Dérapage

Famille.

Pdv Cécily.

   C'est en marmonnant un juron, d'un geste rageur, que j'appuie sur le bouton qui me permet de déverrouiller la porte d'entrée. Je ne tarde pas à entendre des bruits de voix dans le petit couloir qui me sert de vestibule, me signifiant l'arrivée prochaine de mes visiteuses dans le grand salon. Je m'arme donc de toute la patience dont je suis capable et me compose un visage impassible en voyant déboulé ma mère suivie de près par "son assistante" dans le salon. Cette dernière vient m'embrasser sur la joue, avant de s'avancer près de la table devant laquelle elle reste immobile pendant que son assistante, Betty, cours débarrasser le canapé des vestiges de notre notre soirée d'hier, à Cecil et à moi.

- Je vous prie d'excuser ce désordre
mère, je ne vous attendais pas....si tôt ! Je m'excuse en aidant Betty à ranger sommairement la pièce.

- Aucune importance, dit-elle en balayant mes mots d'un revers de la main. Tu te doutes bien qu'il est loin de s'agir d'une visite de courtoisie, n'est-ce pas ?

J'imagine que ce n'est pas une coïncidence que ma mère vienne frappé à ma porte le lendemain de ma discussion avec Kate au sujet de notre divorce. Je pensais que la jeune femme me laisserai le soin d'annoncer la nouvelle aux membres de ma famille. Mais puisque c'est fait, autant y faire face maintenant, même si mes nerfs déjà éprouvés par la journée d'hier risquent d'être mis à rude épreuve.

- Je m'en doutes, reponds-je pendant qu'elle prend place dans le canapé d'un mouvement gracieux. Dites-moi mère, que puis-je pour vous ?

Le pli involontaire entre ses sourcils montre à quel point elle est contrarier par la situation.  Je présens de longue minutes de récriminations, de plaintes, de lamentations...et que sais-je encore. Il faut dire que ma mère est très imaginative lorsqu'il s'agit de manipuler son entourage, moi-même je n'y ai pas échappé.

- Betty, sois un ange, et vas voir en cuisine s'il n'y a pas de quoi nous faire des rafraîchissements.» s'adresse ma mère à son assistante avant de se tourner vers moi une fois que celle-ci se soit éloignée.« Je crains Edmond que tu ne doive à nouveau interférer dans la vie de votre frère comme je vous ai demandé de le faire avant son mariage.»

Un soupir de soulagement manque de traverser mes lèvres avant que ma mâchoire ne se crispe en me rendant compte qu'il s'agit de London. Mon frère et moi ne nous sommes pas reparlés depuis notre bagarre. Bien que je travaille assez souvent au Loft dernièrement, pour consacrer plus de temps à Pete et Cecil lorsqu'ils sont de passage, les rares fois où nous nous sommes vus, nous avons faire preuve d'une froide courtoisie, comme si nous étions de parfait étrangers l'un pour l'autre. J'avoue que cette situation me peine énormément, mais je ne sais pas quoi faire pour y remédier.

  Avant, notre relation était assez.... structurer. Chacun avait son rôle et s'y tenait sans se poser de question. Mais avec l'histoire de Javier, de Cecil et Yemi, notre relation fraternelle s'en est retrouvée carrément bouleversé. J'ai l'impression qu'il ne me fait plus assez confiance pour me parler des problèmes qu'il rencontre en ce moment et moi je n'ose lui en parler de peur de me montrer trop intrusif, comme par le passé. Même si je lui ai dit ne pas être son père, London est un peu comme mon fils, et cet éloignement me rends très triste.

- Vous m'entendez, Cecil? Me ramène à moi la voix de ma mère, d'où perce une pointe d'agacement.

Je ne m'étais pas rendu compte que je m'étais perdu dans mes pensées. Mère à horreur qu'on ne lui prête pas attention.

- Excusez moi madame, la nuit à été longue pour moi.

- Soit!» Lâche la brune.« Pour en revenir à votre frère, il semblerait que la negresse qui lui avait jeté le grappin dessus des années plus tôt  soit de retour dans sa vie et cette fois accompagné d'un rejeton qu'elle pense pouvoir faire passé pour le fils de votre frère.» crache-t-elle d'une voix qui ne fait aucun mystère du mépris que lui inspire la jeune femme. « le problème, c'est que votre idiot de frère s'est mis en tête de raconter la vérité sur son histoire avec cette souillon à sa femme et parle même de reconnaître ce rejeton. N'est-ce pas aberrant ?»