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Quand on aime quelqu'un, on a tendance à trop vouloir être parfait. On voit l'autre comme une statue de cire parfaitement taillée que l'on met sur un piédestal, et à partir de ce moment, on est foutu. On est foutu parce qu'inconsciemment, notre confiance s'envole. Nous ne sommes plus sûrs de nous, jusqu'à ne plus réussir à nous affronter du tout. C'est comme si se regarder dans le miroir se résumait à admirer une grande partie de notre échec. Et c'est à cet instant-ci que l'on perd totalement le contrôle. On s'est tellement résolu à être le perdant, à être celui qui aimait tout seul, qu'on en a oublié où puiser notre force. Et nous ne savons plus vraiment qui nous sommes. On tente alors de se retrouver, on se donne tous les moyens pour y parvenir, jusqu'à ce que notre stock de résistance soit épuisé, et qu'on se retrouve sans rien. Mais le plus dur, c'est de réussir à affronter tout ce désastre. Réaliser que nous n'avons plus les cartes en mains, que l'être aimé nous a échappé ; considérer tout le temps que nous avons perdu à nous tester, à devenir cette sorte de statuette espérant ressembler à celle que nous avions en face de nous. Mais c'est trop tard. Celle-ci s'est depuis longtemps brisée, tous comme nos rêves. Cessons de chercher qui nous sommes, de nous fatiguer à courir après ce que l'on ne sera jamais. Parce que s'il y a une chose pire que de ne pas être aimé en retour, c'est bien d'être détesté pour ce que nous ne sommes pas, pour quelqu'un que l'on est devenu à force de se cacher derrière qui nous étions réellement.

Citation (tome 2) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant