un nouveau tournant (2)

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Pdv de Javier

Cecily et moi restons plusieurs secondes à nous observer avant qu'il ne se decide à  briser le silence :

- Pourquoi avoir besoin d'un guide? me lance t-il soudainement. Ne pourrait-on pas seulement se promener et découvrir la beauté de cette université bientôt millénaire ?

-Pourquoi pas ! Ai-je approuvé. De toute façon, il serait bien dommage de se retourner parce-que vous êtes un piètre guide.

Il se contente de rouler les yeux le sourire aux lèvres.
Pendant l'heure qui suit, nous nous promenons ensemble, et nous regalons de tel ou tel anecdotes qu'il avait  vécu pendant sa seule Année d'étude à Oxford.

Pendant la promenade, je reste subjugué par la diversité diversité du corps estudiantin. Mais c'est surtout l'architecture des lieux qui m'enchante.

- Comment as-tu fait pour étudier ici sans chercher à en savoir plus sur les merveilles qui t'entourent? Ne puis-je m'empêcher de demander à Cecily.

Pour moi, il était juste inconcevable qu'on ne puisse pas éprouver de l'intérêt pour l'Université en particulier et la ville en général. Il soupire longuement avant d'ajouter :

- La vérité est que je n'ai jamais vraiment voulu venir étudier ici. Mon seul désir était d'avoir mon diplôme le plus rapidement possible afin de quitter ce trou. D'ailleurs, je ne me rappelle pas m'être vraiment fait des amis ici.

À l'entendre parler ainsi, je fronce les sourcils, une peu perplexe. Je ne pensais pas que Cecily était du genre à se forcer à faire des choses dont il n'a pas envie. Et étudier à Oxford en fait clairement partir.

- Tu as dit avoir été à Cambridge, alors pourquoi venir ici?

- Tradition famille ! Lance t-il. Depuis presque un siècle, tout les membres de ma famille ont toujours obtenu leur diplôme de l'Université d'Oxford et ce n'est certainement pas moi qui allait déroger à cette règle.

- Pourquoi ne pas avoir commencé ton cursus universitaire ici, alors ? Ça t'aurais éviter bien des tracas administratif, enfin je pense.

- Mon père de son vivant, n'accordait pas beaucoup d'importance à cette tradition, donc m'inscrire ici ou ailleurs ne lui posait aucun problème. Cependant après sa mort, ma mère éprouvait le besoin de nous voir marché dans ses pas, alors....

Il fait une pause et se  racle la gorge, le regard perdu dans le vide, ajoute:

- J'ai essayer de lui résister, mais j'ai dû m'y résoudre lorsque j'ai compris que je devais donner l'exemple à London pour qui le respect des traditions familiales frisait, à l'époque, à l'obsession.

- Donc, tu t'ai sacrifié pour faire plaisir à ta mère et à ton frère, je récapitule.

Je l'entends rire quand je finis ma phrase et me bousculer légèrement à l'épaule.

- Je ne suis pas un martyr non plus, je n'ai fait que changer d'université.

- Mais, il n'empêche que ce n'est pas rien, non plus. Tu sais, je ne suis pas bête. J'ai bien compris pourquoi tu m'avais pris dans ton équipe. Tu voulais surtout protéger ton frère de moi, même si c'était inutile vu que je n'allais jamais parler de ce que j'ai vu. Enfin, ce que je veux dire, c'est que j'admire ton dévouement pour ta famille.

Il me fait une ébauche de sourire que je trouve extrêmement craquant. Je crois rêver lorsque je me rends compte qu'il rougit. J'ai l'impression que je suis en train de découvrir un nouveau. Un Cecily moins sûr de lui, mais tellement adorable...

- C'est la première fois que tu alignes autant de mots en ma présence. Qu'as-tu fait de mon timide stagiaire, rigole Cecily, plus pour se donner contenance.

Je crois que ma précédente tirade l'a un peu gêné.

- Désolé, si je vous ai paru...

- Tu n'as pas à t'excuser Javier. Je te taquine,c'est tout. Tu sais que tu es là personne la plus bizarre que j'ai rencontré ?

Il marque une pause et affiche une expression moqueuse devant mon air quelque peu vexé.

- Je ne suis pas bizarre ! M'exclame-je.

Il fait mine de réfléchir quelques secondes.

- Tu as raison. Je pense aussi que bizarre n'est pas le qualificatif approprié, je dirais plutôt mystérieux. Voilà, c'est çà ! Mystérieux.

J' ouvre grand les yeux, stupéfait qu'il puisse me trouver un tant soit peu mystérieux.

- N'importe quoi! J'admets que je suis peut-être un peu secret, mais en aucun cas mystérieux, ai-je contesté. Je suis la personne la plus prévisible qui soit, ça je peux te l'assurer.

- Non je ne suis pas de cet avis...

-Javier ? Javier  Antonio Sandoval Palacios? M'appelle une voix que je reconnais immédiatement et que j'aurais aimé ne plus jamais entendre.

Je me raidis instantanément et ferme les yeux pour me donner la force de faire face à ce nouveau coup du destin. Je tourne les yeux dans la direction d'où provient la voix et apperçois la belle brune aux yeux de biche venir vers moi, le sourire aux lèvres.

- Valentina, dis-je simplement, d'une voix morne.

Elle me serre dans ses bras et me sourit, comme si nous étions toujours les meilleurs amis du monde. Je jette un coup d'œil à Cecily qui nous observe, avec un intérêt manifeste, reculer de quelques pas pour donner de l'espace à Valentina.

- Depuis quand vis-tu en Angleterre ?  Tu étudies à Oxford ? Tu vis sur le campus ? Me bombarde la jeune femme. Je suis tellement heureuse de voir après toutes ces années !

J'ai envie de l'envoyer se faire foutre, lui dire ma manière de penser sur la manière horrible dont elle a mit fin à notre amitié. Je voudrais lui cracher au visage toute les horreurs que j'ai dû vivre par sa faute... Mais je n'en fais rien. Se serait lui faire plaisir de lui montrer combien, sa méchanceté m'avait anéanti et qu'aujourd'hui j'en garde encore des séquelles. Je souffle bruyamment pour ne pas laisser ma rage exploser.

- Rentrons ! Dis-je à Cecily dès que je fut de nouveau maître de moi-même.

Sans lui adresser un regard, et comme elle l'a fait des années auparavant, je lui tourne le dos et m'en vais sans jeter un regard en arrière.





DérapageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant