'elle ressentit quand il se pencha complètement sur elle, mettant sa tête à deux centimètres de son oreille. Il lui enserra délicatement la taille avec ses longs bras fins. Il était maintenant collé à elle, dans un câlin doux et tendre.

Elle sentit la branche de ses lunettes l'effleurer quand il lui chuchota à l'oreille "Tu veux savoir ce que j'éprouve pour toi ?".

Elle n'eut pas le temps de répondre (ou même d'envisager une réponse) qu'il pencha de nouveau la tête pour venir poser ses lèvres sur les siennes. Il l'embrassa longuement. Elle répondit à son baiser avec amour, allant même jusqu'à approfondir leur câlin.

Elle lui entoura aussi la taille, certes, son geste était plein de gêne et d'hésitation là où celui d'Oscar avait été rempli d'assurance et d'aisance. Mais, le télépathe n'en avait strictement rien à faire, tout ce qui comptait à ses yeux c'est qu'elle réponde à son baiser et à son câlin. Cela prouvait qu'elle l'aimait ou, au moins, qu'elle ne le détestait pas après ce qu'il lui avait fait subir. Il avait eu si peur qu'elle lui en veuille après l'attaque mentale. Mais quand elle avait mis ses mains hésitantes sur sa taille, tous ses doutes  s'étaient instantanément envolés, elle ne lui en tenait absolument pas rancune.

Quand leurs lèvres se décrochèrent enfin, Oscar souffla, la voix rendue plus rauque par l'émotion, : "Ça te convient comme réponse ?".

Elle répondit, amusée par la lueur de désir qu'elle voyait briller dans ses prunelles noisettes : "Oui.".

Il haussa un sourcil, interrogateur, décidant de tenter le tout pour le tout (ça passe ou ça casse comme on dit) : "Deux baisers... On peut dire qu'on est ensemble, non ?".

Elle se sentit soudain pleine d'assurance (l'effet du bisou sans doute) quand elle lui répondit : "C'est une proposition officielle ?".

Il n'allait certainement pas renoncer maintenant, alors il prit son courage à deux mains pour dire d'une voix pas vraiment assurée : "Oui, veux-tu être ma petite amie ?".

Quelle question, évidemment qu'elle voulait ! Mais, avant d'exploser de joie, elle répondit avec un magnifique sourire : "Oui.".

Pourquoi nous ? [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant