Gaga

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Je me fatigue moi-même des fois. Alors quand ça arrive, je me perds dans la musique. Je repense à toutes ces découvertes que tu m'as permis de faire dans ce domaine. Quand j'étais plus jeune, je n'avais que quelques connaissances en rock, métal et rock indépendant français. Toi, tu m'as permis de découvrir et d'apprendre à apprécier tous les genres musicaux. J'imagine que c'est ce qui t'as permis de développer ta créativité et c'est avec la musique que tu as appris à transmettre les émotions sur le papier. Quand je n'écoute pas de musique, j'erre dans les quartiers reculés de Paris pour tenter de découvrir de sombres recoins que je n'ai pas encore explorés. Il semblerait pourtant que j'ai enfin fait le tour de la surface. Heureusement qu'il me reste encore une bonne partie des égouts et des souterrains de la ville à arpenter. Peut-être y trouverai-je des trésors? Peut-être trouverai-je un moyen de sortir de ce labyrinthe duquel je suis prisonnier depuis bien trop longtemps?

Aujourd'hui, alors que je travaillais sur un des projets que j'ai à rendre pour valider ma dernière année, en écoutant la radio, j'ai entendu une de ces chansons qui faisaient partie de la playlist du show de danse de Chloé pendant la fête qui célébrait la fin de notre scolarité au lycée. Son rythme langoureux est toxique et ses basses ont un effets envoûtants sur moi. Elle me donne à la fois envie de me faire plaisir et de me pendre. Je te rassure, même si l'envie est très forte chaque jour, ce n'est pas quelque chose que je ferai. Je ne suis plus que l'ombre de moi-même, complètement mort à l'intérieur. Et puis, mes croyances m'interdisent de commettre un tel acte, jamais le pardon ne me serait accordé. Et pourtant, quand j'entends cette chanson... Je me souviens encore de l'effet que ça m'avait fait de voir vous danser, Chloé et toi, sur ce morceau. C'était presque érotique.

Cette chanson, je la hais. Je la hais! Je la hais! Elle fait partie de ces choses que je veux oublier à tout jamais, qui ne devraient pas exister et qui troublent le peu de quiétude qu'il me reste encore. Elle agit sur moi comme une madeleine de Proust empoisonnée.

J'ai adoré notre dernière soirée, je voudrais qu'elle ne se soit jamais arrêtée et je voudrais aussi qu'elle n'ait jamais eu lieu, que le temps se soit figé à tout jamais chez Chloé et qu'on ne soit jamais rentré après les feux d'artifices...

Le jour du bal, je suis allé avec Marinette et Juleka passer l'entretien pour son concours d'entrée à l'école de design où elle avait soumis son dossier. Marinette devait y présenter les tenues qu'elle avait imaginées et préparées. Juleka faisait le modèle pour la tenue féminine de Marinette et moi, je servais de modèle pour la tenue homme. J'étais plutôt impressionné par tout le décorum, mais l'expérience avait été intéressante à vivre. J'avais défilé sur un podium, maquillé et apprêté et j'étais (ou plutôt, la tenue de Marinette) jugé, par un jury impassible et à première vue, loin d'être transcendé par son travail ou ses talents de couturière. Ils prenaient un tas de notes et ont posé des dizaines de questions sur la conception de l'ouvrage à Marinette. Celle-ci répondit à toutes les questions, sûre d'elle, sans se démonter, contrastant ainsi avec la Marinette d'avant défilé, totalement flippée à l'idée de présenter son travail. Elle en parlait comme si c'était une horreur. Elle faisait tout un foin alors qu'en vrai, derrière, elle avait le soutien de Gabriel Agreste, ainsi que d'Audrey Bourgeois: les deux plus grands noms de la mode. On ne pouvait pas mieux rêver en terme de recommandation.

Je me suis rendu à la fête de Chloé, seul. Marinette m'avait laissé la tenue et j'avais gardé mon maquillage pour ne pas à avoir à le refaire plus tard dans la soirée. J'étais un peu embarrassé de sortir comme ça en ville, mais personne ne se retourna sur moi. Encore une fois, je me faisais des films sur le regard des autres. Me mère fut émerveillée en me voyant. À l'époque, il fallait vraiment que j'apprenne de Marc. Lui n'avait pas (ou plus) peur du jugement des autres depuis bien longtemps. Il s'assumait tel qu'il était: Ses passions, ses désirs, son corps... Peu importe les étiquettes qu'on lui collait, lui ne s'en embarrassait pas, tant qu'il savait qui il était, il était heureux. Les étiquettes sont pour les gens qui ont besoin de se sentir reconnus dans la société. Marc, lui, n'avait pas se besoin de reconnaissance, même si j'imagine que la vie n'avait pas toujours dû être tendre avec lui. Notamment avant qu'on se connaisse... Lui et moi n'en avions jamais vraiment parlé. Bref, porter un peu de maquillage ne m'avait pas du tout tué et pour tout dire, aujourd'hui encore, je m'en accommode parfaitement.

J'ai oublié de te dire je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant