Pourquoi nous ? [TERMINÉ]

L'eau et le feu

Amélie était dans les égouts, à un virage de La Cachette. Elle avait peur, elle était stressée, elle ne voulait pas y aller, elle priait les dieux du courage de venir la soutenir, elle espérait que ses amis seraient cléments avec elle, elle souhaitait revenir dans le lit d'Evan, elle regrettait d'avoir quittée ses bras, elle demandait aux étoiles de briller pour elle. Bref, elle n'était clairement pas prête à affronter ce qui l'attendait au tournant.

Noah était dans le salon, près d'Hannah et Florian. Il était choqué par le récit de Laura, son sens morale était complètement dépassé par les évènements. Rien de ce qu'il croyait savoir sur l'amour, l'amitié, le pardon et le deuil ne s'appliquait à la situation dans laquelle, bien malgré lui, il était. Tout ce qu'il voulait, c'était rentré chez sa copine, être de nouveau contre son corps et oublié tout le reste.

Nina était dans le vieux métro, proche de Laura. Elle était anéantie par la mort de son ami. Elle savait qu'elle ne pourrait pas surmonter ce malheur, elle avait bien trop mal pour ne serait-ce qu'envisager un avenir sans son cœur brisé et son esprit torturé. Elle aurait tout donné pour revenir en arrière, pour revenir aux naïfs moment où elle n'avait pas à affronter la violence de la perte.

Florian était debout, à côté de Noah et Nina. Il était terrifié par l'horreur de la mort et de ses conséquences. À l'instar de beaucoup de condamnés, il avait peur de mourir. Depuis qu'il avait fait sa terrible prémonition, c'était la toute première qu'il avait si peur, pour tout dire, c'était la première fait qu'il se rendait compte qu'il tenait à la vie. Il avait enfin pris conscience qu'il ne voulait pas mourir, il voulait rester en vie ! Il voulait vivre ! Par tous les dieux, il ne voulait pas terminer comme Oscar ! Il regrettait tant ces doux moments où il ne savait pas encore la douleur d'une vie trop brève, une vie destinée à s'achever trop tôt.

Laura était assise, non loin d'Emile et Nina. Elle était fatiguée d'expliquer toujours les mêmes choses à ses amis qui n'avaient de cesse de lui poser des questions sur une histoire dont elle ne connaissait que la fin. Elle n'avait qu'une seule envie : retourner au restaurant avec Émile, l'embrasser, qu'ils reviennent à leurs discussions innocentes sur le nom des jumeaux, qu'ils se demandent qui d'Oscar et de Nina serait le meilleur oncle/tante.

Émile était agenouillé sur le corps d'Oscar, à proximité de Laura. Il était mort à l'intérieur. La seule chose qui le retenait de se suicider ce n'étaient pas ses jumeaux dans la ventre de la femme qu'il aimait. Non, ce qui lui permettait de ne pas sombrer complètement, c'était sa haine à l'égard de l'assassin de son petit frère, c'était son besoin de vengeance, c'était cette rage brûlante qui dévorait tout sur son passage, tristesse et raison, pardon et faiblesse, ce feu intérieur qui allait détruire son âme et son innocence.

Célia était sur le canapé, à deux pas d'Hannah. Elle était submergée par les émotions de ses amis : Amélie et son appréhension, Noah et son choc, Nina et sa douleur, Florian et sa peur, Laura et sa fatigue, Émile et sa haine... Toutes leurs pensées criaient à l'aide : la meurtrière demandait la clémence et le pardon, le géokinésiste voulait oublier, la belle devait faire son deuil, le condamné désirait une chance de vivre, la mère souhaitait se reposer, le grand frère revendiquait sa vengeance.

Comment faisait Oscar pour maîtriser sa télépathie ? Il y avait tellement de pensées, de douleurs et de souffrances !

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Amélie prit une profonde inspiration et entra dans La Cachette d'un pas stressé. Elle pénétra dans l'ambiance pesante du salon avec un air inquiet mais décidé. Quand elle fut devant ses amis, son coeur rata un battement. Ils étaient tous là, même Émile. Gloups. Elle déglutit difficilement... Si avant elle pensait que les deux frères Irmãos étaient aussi différents que le jour et la nuit, aujourd'hui, elle leur trouvait une ressemblance frappante. Frappante comme un coup de point en plein coeur.