des souvenirs.(corrigé)

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Pdv Javier.

- Tu devrais essayer un jour. Si tu veux, je peux t'inviter à notre prochaine sortie ?

Je fronce les sourcils en souriant.

-Ce n'est pas mon genre de me jeter du haut d'un avion en parachute. Je suis plutôt du genre à lire un livre au coin de la cheminée. Les sensations fortes, ce n'est pas trop mon truc.

Cassidy me regarde, la mine dépitée. Cela fait plusieurs minutes qu'elle essaie de me convaincre de l'accompagner et de participer à des sports extrêmes qu'elle affectionne tant.

-Les seules sensations fortes que j'ai expérimentées étaient dues aux résultats de mes exams.

La jeune femme en face de moi souffle.

-Je jette l'éponge pour cette fois, mais je n'en ai pas fini avec toi. Je me fais un devoir de pervertir cette âme bien trop pure à mon goût qui est la tienne, décrète la belle brune.

-Tu ne devrais la laisser t'entraîner sur le chemin de la perdition, retentir une voix grave et sensuelle, que je saurais reconnaître même à l'article de la mort.

Je me retourne et croise son regard bleu si envoûtant et je sens un frisson me parcourir l'échine tandis qu'il se rapproche.

-Parce qu'une fois qu'on l'a emprunté, il est difficile, voire impossible de revenir en arrière, me souffle Cécily à quelques centimètres de moi.

Il se pencha et pris un dossier qui se trouvait sur le bureau de Cassidy, juste derrière moi. Je pouvais sentir son parfum si viril, si masculin m'envahir et me mettre dans un état de transe dans lequel je me retrouve incapable de réfléchir ou même de me mouvoir. Le feu semble courir dans mes veines, embrasant mon bas-ventre. Il tourne les talons et disparaît derrière la porte de son bureau.

Je me retrouve pendant un bon moment à fixer la porte de son bureau, comme si la huitième merveille du monde allait bientôt y faire son apparition. Un raclement de gorge me tire de ma transe et me ramène à la réalité. Je sursaute et essaie de faire comme si de rien n'était, mais le rouge qui me monte aux joues m'enlève toute crédibilité.

Le regard fuyant, j'essaie de rassembler les procès-verbaux que j'étais venu chercher avant que Cassidy et moi n'entamions cette conversation sur les sports extrêmes. Je lui fais un rapide sourire et cours me réfugier dans la petite pièce qui me sert de bureau.

Une fois la porte de mon bureau refermé, je m'y adosse en fermant les yeux.
Il me devient de plus en plus difficile, voire impossible de cacher l'attirance que j'éprouve pour mon patron. Bientôt, tout le cabinet saura que je suis gay et pire, que j'en pince pour Cécily Black.
Un frisson, d'horreur cette fois, me parcourt l'échine. La dernière fois que mon orientation sexuelle s'est sue, les choses, ce sont mal terminés. Et sans ma marraine, Dieu seul sait ce qu'il serait advenu de moi. Les souvenirs refluent et avec eux toute la terreur, la honte et le désespoir que j'avais ressenti à cette époque.

Non ! Plus jamais je ne revivrai ça. Je me devais de garder cet aspect honteux de ma personnalité secrète. Si je ne voulais pas perdre à nouveau tout ce que j'avais, personne ne devait découvrir mon attirance pour les hommes et encore moins pour mon patron.

Je rejette la tête en arrière et ferme les yeux un moment en essayant de me remémorer les paroles de "Volar sin ti" de Andres Suarez que j'affectionne tant. Cette chanson m'aide à m'évader lorsque les souvenirs de cette époque douloureuse me reviennent.
Je jette un coup d'œil à ma montre et vois qu'il est presque l'heure de la pause. Je décide de jeter un dernier coup d'œil à un de nos dossiers en cours.

Des coups frappés à ma porte quelques minutes plus tard, me tire de mon étude.

-Entrez ! Lance-je en retirant mes verres.

La porte s'ouvre sur Cassidy qui entre dans mon bureau.

-C'est l'heure de la pause déjeuner, je t'invite.

Je réfléchis un moment. Je ne suis pas vraiment d'humeur à faire la conversation après les sombres souvenirs qui sont venus me taquiner dans la matinée. Mais depuis plus d'un trimestre que je travaille ici, Cassidy est la seule personne qui ait jamais demandé à faire plus ample connaissance avec moi et, à vrai dire, j'en ai marre d'être tout le temps seul.

-Un instant, je range mon bureau et te rejoins dans le hall.

-D'acc! Je t'attends dans le hall.

Je range mes affaires et prends ma veste et mon téléphone portable. Je me mords la lèvre inférieur, nerveux, tandis que je m'approche d'elle. Le rouge me monte aux joues, je décide de détourner le regard et tombe sur celui Cassidy qui m'attendait devant l'ascenseur. Mon cœur rate un battement devant l'expression énigmatique de son visage. Je sens la peur m'envahis à l'idée qu'elle puisse deviner mes envies inavouables. Je me mords la lèvre inférieur, nerveux, tandis que je m'approche d'elle.

-On y va ? Me dit-elle simplement.

-Oui, on y va, réponds-je en essayant de ne pas fuir son regard.

Je me mets déjà à regretter d'avoir accepté ce déjeuner. Je suis plein d'appréhension sur ce qui pourrait en sortir.
S'il y a une chose dont je suis certain, c'est que notre Belle assistante juridique n'a rien d'une écervelée.

DérapageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant