Le soir venu

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Après que les pompiers et les nombreux infirmiers avaient enfin fini de s'occuper des blessés, Nathaniel put enfin rentrer chez lui, accompagné de Marc. Par chance, le Miraculous Ladybug avait réparé la majorité des dégâts matériels engendrés par cette grande bataille contre les forces du mal.

Marc referma la porte de l'appartement et regarda la figure de son compagnon, le bras en écharpe, qui lui tournait le dos. Le rouquin posait un sac de courses sur la table et souffla lourdement, fatigué par toutes ses aventures. Les rayons du soleil couchant rentraient par la petite fenêtre qui menait au balconnet et illuminaient et auréolaient la silhouette du jeune homme, le rendant presque irréel. Il avait l'air d'un ange. Toute cette folie était enfin terminée. C'est ça, Marc était en train de réaliser que toute cette folie était enfin terminée. Nathaniel et lui allaient enfin pouvoir vivre heureux sans que personne ne puisse se mettre entre eux. Ils pourraient enfin exprimer leurs sentiments véritables sans avoir à craindre de se faire transformer en monstre assoiffé de vengeance et de destruction. C'est à ce moment-là, qu'il se détendit, tellement que les larmes commencèrent à rouler furieusement sur ses joues.

Quand Nathaniel se retourna et le vit ainsi, immobile et le visage mouillé de larmes et déformé par la fatigue, il fut extrêmement surpris, car jusqu'à présent, il avait l'habitude de voir son partenaire porter un sourire radieux en tout temps, ou de l'inquiétude, mais jamais son grand punk aux cheveux rose n'avait montré tant de faiblesse, même lorsqu'ils étaient plus jeunes. Le temps était suspendu entre eux, comme lorsqu'ils avaient l'habitude de plonger dans le regard de l'autre. Ils y voyaient l'éternité et la plénitude. C'était leur monde, c'était leur existence. C'est dans cet instant suspendu qu'ils savaient qu'ils étaient faits l'un pour l'autre et que, quoi qu'il arrive, jamais rien ne pourrait les séparer. Ses yeux s'écarquillèrent de stupeur à cette réalisation. Marc se rua sur lui et l'enferma dans ses bras, en tentant de ne pas lui faire mal à son épaule blessée et ses côtes fêlées. Il avait montré qu'il était fort et courageux pendant si longtemps qu'il en avait oublié que lui aussi pouvait être faible. Et puis, à quoi cette force et ce courage auraient servi si Nathaniel disparaissait ?

_ J'ai eu si peur de te perdre. Avoua-t-il enfin au creux de l'oreille de Nathaniel.

Nathaniel referma ses bras du mieux qu'il pouvait autour du torse de son compagnon et plongea sa tête contre sa poitrine. Bien sûr qu'il y avait encore cette colère sourde contre lui. Pourquoi avait-il décidé de jouer les héros ?

_ Moi aussi j'ai eu peur de te perdre.

Le petit rouquin retenait ses larmes du mieux qu'il pouvait. Il avait vu son compagnon se battre seul contre une armée d'akumatisés pour le protéger. Il l'avait vu tomber du côté obscur, lui le jeune garçon toujours optimiste qu'il était et ça l'avait terrifié. Il ne voulait plus jamais vivre ça.

_ Pourquoi tu ne m'a pas donné mon miraculous ? J'aurais pu me battre avec toi et te protéger.

_ Je voulais pas te voir te battre.

C'était égoïste et Marc le savait. Il aurait dû utiliser les deux kwamis qui leur étaient destinés depuis toujours. Grâce à eux, ils auraient pu faire plus de dégâts plus rapidement dans les rangs de Papillon et Mayura. Mais rien que de penser au fait que Nathaniel pourrait être blessé dans la bataille abattait Marc.

_ On aurait pu faire une super équipe. Déclara simplement Nathaniel avec un léger sourire, s'imaginant en costume aux côtés de son compagnon.

_ La meilleure. Renchérit Marc, lui aussi avec un sourire, en enfonçant son visage un peu plus dans la chevelure rousse de son amoureux.

Même si les choix de son partenaire ne lui avait pas plu, il était tout de même heureux. Ils étaient tous les deux en vie et en bonne santé et c'était le plus important. Cette folle histoire était désormais derrière eux et plus jamais ils n'auraient à se soucier de leurs émotions. Ils pourraient tous les deux être entiers l'un pour l'autre. Nathaniel ne savait que trop bien que ses émotions pouvaient lui jouer des tours, mais cette grande aventure lui avait appris à devenir plus sage et à se canaliser.

Son amie Alix avait raison :

_ N'en veux pas trop à Marc ! Tu sais combien tu es précieux pour lui. Lui avait-elle murmuré à l'oreille, plus tôt, lorsqu'ils se remettaient tous de leurs émotions et que les secours aidaient la population en difficulté.

Elle avait raison. Même si Marc s'était montré égoïste, il ne pensait seulement qu'à faire le bien. Il ne pouvait pas lui en vouloir pour ça. Il regrettait juste que celui-ci ne soit pas venu lui parler, qu'ils n'en aient pas discuter tous les deux pour trouver une solution. Mais ça ne servait plus à rien de rejouer la partie. Tout était fini désormais.

Après être resté un long moment ensemble dans les bras l'un de l'autre au milieu de la pièce, les deux jeunes hommes allèrent se poser dans le canapé où ils continuèrent à discuter pendant très longtemps. Ils étaient lovés l'un contre l'autre dans un des nombreux plaids qui envahissait le sofa et le grand punk raconta à Nathaniel comment s'était déroulée la bataille et expliqua toutes les motivations qui l'avait poussé à se joindre à Ladybug. Les deux garçons se tenaient par la main, comme ils aimaient le faire lorsqu'ils étaient encore à l'école. Ils rirent ensemble malgré toutes les catastrophes qu'ils avaient vécus. Ils partageaient des histoires et des aventures, se remémorant au passage leur jeunesse et leur vie d'avant.

Le temps passait. La nuit tombait sur Paris.

Terrassé par la fatigue, Marc s'endormit paisiblement dans les bras de Nath qui ne pouvait s'empêcher de sourire tendrement, à la vue du visage apaisé de Marc. Il lui caressait le cuir chevelu avec amour et en profitait pour y déposer quelques doux baisers au passage. Son compagnon avait à nouveau l'air si fragile et si petit. Il avait enfin laissé tomber cette armure qu'il s'était forgé dans sa solitude. Nathaniel, quant à lui, avait enfin retrouver le chemin du cœur du jeune garçon qu'il avait rencontré une douzaine d'années plus tôt, au club d'Arts Plastiques de son collège ; Ce jeune garçon timide qui manquait de confiance en lui, unique en son genre. Il avait enfin retrouvé Marc, son Marc, celui dont il était tombé amoureux. 

J'ai oublié de te dire je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant