Akuma

464 39 24
                                    

Vivre avec Nath n'était pas tous les jours facile. Mais on faisait quelques petits progrès. La nuit précédente en fut un bon exemple. Faire la conversation avait été une épreuve, pour lui, pour moi, cependant j'avais obtenu un petit rapprochement. Nathaniel ne me rejetait pas, mais je ne comprenais pas encore ce qu'il fallait faire pour que tout redevienne plus ou moins comme avant. Je voyais bien qu'il était perturbé par quelque chose et tant qu'il ne me disait rien, on ne pourrait pas travailler sur le problème. Alors j'essayais de lui laisser le maximum d'espace et de temps nécessaire. Le voir dans cet état était extrêmement dur. Son sourire me manquait, ses yeux pétillants me manquaient. J'aimerais tellement le serrer dans mes bras à nouveau et l'embrasser. Nous habitions sous le même toit, pourtant nous étions tellement loin l'un de l'autre. Je le laissais faire sa vie. Il me laissait faire la mienne. La seule chose que je lui imposais, c'était de manger parce qu'au fond de moi, ça me rendait malade de le voir comme ça par ma faute.

Nath n'avait toujours pas dit aux autres que j'étais de retour. Pas par honte, non. Je pense qu'il ne le fera pas avant d'avoir fait la paix avec lui-même et qu'on se soit réconcilié pour de bon... Si jamais on y arrive un jour, mais je garde bon espoir et je prends donc mon mal en patience. J'évitais donc de sortir en journée dans des lieux que nos connaissances communes pouvaient fréquenter et je préférais rester discret.

Le petit matin était ma partie préférée de la journée. J'aimais aller regarder ce moment où le soleil pointe ses premiers rayons de soleil sur la ville, sur le toit de l'appartement avant de retourner me coucher et de faire semblant de dormir en attendant que Nathaniel ne parte au boulot. Sauf le dimanche. Aujourd'hui, j'avais décidé d'aller faire un petit jogging parce que j'avais grand besoin de me dégourdir les jambes. J'ai passé les sept dernières années de ma vie à vagabonder à droite à gauche et me retrouver maintenant enfermé était de devenu quelque chose de difficile. C'était reposant, certes. J'avais tout de même besoin de ma dose d'adrénaline quotidienne. Bien sûr, quand Nath était au boulot, j'en profitais pour sortir un peu aussi, sur les toits de Paris, mais là, j'avais vraiment envie de bouger. La conversation d'hier soir et le fait d'avoir eu la chance de dormir près de mon petit-ami m'avait donné des ailes.

Je profitais du calme des rues pour faire du jogging et un peu de parkour et étudier un peu mieux la ville. Nathaniel avait été très fort pour ça plus jeune. Les entrailles de Paris étaient sa passion depuis longtemps. J'en avais parcouru des kilomètres avec lui dans des petites rues et autres bouches d'égout dégueulasses et puantes quand on était au lycée. Ça l'inspirait et ça lui permettait de dessiner des décors fous pour notre bande-dessinée. Il avait un don pour l'observation. Moi j'étais plus doué pour l'analyse, du coup, on se complétait bien tous les deux. Sauf que là, je pense que je me suis un peu fourvoyé, car en voulant jouer les cascadeurs, et sauter sur le toit d'en face, j'avais terminé la tête la première dans une benne à ordures. J'avais eu de la chance car à quelques mètres près, j'aurais pu me faire très mal.

C'était le signe qu'il fallait rentrer. Nath serait sûrement levé à cette heure-ci. Il serait probablement en train de travailler sur un quelconque projet de la maison de couture Agreste, sans avoir mangé. Il me sermonnerait très certainement pour l'odeur nauséabonde et me sommerait d'aller me décrasser avec ce regard blasé que j'aime tant. Rien que de penser à lui me faisait sourire.

Sauf que, encore une fois, je m'étais lourdement trompé. À peine avais-je franchi le pas de la porte, tout sourire, que je vis Nathaniel débouler en furie sur moi, les larmes aux yeux. J'avais reçu la plus grosse tarte de tout ma vie.

_ NE FAIS PLUS JAMAIS ÇA !!! T'AS COMPRIS !!! PLUS JAMAIS !!!

Non, je ne comprenais pas ce qui venait de se passer. Je n'osais pas le regarder. C'était trop dur de le voir pleurer. Il me hurlait dessus. Je ne l'avais jamais vu dans un état pareil. Même notre première rencontre n'avait pas été aussi violente.

J'ai oublié de te dire je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant