Brisés

57 4 0
                                    

Note d'auteur : hey ! J'espère que vous êtes pas trop émotifs parce que ce chapitre va envoyer du lourd ! (Je me mets pas du tout la pression à moi-même) Bref, attachez vous bien !
Je fournis les mouchoirs 😉😭
Bonne lecture !

La Cachette
21h

Émile entra dans le vieux métro d'une démarche joyeuse et enjouée, heureux de sa soirée en amoureux qu'il avait passé en compagnie de sa belle Laura. Il se dirigea vers le canapé en souriant car il pouvait déjà distinguer le T-shirt de son frère qui traînait à terre, preuve qu'il avait réussi à conclure avec son ex (qui ne devait plus l'être d'ailleurs). Il se tourna vers sa petite amie, s'apprêtant à lui faire une blague coquine sur Oscar, Amélie et le maillot sauf qu'il ne prononça pas un seul mot en voyant son magnifique visage pourtant si épanoui quelques micro secondes avant se décomposer.

Laura hurla, elle n'était pourtant pas une petite nature mais la vue d'un cadavre changeait la donne. Elle cria à s'en déchirer les tympans d'une voix complètement changée, une voix brisée. Puis, quand son cerveau réussit enfin à connecter deux de ses neurones conducteurs entre eux, elle courut à toute vitesse vers le corps carbonisé, souhaitant, espérant dans un déni des plus profonds, que son sens de l'observation l'ait trompé, qu'Oscar ne soit pas mort. Elle s'accroupit près du jeune homme et le regarda pendant de longues minutes, agenouillée à côté de lui, des larmes coulant le long de ses joues trempées.

Pourtant, malgré ses sanglots silencieux, la future mère ne ressentait aucune tristesse, elle ne ressentait plus rien. Son cœur s'était déconnecté de la réalité pour ne pas se fracturer complètement. Son cerveau s'était éteint pour que rien ne puisse l'atteindre pas même l'horreur de la mort. Seuls ses yeux restaient actifs, balayant la scène, observant chaque détail pour le graver à jamais dans sa mémoire. 

Son regard était froid, sans émotion, cela ne le rendait que plus impressionnant car, même avec les gouttelettes fraiches et attristantes ressemblant à des perles de pluie qui le traversaient et s'y accrochaient, il restait concentré, attentif, scrutateur et curieux. Sa curiosité visuelle n'avait pas été entachée par les évènements morbides, elle était restée intacte tout comme son sens de l'observation légendaire.

Oscar (ou son corps) était avachi sur le sol, ses jambes étaient repliées sous lui, le haut de son corps retombant mollement sur elles, sa tête était couchée sur le côté droit, pendant négligemment près d'un des coins du canapé. Sa position laissait envisager qu'il était tombé à genoux avant de mourir peu de temps après, il fallait encore déterminer pourquoi. Était-ce pour supplier quelqu'un ? Ou juste parce que ses jambes n'avaient pu le soutenir ?

Son torse nu était complètement carbonisé, des brûlures et des traces rouges sanguinolentes coloraient tout son abdomen, une partie de son ventre était intégralement noire, comme si la peau avait été grillée au lance-flamme. Ses bras et ses mains traînaient misérablement près de son buste, comme les membres d'une marionnette aux fils coupés. Son visage était méconnaissable, ses yeux étaient encore écarquillés d'inquiétude, de terreur et de peur horrifiée. Sa bouche était figée en une grimace de douleur, qu'on pouvait facilement deviner atroce, se faire brûler vif ne devait pas être une partie de plaisir.

Le bas du cadavre n'était pas en meilleure posture. Le jean du macchabé était déchiré et lacéré, la majeure partie du pantalon était complètement calcinée, le bleu du vêtement n'étant plus qu'un souvenir, il avait été remplacé par la couleur des cendres, des trous aux rebords noircies complétaient l'ensemble et laissaient voir la peau brûlée en dessous. Ses pieds nus (on ne portait plus de chaussures au sein de La Cachette depuis que Nina en avait eu marre de balayer le sol chaque semaine) étaient protégés par les jambes du lycéen, positionnés sous elles, une nouvelle preuve qu'il était agenouillé avant de mourir, grâce à cet emplacement avantageux, ils étaient un peu moins touché que le reste du corps, la peau était encore rose saumon, ce qui changeait du noir fumé ou du rouge brûlé.

Pourquoi nous ? [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant