La Seine

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La nuit était paisible. Le ciel était dégagé, la lune brillait et les températures étaient encore agréables, si bien que Nathaniel avait pour habitude de déambuler tranquillement au bord de la Seine, comme il aimait le faire plus jeune avec Marc, quand ils rentraient tous les deux de soirée. Ils étaient devenus les petits Gavroches de Paris à force d'en explorer tous les recoins. Mais l'un de ses endroits préférés restait le bord du fleuve. Ces promenades nocturnes étaient à la fois remplies de nostalgie, mais aussi un grand bain d'inspiration quand il avait besoin de retrouver un peu de motivation pour le travail.

Une fois par semaine, il aimait se rendre sur l'île de la cité pour voir où en était la reconstruction de la cathédrale. De nombreux pèlerins venaient des quatre coins de la planète pour se recueillir et déposer des gerbes de fleurs au pied du grand cadavre de pierre. Nathaniel se joignait alors à la foule pour communier. Parfois, il pénétrait même en son cœur, encore interdit aux visites pour y méditer et il espérait qu'avec sa reconstruction, son âme serait enfin apaisée.

Après tout, la Cathédrale avait été le lieu de son premier rendez vous avec Marc et ces souvenirs lui étaient extrêmement précieux. Il avait l'impression d'entendre les échos des rires de son ami aujourd'hui disparu.

Le calme des nuits parisiennes l'apaisait et il aimait se remémorer ces instants de bonheur qu'il avait vécu plus jeune. Jeunesse qu'il avait tendance à oublier de plus en plus et qui pourtant n'était pas si lointaine. Jeunesse noyée dans la désillusion permanente. Jeunesse écrasée sous les montagnes de travail qu'il s'imposait.

Alors qu'il traversait le pont Neuf pour rentrer chez lui, il s'arrêta et s'accouda sur le rebord pour observer la capitale endormie, bercée par les tumultes diffus de la Seine qui courait sous ses pieds. Il en regarda les flots et hypnotisé, se demandait l'effet que cela pouvait faire d'être emporté par le courant en laissant l'eau s'insinuer plus ou moins violemment dans les poumons. Il était en paix avec lui-même depuis quelques temps maintenant et pourtant, de temps à autres, des pensées morbides l'envahissaient. Il avait l'impression permanente qu'une partie de son être lui avait été arrachée. Il devait se montrer fort pour ne pas sombrer et c'est en se noyant dans le travail qu'il oubliait le malheur qu'il s'infligeait et qu'il traînait comme un boulet.

_ Salut!

Nathaniel sursauta. Il était heureux de ne pas être en train de marcher en équilibre sur le rebord du pont comme il aimait le faire de temps en temps pour ressentir ce sentiment de danger. Il aurait très certainement basculé dans l'eau avec ce sursaut et aurait réalisé ce rêve de noyade. Il n'avait pas vu l'ombre s'accroupir silencieusement sur le rebord, à côté de lui. Il se tourna alors vers la personne à qui appartenait cette voix et découvrit Chat Noir, la mine basse, mais souriant. Ça faisait longtemps que Nath n'avait pas côtoyé le super-héros de si près. En effet, la dernière fois qu'il avait pu l'approcher et lui parler, c'était lorsque qu'il s'était fait akumatisé à cause de Lila... C'était il y a des années de cela, quand il n'était encore qu'un collégien et qu'il aimait dessiner les deux super-héros, symboles de la ville. Aujourd'hui, il était adulte et il était plus ou moins passé à autre chose. Ses aspirations avaient changé et ses rêves de gamins étaient partis en fumée avec Marc. Chat Noir aussi semblait avoir changé en quelques années. Il n'était plus le super-héros optimiste et enjoué qu'il était: Il ne faisait plus tellement de blagues, mais le peu qu'il racontait faisait mouche et embarrassait toujours autant l'assistance. Seulement, il n'apparaissait plus que très peu en compagnie de Ladybug. Dès qu'une bataille était terminée, il disparaissait subrepticement. Il s'était fait discret à contre cœur. Il se sentait inutile depuis que l'idole de Paris se montrait presque toujours en compagnie de Vipérion. Quelque chose en lui avait changé et Nath sentait qu'il baignait dans une forme de mélancolie. Chat Noir s'était aussi transformé physiquement: Il avait grandi, sa musculature était encore plus avantageuse, sa mâchoire était maintenant un peu plus carrée, et sa voix plus profonde.

J'ai oublié de te dire je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant