Sentiments Nouveaux

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Entre le lycée Jeanne d'Arc et chez les Delorme
Dimanche, 14h05

Émile courait sur la rue menant à son lycée, il était encore en retard, Laura allait le tuer. Ce n'était pas de sa faute pourtant, il faisait vraiment des efforts pour être à l'heure car il savait que cela plairait à la jolie brune, mais, il y avait toujours quelque chose pour le retenir. Aujourd'hui, par exemple, il était parti de chez lui en avance, mais, au trois quarts du trajet, il s'était rendu compte qu'il avait oublié de fermer sa porte à clef, tellement ses pensées étaient accaparées par la jeune femme qui lui avait dérobé son cœur.

Oh, il avait essayé de nier cet état de fait. Il avait tenté par tous les moyens possibles et inimaginables de se persuader qu'il n'était pas amoureux de Laura Orya. Mais, il devait bien se rendre à l'évidence, les preuves parlaient d'elles mêmes. Quand elle était près de lui, son cœur battait la chamade, chantant une douce sérénade qu'elle ne pouvait percevoir, contrairement à lui qui ne pouvait qu'entendre cette mélodie au tempo rapide et entraînant. Quand elle le charrier, comme elle l'avait toujours fait depuis leur plus tendre enfance, il réagissait différemment qu'avant, il sentait naître de nouvelles émotions en lui qu'il ne lui semblait n'avoir jamais connu.

Devant le lycée Jeanne d'Arc
14h05

Laura attendait Émile qui ne pouvait apparemment pas s'empêcher d'être en retard. D'habitude, cela ne faisait que l'agacer, voir l'énerver si elle était vraiment de mauvaise humeur. Mais aujourd'hui, pour une raison qu'elle ne s'expliquait pas, cela la rendait juste complètement ivre de colère. Pourquoi ? Elle n'en avait aucune idée. Elle avait déjà pu remarquer que ses émotions à l'égard du blond étaient disproportionnées ces derniers temps.

Elle était observatrice (un peu trop pour son bien même), cela faisait quelques semaines qu'elle avait pu noter les changements dans l'attitude de son ami comme son pouls irrégulier (même un sourd aurait pu l'entendre) ou ses regards qui revenaient bien trop souvent sur elle pour être anodins, et elle savait parfaitement ce que signifiait ces changements, inutile de se voiler la face. Émile Delorme était amoureux d'elle. Maintenant, la vraie question était de savoir si elle partageait ses sentiments.

Oscar et Célia percevaient le tumulte des pensées désorganisées et chaotiques de leur amie. Le premier ne cherchait pas à en comprendre la raison, il avait déjà bien à faire avec ses problèmes à lui, la deuxième connaissait déjà la cause du tournant de la brune. Elle n'était peut être pas aussi observatrice que la future enquêtrice mais elle possédait tout de même des yeux, et c'était largement suffisant pour comprendre. Elle avait remarqué le rapprochement entre Émile et Laura que seul un aveugle n'aurait pu voir, et avait très bien compris ce qu'il annonçait, les deux allaient bientôt sortir ensemble, elle en mettrait sa main à couper. Et c'était cela qui perturbait son amie, à n'en pas douter.

Pour le moment, ils n'étaient pas vraiment discrets entre le blond et ses techniques de dragues à revoir de toute urgence (nan mais franchement, il lui avait balancé un pot de peinture à la figure quand même) et la brune avec ses regards qui se perdaient un peu trop souvent (Émile était musclé mais fallait pas abuser non plus). Heureusement pour eux que tout le monde était trop occupé à gérer des situations un peu plus inquiétantes que deux ados amoureux, car, sinon, ils auraient très certainement subi plus de blagues et de sarcasmes qu'Amélie au sujet de son comportement face à Oscar.

14h10

Émile arriva, essoufflé, devant son lycée. Ses amis étaient tous là, sur leur visage, il put facilement lire l'agacement qu'avait provoqué son retard. Mais, il ne s'y intéressa qu'un très court instant, préférant regarder la mine ennuyé de Laura. Dès qu'elle s'aperçut que le blond l'observait, elle lui envoya un regard qui avait, sans aucun doute, la capacité de tuer. Puis, elle détourna les yeux vers Célia qui s'apprêtait à entrer dans le lycée (elle avait préalablement pris les clefs à sa mère, professeure de maths à Jeanne d'Arc).

"Attends ! Vas pas te faire mal, je vais enfoncer la porte, dit Émile, qui croyait que son amie voulait entrer par la force, il n'avait pas été mis au courant du vol des clefs.

- 1) je suis suffisamment forte pour enfoncer une porte, merci, s'agaça Célia, qui n'aimait pas que ses amis (tel le blond, Florian ou encore Laura) la prenne pour une personne faible et impuissante physiquement. 2) pas besoin d'user de la force, on va tout simplement se servir des clefs, elle montra le petit objet métallique.

- Ah, je savais pas. Mais bon, c'est moins drôle du coup.

- Être violent ne veut pas dire être drôle, c'est même tout l'inverse, soupira Nina, qui était la force tranquille du groupe, jamais elle ne s'était battue, et elle comptait bien ne jamais en arriver à cette extrémité qu'elle trouvait barbare.

- N'est-ce pas Delorme, appuya sa jumelle pour qu'il comprenne qu'elle lui en voulait d'être arrivé en retard pour un rendez-vous si important.

- C'est bon, j'ai compris, grommela Émile, mit au pied du mur par les deux sœurs. J'enfonce pas la porte, (même si je pense toujours que ça aurait été fun), ajouta-t-il à voix basse pour que seuls Noah, Oscar et Florian qui étaient à côté de lui entendent, ils esquissèrent un sourire amusé."

Laura entendit aussi la blague du blond, mais, au lieu de s'énerver ou de lui faire la morale, elle se contenta seulement de le fusiller du regard (et encore, le cœur n'y était pas, le coup d'œil agacé aurait presque pu passer pour un regard fatigué), ce qui était contraire à ses habitudes, elle réagissait bien plus énergiquement normalement. Mais bon, en ce moment, il n'y avait plus grand chose de normal dans sa vie, alors était-ce vraiment étonnant que ses réactions (pour ne pas dire ses émotions) changent en réaction à toutes les bizarreries auxquelles elle était confrontée ?

Oscar, qui avait suivi l'échange de regard entre la brune et son frère, comprit enfin la raison du trouble émotionnel qu'il avait ressenti chez Laura toute à l'heure. Sans aucun doute possible, la jeune femme commençait, lentement mais progressivement, à tomber amoureuse de son grand frère, et cela la perturbait beaucoup apparemment. Il s'en réjouit (qu'elle éprouve des sentiments amoureux pas qu'elle soit perturbée, il n'était pas aussi méchant quand même) car il savait que des sentiments nouveaux naissaient aussi dans le cœur d'Émile. Il était heureux pour lui qu'ils soient réciproques.

Pourquoi nous ? [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant