baiser sucré et tournant décisif.

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Pdv de Cecily.

   Je passe ma main sur sa nuque et m'empare de ses lèvres, tel un conquérant. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, dû à la montée d'adrénaline que notre échange à causer. Toute prudence m'abandonne, tandis que je me fait plus vorace, presque brutal. Ses lèvres ont un goût sucré qui me fait penser un de ces fruits tropicales, la mangue, que j'affectionne beaucoup. Javier laisse échapper un gémissement gracieux, mais dieu , tellement érotique, que je me sens perdre tout contrôle. Si je ne m'arrête pas là, maintenant, je risque de faire quelque-chose de stupide.

Au prix d'un effort titanesque, je me décide enfin à me détacher de lui. Il me regarde dans le blanc des yeux, essayant de lire en moi. Il doit sûrement se demander ce que je dois penser, appréhender ma réaction. J'avoue que moi-même, je ne sais plus trop comment je devrais réagir.

D'un côté, je sais que je suis en train de risquer gros, à savoir ma vie : tout ce que j'ai construit. Je les connais bien trop pour les avoir une centaine de fois énumérés à London. Kate ne me pardonnera jamais une trahison de ce genre. Et si elle venait à le savoir, ce serait le divorce assuré. D'ailleurs notre petite conversation matinal de la semaine passé qui ne cesse de tourner en boucle dans ma tête, ne laisse aucun doute quant à sa réaction. Pourtant, malgré tout, je ne peux m'empêcher de chercher son regard, d'avoir ce sourire niais qui me barre le visage lorsque je le vois se mordre la lèvre quand il est nerveux ou encore lorsqu'il a une petite attention à mon égard et un tas d'autres petits trucs qui ne me laisse pas indifférent.

- Cecily! M'appelle Javier d'une voix hésitante.

Je rends compte que je m'étais perdu mes pensées. Je scrute son visage où se mélange résignation et tristesse. Je me doute de ce qu'il doit s'imaginer. C'est vrai que ce n'est pas l'idéal de se retrouver perdu dans ses pensées après le baiser que nous venons d'échanger mais, sincèrement, je ne sais pas trop ce que je dois dire ou faire.

- Je crois que je devrais retourner  chez Cassidy, reprend-il face à mon mutisme.

Je hoche la tête et le regarde rebrousser chemin en essayant de faire abstraction de la tristesse de son regard. Chacun de ses pas résonne en moi comme une torture.

  J'ai l'impression que si je le laisse partir, c'est un chapitre qui va se clore avant même d'avoir commencé et cette idée m'est tout simplement impensable. J'ai cette impression de passer à côté de quelque-chose de .... J'essaie de me concentrer sur Kate mais la seule image qui m'apparaît est celle d'un Javier souriant et détendu, devant une part de gâteau au chocolat. Un Javier qui est à ma portée, qui me veut et_je dois le reconnaître_que je veux aussi avec une force qui me surprend moi-même.

   Je suis arrivé à un tournant décisif. À un point où je dois faire un choix face aux options qui s'offrent à moi. La plus raisonnable serait peut-être d'en parler à Kate comme elle me l'a proposé, mais se serait aussi comme lui dire que Javier représente un danger pour notre couple, ce qui n'est absolument pas le cas.

  Je ne suis pas prêt de tomber amoureux de mon stagiaire même s'il ne me laisse pas indifférent. Il ne s'agit que d'une attirance physique qui finira par disparaître après quelques semaines. Une attirance qui grandit que parce-que je lui résiste, je m'en rends compte. Une attirance qui finira certainement par s'étioler dès l'instant que je l'aurais accepté.

«Oui, c'est ça ! Trouves-toi des excuses !» ricanne la petite voix en moi.

«Cesse de te triturer les méninges. Lance-toi et advienne que pourra !», assène t-elle.

Je fait quelques pas en direction de l'immeuble, avant de m'arrêter subitement et de faire demi-tour vers ma voiture en faisant tourner en boucle dans ma tête :

«je ne peux pas faire ça à Kate, à ma famille, à ma vie.» essaie-je de me convaincre.

«Pourquoi tout mélanger ?! Javier est une chose et Kate une autre! Arrête d'être aussi tranché dans tes choix ! De plus ce que l'on ignore ne peux pas nous tuer. Aussi tant que tu ne te fais pas prendre, Kate n' en saura rien et après quelques semaines, tout au plus trois mois, Javier ne sera plus qu'un lointain souvenir, argumente la petite voix.»

Je reste immobile devant ma voiture, hésitant pendant quelques secondes.

«Aller, Cecily !!» M'incite la voix.

- Oh! Et puis, zut! Lancé-je en claquant la portière de la voiture.

Je cours en direction de l'immeuble d'où certains des invités de Cass sortent. J'accélère et rattrape la porte avant qu'elle ne se verrouille. J'entre dans l'immeuble et cours dans le rez-de-chaussée. Je vois Javier qui a le dos tourné vers moi. Il est en pleine conversation téléphonique dans sa langue d'origine et n'a pas encore perçu ma présence. Je peux encore faire machine arrière, rentrer chez moi, mais je n'en fais rien. Ma décision est prise et advienne que pourra.

- Javier! Appelle-je.

Il se retourne immédiatement, les sourcils levés et l'expression stupéfaite.

«Comme il est beau!», ne puisse-je m'empêcher de penser.

Je sens mon cœur tambouriner dans ma poitrine. Mes mains deviennent moites et mon assurance semble avoir pris des vacances. Cela fait longtemps que je ne me suis pas sentit aussi nerveux et peu sûr de moi. D'ailleurs, je ne rappelle pas avoir un jour avoir été dans cet état.

- Tu veux passer la nuit avec moi?

Ces yeux s'agrandissent encore plus devant ma proposition. Il doit s'imaginer...

- C'est pas ce tu pense... Enfin si... mais pas.... Pas de la manière que tu pense, j'essaie de me rattraper en bégayant pitoyablement.

- Calmes-toi  et dis-moi ce que tu as en tête Cécily. Me dit Javier.

Nous scrutons un moment mutuellement. Lui, attendant que je m'exprime plus clairement et moi peinant à trouver les mots adéquates.

- N'est-ce pas ironique ? Finis-je par dire. Toi si maître de toi et moi ayant du mal à trouver les mots. Si on me l'avait dit...

- C'est vrai que c'est assez ironique, avoue l'espagnol, me souriant avec douceur.

Je me perds quelques instants dans ses yeux, avant de reprendre :

-Pour en revenir à ce que je disais plus tôt ; je me demandais si tu voudrais qu'on passe du temps ensemble. Ne vas pas t'imaginer...

- Je ne m'imagine rien! Et oui, je veux bien, me répond-il, doucement.

  «Les dés sont jetés», murmure la petite voix, tandis qu'un énorme sourire barre mon visage.

DérapageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant