Le temps passe et pourtant, quand je me regarde dans le miroir, j'ai l'impression que celui-ci n'a aucune prise sur moi. J'ai toujours l'impression de voir le jeune garçon que j'étais adolescent, mais avec quelques piercings aux oreilles en plus. J'avais pensé me faire tatouer aussi, mais finalement le seul tatouage que j'accepte sur mon corps, c'est celui que tu laissais dans le creux de mon cou, éphémère et pourtant si délicieux.
Aujourd'hui, il ne reste plus aucune cicatrice de nos tous premiers jeux sensuels et pré-amoureux. Ces jeux gentils et ces caresses subtiles avant que l'on ne découvre le sexe. Ce temps est maintenant révolu. Les seuls souvenirs qu'il en subsiste sont ceux que je garde au fond de mon cœur et que je devrais raconter avant qu'ils ne s'effacent de ma mémoire pour de bon. Pourtant, j'aimerais tellement que ces traces de notre amour soient tatouées à tout jamais sur ma peau. Elles étaient ta signature qui marquaient notre union. Ce n'était peut-être pas très esthétique, mais la morsure était toujours douce et enivrante. Dès qu'elle disparaissait, tu me marquais à nouveau. Tu me rappelais que "j'étais à toi", comme tu aimais le dire en rigolant. Mais ces mots lancés en l'air étaient sérieux pour nous deux. On était amis, mais plus vraiment. La frontière s'estompait peu à peu. On avançait à tatillon, entre notre bande-dessinée et la fin de notre scolarité qui se rapprochait de plus en plus. On grandissait, on avait nos doutes... Moi j'en avais beaucoup. J'avais peur, mais je ne le montrais pas. Je voulais qu'on profite au maximum de tout, de nos amis, de nos familles, du temps qu'on avait, de nous deux. Alors je souriais et je t'entraînais dans mes délires et toi, tu m'entraînais dans les tiens.
Face au miroir, aujourd'hui, je suis toujours aussi petit et chétif. C'est comme si j'étais resté prisonnier de notre passé, noyé dans ces doutes et ces anciennes peurs qui refont surface de temps à autre et qui ont finalement réussi à me submerger après ton départ. On me dit de manger pour prendre des forces et de la masse musculaire, mais je n'ai pas faim. Chaque bouchée qui passe dans ma gorge est sans saveur, comme si j'avalais du sable ou de la cendre. On me dit sortir. Pour aller où? J'ai déjà exploré tout Paris, je la connais comme si je l'avais faite. On me dit de rencontrer des gens, mais je ne veux rencontrer personne; c'est trop d'efforts. Je préfère le confort de la solitude à l'oppression permanente du bruit. Je me regarde dans le miroir et je n'ai qu'une envie, c'est de l'exploser, parce que je ne veux plus me voir, je me dégoûte. J'ai envie de vomir. J'ai envie de disparaître. Mais je ne peux pas le montrer, je dois rester le plus neutre possible alors que mon cœur est en miette. Avant, je pouvais être jaloux, colérique et possessif, maintenant, je ne suis plus que cynisme et apathie. Je fais constamment cette moue blasée que vous aimiez tous. Je pense qu'avec le temps, tu as réussi à gagner la partie.
Comme je ne vois les autres que très rarement maintenant, ils me supportent encore, mais je ne pense pas qu'ils le pourraient s'ils me côtoyaient tous les jours. On peut dire que je suis devenu pire que Chloé. Même pour moi, j'ai l'impression d'être horrible à vivre. Je me fatigue moi-même. Comme maintenant! Peut-être qu'écrire un peu et me défaire de quelques souvenirs aujourd'hui allégera mon cœur et améliorera mon humeur. C'est toujours dur de se replonger dans ces vieux souvenirs d'un autre temps, maintenant que tu n'es plus là. Ont-ils seulement existé un jour? Ou les ai-je simplement rêvés? As-tu seulement existé un jour, Marc? Ou n'étais-tu que le fruit de mon imagination? Je garde pourtant encore la sensation de tes lèvres dans le creux de mon cou et je rêve encore de notre premier baiser. Tu me manques tellement. Ton absence me rend fou... Même après toutes ces années.
Depuis les événements qui s'étaient déroulés après la fête de la musique dans ma chambre, Marc et moi nous étions encore beaucoup rapprochés. Ça s'était fait de manière naturelle, même si pour cela, j'avais dû faire beaucoup d'efforts pour convaincre Marc que ce qui s'était passé n'était absolument pas grave, et que tout allait bien entre nous. Il n'avait rien fait de mal. Nous jouions tous les deux, comme nous le faisions d'habitude. On se cherchait, on testait les limites de notre amitié, et la Fête de la Musique nous avait permis d'aller un peu plus loin. De nos petits mots taquins, de nos chamailleries, nous avons commencer à envisager un côté plus charnel à notre relation. Nos jeux devenaient plus tendres et nous devenions encore plus fusionnels. C'était une expérience nouvelle pour chacun de nous. Je n'y voyais rien de mal, mais je voulais juste que personne n'interfère là-dedans, que personne ne se mette entre nous. Nous étions dans notre univers.
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J'ai oublié de te dire je t'aime
Fanfiction"Tu es tombé amoureux de moi. Je suis tombé amoureux de toi. Mais que reste-t-il de nous deux maintenant que tu es parti?" Nathaniel, qui vient de finir le lycée, est un jeune garçon qui a grandi et connu l'amour à Paris... Pourtant, aujourd'hui tou...