Venin : Lune de Miel

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Quand la bataille fut enfin terminée, Chloé m'avait soigneusement évité. Elle était allée vérifier que Nathaniel et Marc allaient bien avant de rapidement disparaître dans la foule. Tout le monde avait été chamboulé par ce qui s'était passé. Adrien était tombé sous le feu de l'ennemi. Il était inconscient et les secours l'avaient pris en charge dès qu'ils avaient pu avoir accès à la zone. Si Nathaniel n'avait pas été là pour le rattraper dans sa chute, Dieu sait dans quel état il serait maintenant. Le pauvre m'avait confié fièrement avant les heurts n'éclatent qu'il se redéclarerait à Marinette quand tout serait fini. J'espère très sincèrement qu'il aura la chance de le faire car il ne méritait pas ce qu'il lui arrivait. Il avait protégé Ladybug au péril de sa vie. Il s'était sacrifié encore une fois pour la femme qu'il aimait. Si ça c'était pas la plus belle preuve d'amour! C'est ce que je ferais pour Chloé et c'est ce que Marc ferait pour Nathaniel.

Marinette, derrière son masque avait été bouleversée par la nouvelle. Lorsque Nathaniel éclata de colère devant tout le monde à la fin de la bataille, elle comprit enfin que l'homme à terre qui s'était servi de son corps comme bouclier pour protéger celle qu'il appelle sa "Lady" était l'homme qu'elle convoitait depuis le collège. Interdite, Elle préféra rester silencieuse à ce sujet, peut-être de honte, peut-être de regrets. Avec Marc, nous allions tout faire pour que les deux anciens amis se réconcilient, mais avant ça, j'avais moi-même une autre mission à accomplir : me réconcilier avec celle qui était ma véritable moitié et que j'avais rejetée par ignorance.

Ce n'était qu'à la nuit tombée, après m'être assuré avec les autres héros que tout allait rentrer dans l'ordre avec les autorités et que tout le monde était bien pris en charge par les secours que j'avais pu rendre mon miraculous à Marinette et m'éclipser pour aller retrouver celle qui s'était réfugiée dans sa tour d'ivoire. Le ciel était dégagé et la lune était pleine et brillante, rayonnante d'une lueur argentée. J'avais pris l'ascenseur jusqu'au dernier étage et j'étais rentré dans son appartement. Chloé ne fermait jamais chez elle. Son appartement baignait dans la lumière de la lune et était parfumé de senteurs de milles fleurs. Parfum qui, à force de vivre dans un jardin, était devenu son parfum naturel. Et depuis quelques années maintenant, je pouvais sentir la présence de Chloé aux alentours grâce à cette odeur enivrante et envoûtante qu'elle dégageait en permanance. Tellement que c'était devenu inconscient. Au studio Agreste, je savais qu'elle allait arriver au détour d'un couloir. J'avais été imprégné par elle sans même m'en être rendu compte.

Je n'avais pas apporté de fleurs avec moi ce soir. Peut-être que j'aurais dû. Peut-être que ça m'aurait aidé à briser l'armure qu'elle portait à nouveau autour de son cœur pour se protéger.

_ Qu'est-ce que tu fais là?

Sa voix était cassante, froide. Ses yeux me méprisaient. Je n'étais pas le bienvenu. Chloé n'aimait pas Vipérion. Chloé avait aimé Luka Couffaine, le rockeur au cœur tendre. Maintenant qu'elle avait découvert que j'étais Vipérion, est-ce qu'elle m'accepterait encore? Je comprenais enfin ce qu'avait pu endurer Adrien et Chat Noir pendant si longtemps. Je pouvais comprendre la colère refoulée de Nathaniel. Et je savais pourquoi Marc m'en avait retourné une. L'amour et la confiance étaient des trésors qu'il fallait protégé quand ils existaient entre deux êtres. Moi, je les avais bafoués et écrasés.

Chloé n'était vêtue que d'une très courte robe de chambre en soie blanche ouverte sur un ensemble de lingerie fine qui couvrait à peine son corps. Ses longues jambes fines et parfaites étaient sublimées par une paire de talons aiguilles. Ses longs cheveux dorés comme les blés tombaient en cascade sur son épaule gauche et rayonnait dans la nuit. Ses yeux bleus scintillaient de mille feux. Chloé était extrêmement belle dans la lumière de la nuit, comme si la lune elle-même l'avait prise sous son aile et avait fait d'elle son égérie. Elle avait la prestance et la présence d'une vraie reine. Et je ne pouvais m'empêcher de détourner le regard, gêné de la voir aussi dévêtue. Chloé était magnifique. Chloé était sexy. Chloé savait qu'elle était belle et n'avait pas honte de son corps, mais moi j'avais honte de me présenter devant elle.

_ Est-ce que tu peux te couvrir, s'il te plait? Lui demandais-je gentiment à voix basse, de peur de briser l'atmosphère magique qui régnait dans la pièce.

_ Pourquoi? Tu m'a déjà vue à moitié nue... Et je suis chez moi je te rappelle.

Elle avait totalement fermé son cœur. C'est vrai que j'avais déjà vu plusieurs fois Chloé se changer quand on était plus jeunes, alors qu'elle allait répéter son show de danse avec Marc. Plusieurs fois, il m'avait dit d'arrêter de regarder ses jambes. Plusieurs fois il m'avait vanné sur le fait que Chloé me plaisait, mais jamais je ne l'avais jamais écouté.

_ C'était au lycée... Maintenant, on est adulte.

J'ai pris une longue inspiration, mon courage à deux mains et je me suis approché d'elle, mais elle reculait et continuait de m'éviter autant que possible, comme si j'étais devenu une menace pour elle, jusqu'à ce qu'une de ses grandes baies vitrées l'empêche de faire un pas de plus en arrière. Je ne sais pas ce qu'elle voyait dans mes yeux, mais je lisais la crainte dans les siens. Elle était ma proie et était prise au piège. Elle était soudain devenue si petite face à moi, impuissante, fragile, comme l'une des centaines de fleurs qui dormaient dans la pièce voisine.

_Tu ... Tu ... devrais rejoindre Marinette. Avait-elle murmuré, le regard désormais fuyant.

Elle avait les larmes aux yeux en disant ça, comme si ça lui crevait le cœur. Je ne m'attendais pas à cette remarque de sa part, ça m'a transpercé le cœur. Elle avait rabattu les pans de sa robe de chambre sur elle, les tenant d'une main, comme m'interdisant l'accès à ce trésor qui aurait dû être mien depuis bien longtemps déjà. Elle me rejetait encore. Mais aujourd'hui, je comprenais pourquoi j'avais reçu ce soufflet pendant la bataille, au lieu du baiser temps attendu. Je comprenais son comportement fuyant. J'avais été trop gourmand. J'avais voulu aller trop vite et faire les choses dans le désordre. Je croyais qu'en faisant un acte héroïque envers elle, elle tomberait comme ça, dans mes bras, effaçant ainsi tout ce qui s'était passé. Enfin... ce qui ne s'était pas passé entre nous. Mais Chloé n'était pas un trophée et je l'avais oublié. Je devais dissiper le malentendu.

_ Tu n'es pas au courant? Marinette et moi, on n'est plus ensemble depuis quelques semaines déjà.

Elle leva enfin les yeux vers moi, prise au dépourvu, la bouche entrouverte de surprise par la révélation qui venait de lui être faite. Au fond de moi, j'étais satisfait et je ne pouvais pas m'empêcher de sourire à l'effet que cette remarque provoquait chez Chloé. Elle, qui se montrait d'habitude aussi forte qu'un roc, semblait fondre dans mes bras. J'étais sa plus grande faiblesse, et elle était ma force. Sa garde s'abaissait enfin et le baiser que j'attendais depuis l'après-midi fut enfin échangé, avec la lune pour témoin. Ce moment-là fut le moment le plus parfait de toute ma vie. J'avais enfin le sentiment d'avoir accompli quelque chose et d'être enfin entier. Chloé était dans mes bras, contre moi et nous ne formions plus qu'un. Nous étions désormais unis, mariés par la nuit.

Il n'en fallut pas plus pour que nous rejoignons son lit afin que je puisse passer la nuit à l'honorer comme elle le méritait. D'abord chastes, nos baisers et nos caresses devinrent rapidement extrêmement sensuels et charnels. J'allais enfin la voir croquer dans la pomme. J'avais été aveugle et je l'avais négligée bien trop longtemps. Il fallait que je me fasse pardonner en lui offrant tout ce que je pouvais lui offrir : Mon cœur et mon âme. Chaque centimètre carré de sa peau douce sentait les fleurs et son corps avait le goût du miel. Je l'enlaçais, telle une proie que je ne voulais jamais délivrer, mais toujours avec douceur et tendresse, parce que je ne voulais plus la faire souffrir. Je lui ai juré fidélité jusqu'à ce que la mort nous sépare, mais elle avait rit et trouvé que j'en faisais un tout petit peu trop. Pourtant, elle m'avoua par la suite qu'elle ressentait la même chose.

Ce n'est que beaucoup plus tard dans la nuit, après que la lune a disparu et que seuls les lumières de la ville nous éclairaient au loin que je me suis endormi dans ses bras, la tête enfouie dans sa poitrine contre laquelle je pouvais entendre les battements de son coeur apaisé.

Elle était ma reine, j'étais son chevalier.

J'espère que tous les matins et toutes les journées qui me seront offerts à partir de maintenant seront aussi doux que ses caresses.

J'ai oublié de te dire je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant